Documentaire : "Les voies de L’Ashram" d’Alex Guerrier.

Documentaire : "Les voies de L'Ashram" d'Alex Guerrier.

Alex Guerrier, jeune réalisateur tourangeau, audacieux, dynamique et aventureux, à la recherche de nouveaux espaces est parti un mois au Népal dans le but ambitieux d’en faire un documentaire personnel, profond et unique et force est de constater que le pari est réussi. "La voie de l’Ashram" est vraiment un beau document video, où l’on voyage depuis son salon dans un dépaysement total et vraiment enrichissant. J’ai voulu en savoir plus en posant quelques questions au réalisateur !

1.Bonjour Alex Guerrier tu es le réalisateur et acteur de « La voie de l’Ashram » un documentaire de 20 minutes tourné au Népal . Comment est né ce projet fou et participatif ?

Bonjour Frédéric Vignale.
Ce projet de film est né après une grande période de chômage et de remise en question. Je voulais voyager, mais je voulais faire d’une pierre deux coups, et me la jouer à la « J’irais dormir chez vous ». Le choix du Népal c’est fait de façon inattendue, tout d’abord parce que j’ai entendu mon père parler de Kathmandu toute mon enfance, mais aussi parce que le voisin allait bénévolement dans un ashram népalais la moitié de chaque année bénévolement. Etant dans l’audiovisuel, j’ai fait tout un dossier de production et je l’ai envoyé à nombre de société de productions, sans réponse. N’ayant pas assez de deniers pour pouvoir financer ce voyage tout seul, j’ai donc proposé la réalisation d’un documentaire et des souvenirs en échange de participations financières. Beaucoup d’amis ont pensé que c’était une bonne idée pour moi et m’ont beaucoup aidé, ainsi que ma famille, comprenant qu’il y avait une autre quête sous-jacente, celle de suivre les traces de feu-mon-papa en Asie.

2. Comment as-tu rencontré ces deux types géniaux qui sont les deux belles rencontres de ce voyage ?

Pour le premier, Ramchandra, je l’ai rencontré en Touraine quelques mois avant mon départ. Il faisait une tournée des partenaires de l’Ashram en Europe avec la danseuse Laxmi. C’est a cette occasion que je lui ai proposé la réalisation d’un documentaire dans son Ashram.
En ce qui concerne Claude, alias Brahama, c’est directement a l’ashram que je l’ai rencontré. Il est arrivé le lendemain de mon arrivée, et j’ai tout de suite été scotché par son charisme, sa façon de parler et sa sagesse. J’ai passé tout le reste du séjour à ses cotés, et ai réussi à avoir l’itw, mais ce n’était pas gagné, il préférait que ces discussions restent pour moi uniquement.

3. C’est un travail très personnel et très didactique car on apprend des choses mais ça reste léger, humain et simple, c’était ça le concept ?

Le concept à complètement évolué entre le dossier envoyé aux sociétés de production et le résultat final, car j’ai décidé de narrer uniquement ce que je voyais et ce qui me paraissait indispensable. Je devais en effet au début faire un reportage uniquement porté sur les enfants, mais je me suis heurté a la barrière du langage, de maitrisant pas le Népalais, et ne voulant pas passer par un intermédiaire adulte de l’ashram. Et puis en tombant malade, cela a fait remonter en moi de vieilles angoisses et questionnement existentiels que j’ai voulu explorer. Je suis content que tu trouves que c’est léger, humain et simple, car pour moi ce documentaire est au contraire très lourd et personnel. Je me livre comme je ne me livre jamais dans ma vie quotidienne. Voila pourquoi c’est seulement trois ans après que « j’ose » livrer ce temoignage personnel, mais qui pourrait je l’espère répondre aux questions d’autres humains.

4. Les pires clichés que tu avais sur le Népal avant de partir ?

Aucun ! J’essaye, partout ou je vais, d’être le maximum vierge de tous préjugés.
Aller, si, pour être honnête, j’avais peur d’être devant une pauvreté terrible. Et en fait, comme partout dans le monde, un système de classe existe (la bas ce sont les castes), et la richesse est conservée par les élites. Mais comme beaucoup de Népalais me l’ont fait remarquer, la richesse n’est pas dans les portes monnaies, mais dans les cœurs, les mentalités et les paysages.

5. Quel est le meilleur souvenir de ce périple ?

Le meilleur souvenir de ce périple reste pour moi l’invitation à passer la journée avec la famille Népalaise, non loin de l’ashram. J’étais encore un peu barbouillé de l’avion et du changement, et leur bonhomie, leurs bras ouverts et la simplicité de leur accueil m’ont touché droit au cœur. Je suis encore en contact aujourd’hui avec une partie de cette famille, avec qui on échange régulièrement via les réseaux sociaux.

6. Combien ça coute un tel projet ?

Il faut déjà compter un billet d’avion aller-retour pour le Népal, environ 500€, puis le mois de logement sur place dans l’ashram, pour le même prix. Nous arrivons donc au millier d’euros, juste en voyage et logement. Ensuite il faut prévoir les excursions, sorties, un pourcentage de tout l’argent de coté pour les taux de retrait ; et enfin un petit pécule d’urgence, « si jamais ». Cela nous amène à environ 1500€ pour un mois. Finalement, j’ai utilisé tout cet argent en 15 jours, car j’ai du utiliser mon pécule de secours et une partie du budget logement pour me rapatrier.

7. Y’a t’il un Avant et Après ce voyage ?

Je crois que c’est LE voyage qui m’a laissé le plus cette impression d’avant/après.
J’avais voyagé en Europe, dans les antilles et jusqu’au Pôle Nord, mais dans des endroits qu’on pourrait qualifier de « pays du nord ».
Là je me suis exposé à la plus terrible des pauvreté, similaire à la vie des bidonvilles autours de Paris, mais sans aucune aide existante mis à part celle, rare, des institutions religieuses. Mais le système de caste étant toujours actifs, les vaches sont plus sacrées que les intouchables…

Il y a aussi le rapport à la mort, qui m’a le plus marqué, avec une acceptation de la mortalité bien plus mis en avant qu’en Europe, notamment par la croyance en la réincarnation, qui les libère d’un poids moral, mais qui peut choquer les plus sensibles (moi !).
Je suis donc revenu avec une petite distance intellectuelle vis-à-vis de tous ce que l’on considère acquis : la mort, la religion, la spiritualité, la morale, les valeurs humaines.

8. Je te laisse le mot de la fin cher Alex !

Que dire… Voyagez. Mettez vous dans des situations d’inconfort pour apprendre à vous connaitre vous-même. Les paroles de Brahama sont je pense la meilleure leçon que l’ont peut tirer de ce documentaire.
J’en ai bavé comme jamais en allant là-bas. Chaque jour était un combat contre moi-même, contre mon attirance pour le confort, la feignantise intellectuelle. Je n’aia jamais eu l’occasion de me remettre autant en question qu’en allant la bas, et au final cela m’a fait beaucoup de bien. Ca remet les pieds sur Terre, ca permet d’entendre et de comprendre des points de vue complètement aux antipodes des notres. Ca met une claque. Ca fait grandir. Ca fait murir.
Ca rend un peu plus sage.

Voir le documentaire en entier : https://www.youtube.com/watch?v=2xrNQob7GZs&feature=youtu.be&fbclid=IwAR2sXQfu2h7loClIH3-WIHI6uXa1fJFinRqU3A46pyETLomaMEmZqP3Sgos