LE CABARET TA MERE

LE CABARET TA MERE

Sept comédiens sur scène et un en sus pour un numéro ouvert, le tout dans un cabaret transgenre, pardon trans-identitaire, musical, théâtral, expérimental, drôle, émouvant, délirant, référentiel, dérangeant, décalé, audacieux, étonnant, bordélique, rythmé et enrichissant. C’est très beau à regarder et ça a du fond. Il y a cette idée d’un exposé libre sur le thème des combats pour le féminisme, contre le sexisme, les clichés et toute cette intolérance en général au sein de ces sujets-là.

Les tableaux s’enchaînent, jubilatoires, sexy, surprenants, virevoltants sous la belle direction artistique de Mathilde Bourbin.

La belle idée c’est que les comédiens jouent leur propre rôle, se sont à l’écriture inspirés de leurs propres vies et caractères. Du coup c’est puissant, c’est juste, c’est du sur-mesure, fatalement et ça fonctionne bien.

L’art est l’écrin idéal, le théâtre et le cabaret encore plus pour évoquer en musique, en pas de danse et en dialogues ces thèmes qui touchent au fondement même de nos rapports humains.
Le cabaret était l’éloge permanent des différences, il est très plaisant de voir Mathilde nous parler religion à travers une délicieuse papesse couillue et lumineuse, Alice tord le cou aux clichés sur l’apparence et la beauté, Sophie est plus féministe que jamais avec une belle force de caractère, Nathalie prend fait et cause, comme une professeur émérite les thèmes de l’éducation et de la maternité, Florian n’est pas celui qu’on croit, il n’est pas qu’un barbu costaud et poilu, il a la danse dans la peau et David philosophe sur l’identité sexuelle avec beaucoup de subtilités.

Il y a de belles idées de mise en scène, de belles trouvailles, tout est très esthétique sans jamais être esthétisant, c’est sensuel mais ce n’est jamais vulgaire, c’est généreux, ouvert et c’est un hymne permanent au travail d’équipe, à la synergie positive. Il y a aussi cette idée de montrer les coulisses, le background, tout le monde vit ensemble, chante, danse, s’habille, se déshabille et parle, s’interroge beaucoup sur le monde et ses comportements , et ça c’est bien.

Forcément inégal mais foisonnant, il y a des moments brillants, précieux qui parlent à notre propre histoire, forcément. L’histoire, les histoires de ces trentenaires touchent une universalité. Il y a une grade bienveillance global dans ce projet, beaucoup d’échanges, beaucoup de bonne volonté et l’envie d’un monde plus égalitaire, plus ouvert, plus tolérant, ou hommes et femmes sont de la même manière concernés par le féminisme et les satellites de réflexion(s) qui gravitent autour.

Chaque comédien apporte sa pierre à l’édifice, au show haut en couleurs. Florian Bayoux est particulièrement touchant et bluffant quand il dit un peu les choses avec sa bouche et continue de s’exprimer avec son corps qui danse frénétiquement sous la musique de Dirty Dancing.
Mathilde Bourbin est tout à fait époustouflante avec son beau corps de théâtre, ses longues jambes fuselés et son jeu lumineux. Sophie Jarmouni est très crédible et convaincante avec son jeu bonhomme et généreux. Pierre-Emmanuel Parlato est beau comme un camion, charismatique à souhait. Nathalie Bernas apporte sa belle plastique, son sérieux, son charme et sa densité dans un rôle qui exprime bien les tenants et les aboutissants du sujet avec une grande justesse de ton. David Maison est un monsieur loyal épatant qui porte fort bien les hauts talons et Alice Mesnil est percutante, étonnante, surprenante dans ses transformations physiques et sa belle présence scénique.

Il y a à boire et à manger dans ce cabaret philosophe et érudit, on s’attache vraiment à tous les personnages même si d’aucuns et c’est la loi d’un groupe tirent bien leur épingle du jeu, c’est le cas vraiment de Mathilde Bourbin qui, sans faire injure à ses collègues, est la révélation de cette pièce même si répétons-le personne de ce groupe ne démérite.

Une bien belle équipe qu’on a bien l’intention de défendre et de vous conseiller pour une soirée pas comme les autres, une sorte de débat sociologique dégénéré dans le bon sens du terme, allez les applaudir, vous en ressortirez nourri d’une force nouvelle et certainement d’une ouverture d’esprit accrue.

CABARET TA MERE avec Florian Baroux, Nathalie Bernas, Mathilde Bourbin, Sophie Jarmouni, David Maison, Alice Mesnil, Pierre-Emmanuel Parlato. http://www.billetreduc.com/194182/evt.htm