BDNag ! L’aventure du 1er magazine BD 100% numérique !

BDNag ! L'aventure du 1er magazine BD 100% numérique !

Numérique et Bande dessinée ! Enfin une alliance 100% à tenir dans une main et à balayer d’un doigt les pages. BDNag débarque sur l’AppStore. Le e-strip a enfin son magazine ! Le défi est relevé pour ce support de lecture du 21ième siècle. Le petit écran tactile ! La Bande dessinée prend une touche du bout du doigt.

Le livre numérique rend froid autant les éditeurs que certains auteurs, des problèmes de droits, de vente, de pourcentage sur la vente … pourtant certaines BD passent plus par l’interactivité d’une tablette, d’un téléphone, à partir d’un simple scan, ou un logiciel reader, comme la MARVEL aux USA, qui exploite largement cette idée, aujourd’hui sur les supports de téléphonie et tablettes connues.
Depuis les premières expérimentations de la bande dessinée sur le net tels @Fluidz et Coconino World, le site personnel d’un dessinateur avec des projets fous : Hislaire, ou encore Melaka et Capucine sous forme de cadavre exquis, Lewis Trondheim et ses gags aléatoire, le site de Spirou, du Psikopat avec ses jeux déjantés, donnaient le ton de l’approche du multimédia. Quand la bande dessinée se lit en dehors des mains, elle s’anime, se flashe, et aujourd’hui devient application, se télécharge, la nouvelle lecture poursuit son court.
BDNAG vient de naître, jeune application pour un nouveau magazine, mené par un dessinateur qui n’a jamais eu peur de toucher à l’ordinateur, et a mené l’interactivité via le réseau social Facebook pour son album « Primal Zone » : Pierre Yves GABRION se lance dans l’épopée du 21ième siècle de la bande dessinée. Interview.

1. Pierre Yves Gabrion, utiliser l’ordinateur ne vous est pas totalement étranger. Vous avez été un des premiers à coloriser un album avec « paint » ou « photoshop », et à utiliser un logiciel comme Flash pour l’étonnante série « Sport City » (Good for you ! ) pour @Fluidz. L’application est venue naturellement ? Racontez nous votre parcours avec la technologie tant rejetée au départ et sur-utilisée à ce jour ?

Etre un "précurseur" n’est jamais facile, mais si… tentant. Quand on est un créateur curieux, il est forcément passionnant d’aller à la découverte de nouveaux outils ou de nouvelles frontières à repousser dans son propre domaine. L’art n’est qu’un éternel renouvellement de formes et s’intéresser aux possibilités techniques proposées par son époque me semble tout à fait naturel et évident, voire nécessaire pour la pérennité d’un genre.
La BD ne peut échapper à cette règle sous peine, un jour de disparaître ou au mieux de se « ghettoïser ».
Mes débuts dans le monde informatique remontent à 1994... déjà de la préhistoire ! Premier Mac boosté à 8Mo de RAM (aujourd’hui, je travaille avec 2Giga de RAM) et premières colorisations en niveaux de gris avec Photoshop 3 pour l’album Shekawati (Vents d’Ouest), livrées page par page sur disquettes individuelles... Ensuite, toujours un petit coup d’avance technologique chez mes autres éditeurs successifs avec cette même sempiternelle défiance de leur part quant à mes idées « farfelues ». Avec le recul, je crois qu’elles arrivaient trop tôt... Le plus drôle, c’est qu’aujourd’hui, elles sont devenues des normes de fabrication chez tout le monde. Ainsi va la vie !

2. Nouvelle méthode, nouveau dessin, aujourd’hui on regarde une image autrement, on la zoome, la tourne, la trie, une contrainte de travail nouvelle, un défi pour vous en plus ?

Simplement un nouveau défi à relever et j’adore ça !

3. Est ce qu’on pourra aller plus que le strip de 3 cases ?

Chargez le BD Nag et vous avez la réponse.

4. Des albums comme « 3’ »’ et « Julien & Roem » sont passé à cette interactivité, tout est possible, à tous les niveaux de lecture ?

Tout est possible, car c’est un nouveau genre de BD à part entière qui en train d’émerger. Et donc TOUT reste à inventer, à découvrir, à tester, à expérimenter...

5. Aucun regret de l’utilisation d’un vrai pinceau à la main, du bon vieux crayon bien taillé, du critérium, de la gomme ? On numérise tout le matériel !

Pour ma part, je suis passé au zéro papier total depuis déjà 3 ans, mais ce n’est pas une obligation, c’est seulement plus pratique. Je vais directement du numérique vers le numérique, comme avant j’allais du papier vers le papier. Et puis comme le disait si bien mon grand-père : Ce n’est pas la canne qui fait le pêcheur.

6. Comment se déroule pour vous, la mise en scène d’une image sachant tout ce qui semble possible en lecture sur une tablette (ou netbook etc... ) ?

