Oja et son Street art, sacralisent et désacralisent Catherine Deneuve et autres icônes (Interview)

Oja et son Street art, sacralisent et désacralisent Catherine Deneuve et autres icônes (Interview)

Si vous êtes parisiens ou souvent sur Instagram vous avez sans doute déjà été confronté à son travail de street-artiste passionnée et douée. Elle se fait appeler OJA et a eu la belle idée de réaliser des portraits originaux et colorés de ses admirations avec plein de messages forts et profonds exprimés dans la création. Ses oeuvres sont visibles sur les murs de beaucoup de rues parisiennes. Sa " Catherine Deneuve" très réussie nous a beaucoup plu et nous avons eu envie d’en savoir plus sur cette artiste épatante qui a beaucoup de choses à dire à l’écrit aussi. La Création la plus pertinente est désormais dans la rue. Qu’on se le dise.

1. Bonjour OJA, je suis tombé sur une partie de ton travail artistique de Street Art dans la Marais et j’ai adoré… c’était un joli dessin de Catherine Deneuve fumant une cigarette avec l’inscription « Je ne suis pas un monument ».. sur ton insta tu parles notamment de Désacraliser, sacraliser… quel est donc ce magnifique concept ? Catherine est aimée et détestée… un personnage parfait pour l’Art...

- Ce concept de sacralisation, puis de désacralisation a été initié par l’humanité elle-même. Mes portraits, qui sont aussi des ex-voto, reflètent les contradictions de notre société surmédiatisée et "sur-réseausociabilisée" qui sait mettre une personne sur un piédestal un jour et qui le lendemain la clou au pilori, sans faire la part des choses et parfois même sans chercher réellement à comprendre.
Catherine Deneuve s’est imposée tout de suite, car hormis le fait que je sois une grande fan, c’est "un monument" du cinéma qui justement ne se prend pas pour "un monument", contrairement à l’image qu’elle peut renvoyer. La polémique lors de son soutien à Roman Polanski et sa signature dans la tribune "Le Monde" qui défendait "une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle" en plein mouvement #metoo et #balancetonporc, a fait d’elle un exemple parfait pour illustrer ce concept de sacralisation-désacralisation.

2. Ton Art allie la forme et le fond… c’est un travail à la fois esthétique et intellectuel ?

- Absolument, mes portraits, les graphismes et les textes sont codifiés. Tout est rempli de symboles qui à la fois sont liés à l’histoire de la personnalité et qui retracent les étapes de ma carrière de graphiste. On y retrouve ainsi l’univers de la mode, la féminité, l’illustration, l’imprimerie, la décoration et l’ornementation funéraire.

3. Cette appropriation de la rue, de l’urbain, c’est un vieux rêve le Street Art, c’est le terrain idéal pour s’exprimer, Paris est une immense galerie ouverte ?

- Depuis la Covid et les confinements, Paris est effectivement devenu un immense terrain de jeux pour montrer nos créations et une opportunité d’expression pour tous les artistes de rue, ou d’ailleurs. En cette période difficile, ou l’Art et la culture ne sont plus au cœur de la société, on se réapproprie l’espace urbain pour avoir un sentiment de liberté et pour redonner du sens à nos vies d’artistes.

4. Je le suis laissé dire que d’autres personnages vont suivre CD ; Sophie Fontanel et Ellen Ripley ? Pourquoi elles et quels sont les messages à faire passer cette fois ?

- Le maître-mot de mon projet est "plaisir". J’illustre les femmes que j’aime et qui m’ont interpellé, car il me semble important de les représenter pour des raisons qui me sont propres, mais que les gens ressentent. Je n’aurai donc pas la prétention de vouloir faire passer un message, même si mes portraits sont ornés d’une épitaphe symbolique, représentative de la personnalité. J’aime l’idée que l’interprétation d’une image et le sens soient propres à chacun.

5. Mais qui se cache donc derrière OJA, c’est secret, c’est pour ne pas finir en garde à vue ou payer des amendes urbaines ?

- OJA est simplement le projet street art et un des modes d’expression d’une designer graphique. Je tente de rester libre et de m’amuser, en essayant de ne pas penser aux contraintes et en respectant l’espace urbain.

6. Je te laisse le mot de la fin chère OJA…

- Soyez libres, amusez-vous et faites de l’Art un art de vivre !