Zoophilie : perversion ou excès d’amour pour les animaux ?

Zoophilie : perversion ou excès d'amour pour les animaux ?

Pour beaucoup, l’attraction sexuelle que des êtres humains ont à l’égard d’animaux relève exclusivement de l’ordre de la déviance sexuelle. D’un point de vue essentiellement moraliste, c’est une pratique condamnable moralement et juridiquement et honnie car associée à la « bestialité ». Cependant, les adeptes de cette pratique devenus visibles grâce à Internet, établissent une distinction entre la « bestialité » définie comme « une perversion sexuelle » et la zoophilie, c’est-à- dire « l’attachement excessif pour les animaux ». Alors, bestialité ou affection et amour pour les êtres à quatre pattes ?

« J’ai des relations sexuelles avec mon chien... »

Sur le site « féminin.com », une jeune femme écrit :

« J’ai 25 ans. Depuis plusieurs mois, j’ai régulièrement des relations sexuelles avec mon chien. Au début, c’est moi qui ai commencé à le tripoter. J’ai pris l’habitude de le palper un peu partout, et j’ai finalement fini par toucher son sexe. Je me suis rendue compte qu’en le branlant, il bandait. J’étais moi aussi très excitée, mais au début je n’osais rien faire. Au bout de quelques jours, j’ai finalement décidé de passer à l’acte. Je sais que vous pensez sûrement que c’est dégoutant et que je suis folle. Mais j’ai tellement envie de sexe ! J’en ai marre d’être célibataire. Est-ce que je suis folle ? Est-ce que je dois me faire soigner ? Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Et le bien-être du chien alors ? »

« Non, elle n’est pas folle, répond un internaute. Mais a-elle pensé au pauvre chien ? Il n’aura plus de repères. Que se passera-t-il le jour où elle ramènera son copain chez elle ? Il faut arrêter de penser que l’on fait ce qu’on veut avec les animaux. Eux aussi ont besoin d’avoir des limites, d’être éduqués. Pour ma part, je me fous que la fille prenne son pied avec son chien : chacun son truc. Mais je trouve cela totalement irresponsable par rapport au bien-être de l’animal ».

Pour certain(e)s, avoir des relations sexuelles avec un animal relève de la perversion.

Si l’on se réfère au dictionnaire de psychologie, la zoophilie est définie comme « une perversion sexuelle grave dans laquelle l’animal devient l’objet du désir d’un humain ». A la lumière de cette acception, la zoophilie revêt une connotation négative relevant essentiellement de l’ordre du tabou et de l’interdit puisqu’elle est perçue comme un « vice » voire une « déviance » au même titre que la sodomie ».

Dans un article intitulé « Bestialité : le crime passé sous silence », Carol Adams distingue trois formes de sexualité pratiquées par les humains avec les animaux.

Primo, « la sexualité opportuniste », ou « soupape de sécurité », attitude qui consiste à concevoir un animal comme un moyen d’assouvir ses pulsions sexuelles. Ce qui se traduit par la situation suivante : « ils sont disponibles … il n’y a pas de partenaires dans les parages... je vais le faire avec un animal ». Cette pratique « est souvent considérée comme l’acte occasionnel de jeunes curieux, comme exploration sexuelle plutôt qu’une déviance », ajoute l’auteure.

Secundo, « la sexualité fixative », pratique où « un animal devient l’objet exclusif du désir sexuel d’un humain ». Ceux qui s’adonnent à ce type d’activité sexuelle sont désignés sous le nom de « zoophiles », « un mot emprunté, comble de l’ironie, au milieu de la protection animale », explique Carol Adams.

Tertio, la « sexualité dominatrice », où « des donneurs de coups, des violeurs et des pornographes imposent des relations sexuelles entre un humain et un animal à des fins d’humiliation, d’exploitation, de domination et de contrôle ».

Pour d’autres, il s’agit d’un excès d’amour pour les animaux...

