Paco, le partageur suisse de polars, romans noirs et thrillers…

Paco, le partageur suisse de polars, romans noirs et thrillers…

Paco est un blogueur sachant bloguer le plaisir de partager son amour de l’art littéraire au noir. J’ai voulu connaitre les ressorts qu’il tirait de ses lectures à les coucher sur son écran. Quelles étaient les évolutions de cette littérature libre et subversive O combien toujours inventive. Avec ses personnages qui nous touchent et ne nous laissent pas indifférents et ses auteurs au féminin comme au masculin qui ont laissé leurs empruntes dans nos esprits ! Que d’enthousiasme du côté de la Suisse….. !

Le Mague : Comment est né ton blog et pour quelle raison ?

Paco : Durant le mois d’avril 2011, j’ai décidé de créer un blog sur les romans, mais pour une raison un peu particulière. Mon père, qui lit énormément, me demandait souvent ce que j’avais d’intéressant à lire. Depuis ce jour-là, je chronique absolument tous les romans qui me passent sous la main aimés ou non. Soit des critiques complètes, objectives, toujours avec une petite analyse. Je tente de faire ressortir les éléments qui me paraissent importants, ce que l’auteur cherche à transmettre au lecteur, les incohérences éventuelles, sans toutefois dévoiler quoi que ce soit. Et bien entendu cela m’a permis d’atteindre mon principal but qui est de partager cette passion et ainsi d’en faire profiter pas mal de monde, en diffusant mes chroniques que j’estime assez pertinentes. Vous pouvez également retrouver quelques interviews d’auteurs, des échanges enrichissants avec des personnes passionnées et captivantes.

Le Mague : Quelles sont selon toi le ou les différences entre les trois catégories : polar / roman noir et thriller qui qualifient ton blog ?

Paco : A mon avis, il n’y a pas une grande différence ! D’ailleurs, pour certains romans, difficile de trouver un genre bien précis. On retrouve souvent du noir dans le polar, du polar dans le thriller, et je pourrais continuer comme ça encore longtemps. Mais s’il faut trouver une vraie définition à ces genres, je dirais que le roman noir reflète le mieux, à mon sens, les problèmes et déviances de notre société actuelle. Ce genre d’auteur appuie souvent là où ça fait mal et sa liberté de manœuvre est sans limite. Le côté psychologique de ce genre littéraire me plaît, me convient et m’apporte quelque chose. Ensuite, pour le polar, je dirais que c’est le genre de romans où l’on retrouve des flics, des enquêtes, des médecins légistes, la police scientifique et les recherches d’éléments et de preuves. Et je suis très critique concernant ce genre-là. Je déteste par-exemple les auteurs de polars qui se servent de coïncidences totalement débiles, absurdes et peu probables pour tenter de s’en sortir dans leur intrigue ! Pour moi, pas de place au hasard, il faut que cela se tienne. C’est valable pour les techniques policières qui ne me sont pas vraiment étrangères… Concernant le thriller, il faut encore rajouter de la peur, de l’angoisse, une tension constante, soit de se faire un réel souci pour le ou les personnages qui évoluent dans le roman !

Le Mague : Quels sont tes critères de choix dans tes lectures ?

Paco : j’y vais parfois au feeling, ou alors je reste fidèle à certains auteurs ou encore je me fais conseiller par des personnes, des maisons d’éditions qui connaissent mes goûts. J’adore aussi les œuvres dans lesquelles on retrouve le même héro, tel que Harry Bosch de Connelly, ou encore Kurt Wallander du magnifique Henning Mankell. Pour moi, la recette d’un bon polar doit avoir les ingrédients suivants : des personnages « vivants et profonds ». Je suis très exigeant quant aux personnages d’un roman ! Il faut également une intrigue qui sorte des sentiers battus. Pas facile tu vas me dire, mais être écrivain c’est ça : concevoir, inventer, construire et surprendre. Pour citer un exemple, j’estime que Franck Thilliez, en tant qu’architecte de romans, nous construit des œuvres monumentales au niveau de l’intrigue. Un ingrédient de base encore, c’est l’exactitude des procédures policières. Un bon écrivain de polars, c’est celui qui a passé de longs moments dans le milieu, qui s’est imprégné de l’atmosphère et qui s’est documenté un maximum. Sur ce point, je cite Frédérique Molay, qui a remporté le prix du Quai des Orfèvres en 2007 avec son roman « La 7ème femme ». Un dernier point, c’est évidemment la qualité de l’écriture, pour les dialogues, les descriptions et j’en passe. Tout un Art !

