Portrait de Nadia Dupuis

Portrait de Nadia Dupuis

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant.

Nadia Dupuis est née à Montauban (France), ville natale de Jean-Auguste-Dominique Ingres, le peintre qui adorait le violon. Elle est libre et engagée et surtout Press and Information officer auprès de l’Union Européenne à Rabat. Dans le rêve, elle était ailleurs, dans cet ailleurs jamais atteint, dans ce lieu perdu entre rêve et réalité, entre fantasme et concrétisation d’un désir. Entre fascination et horreur. Là, dans le rêve, Nadia Dupuis était où elle désirait être. J’étais assis sur un trône en carton, pourpres impériales, couvertes de petites abeilles, tunique blanche pure, couronne de laurier en plastique et collier d’aigle rappelant vaguement l’Empire romain et le passé carolingien, bref j’étais là en Napoléon 1er. Elle était à ma droite, debout face à l’immense miroir oval, elle porte sa tête dans les mains à la façon d’un Saint-Denis qui, à peine décapité, s’est levé, a pris sa tête dans ses bras et a parcouru à pied toute la distance qui le séparait du lieu où il souhaitait se faire enterrer. Un peu étrange ce film, vous ne trouvez pas, Nadia ? Mélanger les époques, pourquoi pas, mais je ne vois pas le lien entre ce saint céphalophore et cet empereur de pacotille. Que faisons-nous dans cette galère anachronique, chère Nadia ? Elle ne me répond pas, et pour cause, la tête n’était plus connectée au corps. Dans le miroir par contre, elle était en bonne place et je voyais ses lèvres bouger comme si elle me parlait mais je n’entendais rien. Serais-je devenu sourd ? Faut-il toujours avoir sa tête à la bonne place pour être heureux ? Moi, je prends trop souvent les choses à cœur. Le malheur est parfois si réconfortant qu’on s’en invente de toutes pièces ! D’un coup, je vois Nadia en Saint-Denis remettre sa tête en place tout en s’approchant du trône. J’ai l’impression que l’équipe du film nous a oublié. On ferait mieux de rentrer. Votre Empire n’a été qu’un rêve et cette distance parcourue pour me faire enterrer qu’une chimère. On entendait du bruit dans la pièce d’à côté. Je me débarrasse de tous mes vêtements de cirque, de ce pagne coloré de femme africaine [1], et je me dirige vers une porte métallique. Venez Nadia, j’habite ici, entre deux décors de films. On entre, une famille nombreuse assise devant la télévision nous ignore. On entre, Nadia me dit Vous vivez ici ? Avec ces gens ? Mais ça ne vous ressemble pas du tout, Patrick Lowie, je pensais que vous habitiez dans un endroit luxueux, comme tous les écrivains. Non, mais vous ne pouvez pas rester ici. Je vais m’occuper de vous. Elle dévisse sa tête, la reprend dans ses bras, sort de la pièce et marche vers Rome. Je prends un mégaphone et alors qu’elle est déjà loin, je lui lance : Rome n’est peut-être pas la meilleure destination ! Marchez vers Koreïtem vers le temple « des Hauts de la Colline » ou vers les mennonites de Montevideo ou vers Mapuetos mais marchez marchez ! Et merci pour tout !

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