Sandrine Enjalbert aime la Mode, le stylisme et son talent à elle c’est de s’approprier cette thématique de manière percutante, tragi-comique, inquiétante et décalée. Ainsi elle déconstruit notre monde tout en gardant les codes mais offre une vision singulière et plurielle particulièrement percutante, étrange, déstabilisante et belle qui a du sens.
Alors à une captivante distance/proximité, elle se moque de la Société de l’Apparence pour mieux la revisiter avec ses saisissantes approches Freak. Les beautés lisses, interchangeables, acceptables deviennent des beautés uniques, attirantes et repoussantes à la fois.

Des portraits, le plus souvent de femmes. Des femmes de la même famille, en tout cas qui se ressemblent et nous regardent avec souvent le même regard entre nostalgie, douleur, moment suspendu ou quelque chose de parfaitement non-saisissable. Ces femmes, ces êtres sont entre deux mondes, elles sont comme dans un cri muet, elles disent sans dire, elles nous regardent sans peur, nous questionnement sur la superficialité des vies et des fake.

C’est un travail sur l’Unique, la Différence. Sandrine Enjalbert est une passeuse entre deux mondes, deux modes, un monde et une mode. Elle peint le visible et l’invisible dans une vision qu’elle exprime avec rapidité et délivrance pour produire encore et encore, enfin quand elle l’a décidé. Il y a un jaillissement, une Catharsis. Les Créations d’Enjalbert font du bien à la peintre et sont utiles pour nous. Elles dont du bien à la Peinture également.

C’est une œuvre qui ne peut et ne doit pas faire l’unanimité mais qui donne du sens, nous parle avec justesse et mystères depuis des temps immémoriaux au find fond de son cortex. Nous sommes en face de l’intime, celle d’une artiste pudique dans la vie mais très généreuse et à nue dans ses tableaux.

Sandrine Enjalbert impose, « hypnose » un univers hors norme, violent, beau, cruel et essentiel entre la conscience lucide et la folie créative qui n’est pas vaine. On est dans une critique acerbe, on est dans une approche sans concession(s) délivrée du désir de plaire où la mort et l’ultra-sensibilité rodent. Ce n’est ni facile, ni enfantin, ni naïf, ni brut, c’est entier, maîtrisé, puissant et drôle, jamais cynique. C’est une vraie voix de femme pas comme les autres. C’est un hymne à la différence, c’est une spectacle extraordinaire, simple, vrai, atypique, anormal qui frise une excellence, l’excellence de sa vision qui n’appartient qu’à elle et qu’il ne nous reste qu’à apprécier à sa juste valeur.

Exposition Sandrine ENJALBERT, Fric ord FREAK du 18 novembre au 9 décembre 2022. Galerie Frédéric Roulette, Paris 8.