JPEG - 35.4 ko

Le Mague : Quels sont les auteur(e)s d’hier et d’aujourd’hui qui te mettent en effervescence et pourquoi ?

Paco : Je pourrais te citer beaucoup d’auteurs qui me procurent une vive agitation ! Mais allez, je vais t’en donner un d’aujourd’hui et un de hier ou d’avant-hier quand même ! Pour le contemporain, sans hésiter le romancier Franck Thilliez. Ses romans, qui se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires, font ressurgir nos angoisses les plus enfouies, l’auteur joue méchamment avec nos nerfs avec une certaine délectation. Cet ancien ingénieur en nouvelles technologies est très adroit et précis quand il s’agit de fournir des détails au niveau scientifique. Il ne ménage absolument pas le lecteur et l’embarque avec une tension crescendo vers un dénouement psychologiquement effroyable, souvent une intrigue qui dépasse l’entendement. Je me suis entretenu avec cet écrivain pour mon blog. L’échange est surprenant. Je vous conseille d’y jeter un œil ! http://passion-romans.over-blog.com/article-franck-thilliez-l-interview-86244319.html
Pour les auteurs de hier (ou avant !), je citerais Agatha Christie ! J’ai découvert la lecture avec ses romans. Mon préféré : « Les dix petits nègres ». J’estime que ses intrigues sont à couper le souffle.

Le Mague : Peut-on tout y dire sur la société ou si tu préfères, le roman noir garde-t-il toujours une fonction subversive ?

Paco : Une fonction subversive ? J’espère bien que oui ! Pour moi, c’est le point essentiel d’un roman noir. L’auteur de romans noirs doit pouvoir en toute liberté s’exprimer sur les dérives de la société ainsi que les personnes qui la constituent. Il y a souvent, justement, une bonne part de provocation dans de tels récits et c’est tant mieux ! Il faudrait plutôt poser la question à un auteur de romans noirs, mais je pense qu’il peut effectivement tout dire, enfin, je l’espère ! Si vous ne le connaissez pas encore, je vous conseille de découvrir l’écrivain Joseph Incardona. C’est le genre d’auteur qui ne fait pas dans la demi-mesure… Son dernier roman « Trash Circus », que j’ai chroniqué sur mon blog, suscite bien des émois dans la critique.

Le Mague : La Suisse est un pays très riche d’au moins trois cultures, sans compter les dialectes. En France on connait et apprécie particulièrement Jean Ziegler franc-tireur militant. Quand est-il du polar helvète, est-ce qu’il fait mouche lui aussi et touche-t-il les points sensibles ?

Paco : Malheureusement et honte à moi, je n’ai lu que très peu de romans suisses. Je t’ai parlé avant de Joseph Incardona, auteur de romans très noirs, qui est « en partie » suisse. Je sais qu’un polar étonnant a été écrit par Jean-Jacques Fiechter, né à Lausanne et édité en 1994. Il a été récompensé par le Grand Prix de littérature policière. Je crois même qu’une adaptation a été faite pour le cinéma. Tiens je vais le lire et je te redonnerai des nouvelles ! Nous avons également Martin Suter, suisse-alémanique, qui a écrit d’excellents romans (traduits en français je te rassure), notamment « Small World », qui a reçu quelques prix. Un roman émouvant qui parle de la perte de la mémoire, de la recherche d’identité et la déchéance. Concernant Jean Ziegler, je reconnais qu’il a écrit des œuvres pour le moins pertinentes. J’ai un peu plus de peine avec le personnage même…

Le Mague : Constates-tu une évolution dans cette littérature ?

Paco : Je dirais oui pour les polars, car les techniques et les procédures de police, les méthodes scientifiques pour élucider un crime évoluent continuellement. Pour un polar c’est pareil, du moins si l’auteur est bon et consciencieux ! Pour les romans noirs je dirais oui aussi. La société, ses problèmes, ses aberrations changent continuellement. Le roman noir doit suivre indubitablement. S’il ne suit pas l’actualité, l’évolution, la lecture va être ennuyeuse et sans intérêt, non ?

