Dès le premier contact Michou m’a invité dans son cabaret pour Le Mague . Fidèle ainsi à lui-même ; à cette aura généreuse qu’il dégage en attirant la sympathie de tous.

Montmartre je t’aime

Arrivé d’Amiens, cet enfant timide ( le croyez vous ?) a « mangé de la vache »…. mais pas longtemps enragée. Courageux il a très rapidement pris à bras le corps Paris et le tout Paris by night , se jetant très vite dans l’aventure comme un super gavroche fondu dans le décor pour mieux le bousculer.

Avec un seul coup de pouce d’Elise Parikat, il saute rapidement de plongeur à directeur d’un petit restaurant. Et encore à la dure : du travail et encore du travail. Et du sommeil : très peu au début … sur une banquette de l’établissement.

Les Strass ne formaient pas encore son lit de Gloire….. mais déjà Montmartre devenait son amour de village, un berceau de célébrité qu’il ne quitterait jamais.

Un météore !

Oui, on peut dire avec bienveillance : Michou a défié le sort . Il s’est lancé dans un spectacle de travestis et à cette époque il ne fallait pas chatouiller la vox populi. S’implanter dans le quartier de Pigalle c’était aussi défier le joug des mafiosi .

En virtuose du contact, il a su s’imposer à tous , communiquer et intéresser en toute candeur. Il me le dit : " j’étais aussi inconscient »

Et tout cela dans un contrepoint de travail acharné qui accompagnait l’affichage de son homosexualité sur fond de spectacle ( Il en fallait des « c…… » …. Monsieur Michou ! )

L’alchimie de la réussite

La volonté , le travail , le courage et l’inconscience se doublaient évidemment d’une grande soif de réussite. Cependant il ne peut décortiquer

complètement cette « explosion » espérée. Une mise sur orbite avait engendré le Roi de la nuit . Peut être l’originalité stupéfiante de cette démarche

Il faut y ajouter l’innovation du spectacle : uniquement des artistes travestis. Michou a aussi inventé la formule du cabaret- spectacle-restaurant. Il a su imposer un haut niveau artistique, se produisant lui même et s’entourant de personnes de qualité.

Une intervention d’Yves Mourousi a sans doute déclenché l’étincelle de cette singulière alchimie.

Mais il avait risqué, étonné, stupéfié et charmé. Gagné, le pari : le bouche à oreille a embrasé Paris et Paris… et le monde !

Il me donne la recette : « pourquoi faire simple quand on peut faire fou, insensé, déraisonnable » : trop tard pour lui donner tord !

Lunettes bleues pour nuits blanches

Le bleu a été choisie depuis longtemps par cet homme .Toujours d’une élégance raffinée, à la ville comme à la scène , notre ami se pare aussi en permanence d’originales lunettes fumées bleues pour compléter sa tenue du même ton.

S’il a su nous en faire voir de toutes les couleurs , il a aussi été qualifié d’Ange Bleu. On peut débattre sur le sexe des anges mais qu’importe, nous aimons cette silhouette de bonne humeur, familière aux parisiens .

Mais il est aussi un Maître qui règne sans conteste sur son cabaret appelé Michou. Il voit tout, pense à tout et donne des directives - parfois tonitruantes : tout pour le ravissement des ses clients – perfection oblige .

Mais ils ne sont pas des clients : il le leur dit : vous êtes mes amis !.Il le prouve aussi : le public s’attache : revient et revient encore .

En outre : chaque mois il invite des personnes âgées en mémoire d’ Elise, sa grand-mère - sentimental notre Vatel.

Champagne !

Michou ne boit que du champagne ou plutôt le déguste. Assis à gauche de la scène avec sa coupe, les « clients » passent devant lui . Charmant, il salue tout le monde ; les dames l’embrassent.

Avant le spectacle il se lève et parcourt les rangées de spectateurs : un mot gentil par ici , une plaisanterie par là. Tout le monde s’amuse

et se diverti en dégustant un repas traditionnel de bonne qualité ; les plats fument, le vin coule .

Spectacle - non pas encore .. Michou intervient sur scène en intro , dialoguant avec le public, présentant ses complices artistes : les Michettes - mais tous des hommes - comme il le précise.

Que la fête commence !

Un spectacle de qualité, on s’y attendait . Une succession très étudiée qui va faire « décoller » la salle . Déjà préparés par Michou, les convives découvrent Grégory, chanteur vedette. Il ouvre le spectacle, charme et double la mise par une vertu d’animation exceptionnelle qui va chauffer à blanc le public.

C’est parti pour nos Michettes . Le corps du spectacle est donc assuré par ces artistes aux grands talents. Le principe étant le travestissement, les séquences sont bien entendu presque intégralement des imitations de femmes célèbres . Tout y passe : de Dalida à Bardot en passant par Piaf , Foly et autres célébrités.

Au delà de la maîtrise technique, fruit d’un travail perfectionniste supervisé par l’œil du Maître, on sent beaucoup d’admiration et de respect pour les « originaux ». Les chiens ne font pas des chats ; n’est ce pas Michou ?

Michou, vous êtes qui ?

Il le sait : un paradoxe vivant, un timide qui se soigne à la Mégalo, accepte la reconnaissance sans fausse honte, en toute simplicité comme un blé nourrissant qu’il a cultivé.

Peut être un mélancolique ; au delà de ces effusions permanentes . Parfois ….à quel inconnu mène la solitude ? les sommets peuvent être désertiques.

Et si Michou n’avait pas réussi ? Vulnérable, il m’en parle : sa notoriété ne l’aurait pas toujours protégé d’un monde souvent sévère voire cruel.

Dalida aussi est présente - sa grande affection - elle sera toujours là me dit il, défiant encore le sort . Et toujours amusant , à un autre moment : « j’avais les mêmes fesses que Brigitte Bardot … »

…. Michou la fête - Michou 50ans de succés - Michou pour toujours ; show must go on !

NDLR : Michou nous aime et il aime à être aimé : il sera sensible à un petit mot gentil de votre part dans « répondre à cet article »