Pour les membres de la « communauté » ZETA dont la mission principale est d’enseigner une distinction définitive entre zoophilie et bestialité par la promotion d’un respect moral dans le traitement des animaux », « un compagnon animal est aussi important que n’importe quel autre ». Les principes fondamentaux qui structurent l’action de ZETA mettent en évidence l’importance d’accorder à l’animal un statut particulier basé essentiellement sur les notions de « respect » réciproque, de « protection », de « satisfaction mutuelle », de prise en compte des « désirs et volontés de l’animal... ». Par ailleurs, ils expriment une volonté de « censurer ceux qui pratiquent et promeuvent l’abus sexuel sur des animaux ».

Le site ZooWiki qui « se veut avant tout une encyclopédie qui s’adresse aux zoophiles avec des informations pratiques - sur – ce qu’on peut faire et ne pas faire » est également destiné « aux non zoophiles désirant en savoir un peu plus sur cette partie de la population assez peu connue, aux anti-zoophiles et aux défenseurs de la cause animale en général ». L’objectif principal des partisans de la zoophilie qui conçoivent leur action comme une « cause » voire « un combat » vise « avant tout à se se faire accepter par la société -afin- que les gens se rendent compte que zoophilie ne rime pas forcement avec violeur et malade mental ».


Que prévoit la législation en France ?

Avant 2004, la zoophilie n’était pas réprimée en France sauf si l’animal faisait l’objet de sévices sexuels. Depuis, la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 « portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité » a intégré la dimension « sexuelle » à l’article 521-1 du Code pénal qui stipule que
« le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves ou de nature sexuelle ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. À titre de peine complémentaire, le tribunal peut interdire la détention d’un animal, à titre définitif ou non ». C’est à ce titre qu’un homme qui a pratiqué la sodomie avec son poney s’est vu condamné à une année de prison avec sursis et à payer une amende de 2000€ assortis d’une interdiction de posséder un animal.

Au Royaume Uni, la loi sur les crimes sexuels de 2003 « interdit la pénétration du vagin ou de l’anus d’un animal vivant par le pénis d’une personne et prohibe également l’introduction du pénis d’un animal vivant dans le vagin ou l’anus d’une personne ». Tout contrevenant est passible d’au moins deux ans de prison.
A titre d’ exemple, en Angleterre, une femme, âgée de 40 ans a été récemment accusée d’avoir eu des relations sexuelles avec son berger allemand. La police aurait trouvé une vidéo dans laquelle elle et son époux ont filmé les ébats qu’elle eus avec son chien.

Au Canada, c’est en vertu de l’article 160(1) du Code Criminel, partie V que la zoophilie qui est assimilée à un acte bestial est interdite. Ainsi, il est clairement stipulé que toute personne qui « commet un acte de bestialité est coupable soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de dix ans, soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire... ».

Aux Etats Unis, chaque état a sa propre loi sur la question. D’une manière générale, plus de la moitié des Etats interdisent la zoophilie. En janvier 2009, l’Etat de Floride a déposé un projet de loi dans le but de renforcer la procédure de condamnation de la zoophilie.

Bien que la zoophilie soit prohibée dans pratiquement tous les pays et condamnée aussi bien par la loi que par l’ordre moral, il semblerait qu’avec l’avènement d’Internet, cette pratique a de plus en plus tendance à faire l’objet d’exploitation pornographique par des « commerçants » du sexe qui mettent en scène des femmes jouant de manière très érotique avec des animaux. 


Petite histoire venue d’ailleurs

Khan ya makan fi kadimi zamane (il était une fois)

Selon la BBC, après avoir été surpris en pleine relation sexuelle avec une chèvre, un berger soudanais s’est vu condamner par le conseil des Sages du village à verser une somme de 15.000 dinars soudanais (45 €) et de garder la chèvre.
"Nous lui avons donné la chèvre et à notre connaissance ils sont toujours ensemble" a déclaré le propriétaire. Une chèvre à l’image d’une épouse ! (BBC News - Disclaimer)