CharlElie aime et défend STROMAE

CharlElie aime et défend STROMAE

Stromae, c’est bien ! Et c’est bien, parce que c’est écrit.
Et tant mieux que ça marche. Au milieu de ce brouillard de morosité qui envahit les cœurs désenchantés, au milieu de la tristesse des désespérés asphyxiés par une administration omniprésente et bonnets rouges de colère, ça fait plaisir d’entendre quelqu’un dire des choses simplement, humainement sensiblement comme les gens les pensent sans tomber dans la caricature.

Quelques fois les réussites sont suspectes. N’ont-elles pas été imaginées, voulues construites, financées par des puissances commerciales supérieures, maîtrisant les archétypes et contrôlant les esprits ? Quelques fois le box office ou le top je-ne-sais-quoi, Grammy Awards ou classements divers, semblent vanter les mérites de Pégases démagos qui atteignent le soleil de la gloire, propulsés par des réacteurs artificiels dont la puissance se calcule en proportion des sommes investies dans la communication. Du coup, c’est dans la marginalité qu’on va chercher les esprits libres, ceux qui préservent leur indépendance. Mais, signé sur Island Records (maison de disque que j’ai bien connue) Stromae EST un indépendant. Il se démerde tout seul : il compose ses musiques, il fait ses samples et ses assemblages comme un artiste autonome qui sait où il va. Bien sûr pour ce disque, il a travaillé avec quelques autres musiciens, mais dans tous les cas, c’est lui l’axe. (Par la suite il apprendra aussi à partager. Pour ma part je me réjouis de le faire en ce moment avec Benjamin Biolay, pur plaisir).

Certes il n’est pas le seul à s’autoproduire. Les rigueurs économiques obligent les chanteurs / musiciens à inventer d’autres solutions ; mais à force de solitude et d’isolement, certains perdent le sens de ce qu’ils fabriquent. Quand un type comme Orelsan s’est un peu pris les pieds dans le tapis à force de noirceur provinciale Normande, quand Philippe Katherine se croit l’inventeur de tout, quand certains chantent des textes populistes complaisants, Stromae passe au-dessus des barrières et des clichés. Même si l’on peut déceler quelques empreintes, je ne comprends pas pourquoi les chroniqueurs ont fait référence à Brel ? Stromae n’a pas besoin de référence pour se faire adouber.

Certes Grand Corps Malade et quelques autres slameurs ont aussi sous la plume de belles formules, mais en plus, Stromae chante juste et il fait porter ses pensées par des mélodies populaires qui valent d’être partagées. Il y a une spontanéité maîtrisée dans l’emploi des mots et la manière de les juxtaposer. Ce mec est intelligent. J’avais bien aimé certains titres sur son premier CD, par exemple « Dodo » chanson forte et terrible sur la visite du père dans la chambre d’un enfant, mais la prod et la musique m’ennuyaient un peu ; ça manquait de relief. Sur ce second CD, y a rien à jeter. « Formidable » mérite bien son succès.

Pas de fausse manière ou de sophistication, pas de baratin complaisant, ni d’attitude en prenant la pose, non. Le mec assume et raconte sa vie.

Le son est bon, y a beaucoup d’idées. C’est « varié » dans ce qu’on imagine que veut dire le mot variété : universel. Les chansons compactes sont des sièges à baquet dans lesquels on peut s’installer pour un tour de manège dans le roller coaster de ce début du XXIème siècle quelque part dans une Europe qui a du mal à se voir comme une fédération.
Pour ceux qui s’interrogent, sans hésiter, le dernier disque de Stromae est un super cadeau de fin d’année.

CharlElie.
NY 20XII