Le Mague : Qu’est-ce que serait le polar parfait ?

Paco : une intrigue qui me surprenne à mort, une enquête impeccable, juste, réelle, bref, qui tienne la route au niveau technique et tactique de police, des personnages qui me surprennent autant que l’intrigue, et un dénouement qui m’achève ! Avec, bien entendu, un style d’écriture qui suit le reste.

Le Mague : Qu’as-tu pensé de la trilogie suédoise « Millenium » ?

Paco : j’ai adoré. L’esprit de vengeance est purement magnifique… Comme je te l’ai dit avant, j’attache une importance capitale aux personnages. Dans ce roman, j’en ai eu pour mon compte. J’ai également regardé à la TV les adaptations suédoises qui, pour une fois, étaient (presque) à la hauteur des romans. Par contre la « Millenium-mania » qui s’en est suivie… No comment.

JPEG - 60.7 ko

Le Mague : Quelle sont selon toi les figures féminines actuelles marquantes et quelles différences fondamentales avec leurs confrères dans leurs écritures et thématiques remarques-tu ?

Paco : Pour moi, aucune différence ! Je peux te citer Frédérique Molay, une femme qui écrit des polars comme je les aime ! Son dernier roman vient d’être édité aux éditions Fayard noir, « Déjeuner sous l’herbe ». Il met en scène pour la 3ème fois le commissaire Nico Sirsky ! Encore un héros récurrent... Frédérique Molay s’est imprégnée du 36 quai des Orfèvres, des différentes institutions qui entrent en ligne de compte dans un polar, avant d’écrire ses romans, et cela se remarque ! Que cela soit un homme ou une femme qui écrit, peu importe ; c’est le résultat qui compte non ? Pour écrire du très noir, parfois, il n’y a pas mieux qu’une femme…

Le Mague : Quel est ton lectorat et comment réagit-il à tes articles ?

Paco : des amis, des collègues, des blogueurs, des auteurs, et surtout plein d’inconnus qui réagissent à mes articles et qui permettent ainsi de débattre sur le sujet. C’est cela qui me branche : partager ! Certains ne sont pas d’accord avec moi, d’autres approuvent totalement. Et ce qui me touche particulièrement, c’est lorsqu’on me dit que mes articles sont très complets, précieux pour se forger un avis et bien construits. Ben… Moi je leur dis merci !
Sinon, par le biais du blog, j’ai la chance d’effectuer de nombreux partenariats avec des maisons d’éditions, et de faire connaissance avec de sympathiques auteurs !

Le Mague : Quelles relations entretiens-tu avec tes collègues bloggeuses et bloggeurs de littérature au noir ?

Paco : une excellente relation ! D’ailleurs, à ce propos, je profite de te parler d’un truc qui me tiens à cœur. Avec d’autres chroniqueuses et chroniqueurs, rassemblés sur un blog animé par le romancier Jacques Teissier, nous sommes en train d’organiser un prix du polar 2012 (sur des romans publiés en 2011). Je donne le lien : http://unpolar.hautetfort.com/
Et si vous allez en bas du site, sur la gauche, vous trouverez la rubrique « prix 2012 des chroniqueurs de un polar-collectif ». C’est un challenge magnifique pour nous ! On verra jusqu’où cela nous mènera. Sinon, le principe de cette communauté est de rassembler nos chroniques et d’en parler. C’est juste magnifique !

JPEG - 103 ko

Le Mague : Pour finir, peux-tu confier aux lectrices et lecteurs du Mague ton souhait le plus cher au sujet de ton blog ?

Paco : il est déjà réalisé Franck, et oui ! Mon but principal était de partager ma passion. Donc… que demander de plus ! Merci pour cet échange, Franck. J’invite toutes les lectrices et tous les lecteurs du Mague à venir faire une petite visite sur mon blog. Peut-être même à s’inscrire à la newsletters afin d’être averti de mes nouveaux articles ! Le monde de la littérature est un régal, ne nous privons pas !