LES OREILLES ROUGE : enfance à claques !

LES OREILLES ROUGE : enfance à claques !

Sale môme ! À ne pas obéir ! À faire que des bêtises ! À se faire moquer à l’école, ou par un membre de la famille. Mal né, mal logé, des parents indignes ou presque … mais si il a des oreilles rouge, ce n’est pas à force de recevoir autant de claque, il est comme ça le gamin : con et avec des oreilles de la taille de celle du prince Charles. Non, l’enfance n’est pas facile, surtout pour ce garçon qui pourrait être celui qui le dessine. Plongeon dans une éducation très spéciale, avec ses dérives, ses absurdités, et ses claques ! La torgnole vécue par Reiser !

C’est une nouvelle édition, une occasion de découvrir, ou redécouvrir comment Reiser voit l’enfance dans la misère sociale, le temps où l’Europe n’a même pas pensé encore à interdire les sévices corporelles comme la fessée. C’est le parcours d’un enfant, peut être est ce Reiser lui-même, trimbalé de sa véritable famille, à des tas d’autres car parfois il est laissé à l’abandon, mais vu son caractère dans les limites du supportable : il pète à table, fait des dessins de ses parents et des femmes dans des poses pornographique, obsédé par le nombril de sa maîtresse, réclame tout le temps, devient difficile à table. Tout le monde le frappe. Il n’a rien pour lui. Dès sa naissance, il est pauvre. Pauvre de ne pas pouvoir sortir aussi facilement au moment de l’accouchement, il a fallut le rapiécer. Ses oreilles sont tellement grandes que le photomaton ne lui suffit pas pour avoir une photo d’identité. Ses oreilles le distinguent déjà suffisamment des autres. Les oreilles rouges, c’est la conséquences éducative quand un enfant se fait attraper par ses parents, ou alors quand il a une émotion face à une bêtise.
Les oreilles rouges peuvent s’attraper tout le temps !

Reiser dresse le parcours d’un enfant dont toutes les difficultés du monde se dresse face à lui par l’intermédiaire d’une grosse baffe, et le résultat : des oreilles rouge ! Un défaut physique, un handicap, c’est la dure vie d’un enfant face aux adultes qui se démènent pour bien l’élever, bien se tenir à table et manger, suivre les conseils d’un tonton cambrioleur tout en étant un parfait alibi. Les oreilles rouges, c’est un drame éducatif tourné à la dérision, comme c’est si bien faire Reiser, autodidacte du dessin, avec un trait à la plume qu’il ne ferme pas, laisse couler le plus le gros de l’encre sur quelques parties d’un corps, sans couleur, il exprime le rouge avec ses fameux obliques, ici les oreilles, comme sur le bout du nez pour les poivrots, les joues pour la colère ou la honte. Le dessin n’a pas besoin d’être complet, le mouvement est élargie, comme on peut le voir sur la couverture de « Les oreilles rouges », sur le geste d’une grosse claque , qui de la joue, empiète même dans l’album, et nombre de ses illustrations de Hara Kiri à Charlie Hebdo, pleine face. Reiser a fait de ce petit garçon un souffre douleur social et de mauvaise éducation, à dénoncer les parents à l’assistance publique, à la police. Ce livre est une marque dans la société, aujourd’hui encore, ce genre de garçon existe, votre adolescent qui ne grandit pas des masses, et qui a des fantasmes sexuels à chaque fois qu’il regarde par la porte entre-ouverte de votre chambre, ou sur la professeur de pathétiques. On le croise tout les jours ce souffre douleur, et de son enfance à maintenant, il en porte encore la trace, et on en rit, comme Reiser.
Les oreilles rouges, c’est le livre à ne pas mettre dans les mains des pédopsychiatres qui pensent à ce jour que « Huguette et Raymond » de la série « Scènes de ménages » sont nuisibles aux enfants, ni à ceux qui sont contre la fessée, mais ceux qui savent rire de leurs gamins en pleine mutation, surtout du coté des oreilles !
Reiser est un éternel talent, nous pouvons tous rougir de nos oreilles !

LES OREILLES ROUGES / Reiser / Glénat