Il faut tenter de « penser autrement » et c’est bien ça le plus difficile. On se trouve dans un mode narratif totalement nouveau dont il faut inventer la grammaire et trouver le bon mélange entre BD, cinema d’animation et jeu interactif... vaste programme.

7. La publication numérique semble connaître un sérieux ralenti entre éditeurs et auteurs dans la Bande dessinée, avec une université à Angoulême l’été dernier qui n’a rien apporté de plus, finalement vous semblez être un irréductible gaulois, et la preuve que ça peut marcher !

Les éditeurs sont toujours prudents par nature, ce sont avant tout des gestionnaires qui subissent la pression de leurs actionnaires et qui pensent avant tout à la bonne santé financière de leur entreprise. Faire de la recherche et développement dans ce monde inconnu où aucun modèle économique n’a encore fait ses preuves, ne les incite pas à l’audace. De plus, le numérique n’est pas leur cœur de métier. Ils en ont peur et préfèrent adopter une posture défensive tout comme l’ont fait les Majors en musique... depuis, ces derniers ont perdu le match. Il devraient méditer cela. En attendant, nous leur disons merci, car ils nous laissent le champ libre.

8. Le papier c’est fini ou on le garde pour les nostalgiques avec une éventuelle publication de ce qui est sur un écran pour attirer ces lecteurs légèrement hostiles à la tablette et le plaisir d’une dédicace en festival ?

Dans ce monde fou qui bouge à toute allure, on ne peut jamais dire jamais, ni avoir de quelconques certitudes. La seule évidence est que plus rien ne sera comme avant et qu’il faut être prêt à s’adapter en permanence à ce qui est en train de se passer avec l’arrivée en force des tablettes qui, comme les premiers Iphones sont regardées comme des gadgets chers et inutiles... pour l’instant.

9. BDNag pourrait revoir une renaissance de cette fabuleuse animation « Sport City » (it’s good For Youuuu) ? L’animation « flash » ou vidéo peut intervenir dans le magazine ?

Peut-être ou peut-être pas ! On veut rester dans l’aspect BD avec une véritable maîtrise de son propre temps de lecture, sans tomber dans une sorte de dessin animé du « pauvre ». Mais là aussi, aucune certitude.

10. Est ce difficile d’appréhender la gratuité pour une application ?

Il faut tenter de se projeter à moyen terme, même si c’est quasi impossible, au vu l’incertitude qui règne dans le domaine de la BD numérique. Mais l’exemple de la presse quotidienne d’information gratuite financée par la publicité reste notre référence. Seul le succès public (l’audimat des chargements) nous permettra de poursuivre l’expérience. On a de quoi tenir 1 an, après on verra.

11. Comment se déroule la rémunération des auteurs ?

Voir la réponse précédente ! C’est de l’autoproduction totale. Même notre partenaire technique (Emedion) joue le jeu et ne se fait pas payer. Nous sommes tous des utopistes mais nous croyons en la force de notre projet et au futur de la BD numérique de création.

12. Et la « 3D » relief, sans lunette ?!

J’ai déjà quelques idées sur lesquelles les développeurs d’ Emedion travaillent. Et ce sera sans lunettes ! Mais chuut ! On tient à garder notre longueur d’avance... je peux seulement dire que là aussi, il faut « penser autrement ».

13. Pour une version pour ceux qui n’ont pas de tablette ou le téléphone portable adapté ?!

Vaste débat. Ce n’est pas envisageable pour l’instant et pour 2 (de) bonnes raisons :
1- Le marché Androïd est trop chaotique et non structuré, au contraire d’Apple
2- Le coût du développement pour une application spécifique pour chaque marque d’appareil est incompatible avec notre maigre budget.

Nous sommes des utopistes réalistes, on commence petits, on verra bien ensuite, qui sait ?

14. BDNAG s’adresse à un public jeunesse, car plus accrocheur pour télécharger le magazine même avec l’accord des parents ?

Ce public n’a surtout aucun à priori vis-à-vis de la lecture sur écrans. C’est le futur et puis, faire rêver des enfants, c’est tout de même une sacrée belle ambition, non ?

15. Quels sont et seront d’ici les prochains numéros, les dessinateurs/dessinatrices et séries à suivre ?

Dans le BD Nag 2, un jeune dessinateur (Mills) qui vit et travaille dans le dessin animé à Los Angeles. Et puis d’autres, encore en attente, mais intéressés par notre démarche et qui accepteraient de prendre le risque de l’indépendance et des vaches maigres.

16. Le jour où Angoulême récompensera enfin la publication numérique comme pour les Will Eisner Awards ?!

Ce serait amusant, mais ça c’est vraiment de l’utopie.

17. Allez ! Avouez ! Il y aura bien quelques séries qui aboutiront à un livre à tenir entre les mains avec plein de pages ?!

Pourquoi pas, mais ce n’est pas notre priorité. Car, penser en permanence à une éventuelle édition papier en parallèle parasiterait notre capacité à l’innovation... et il y a tant à découvrir dans ce nouveau genre. De l’audace, toujours de l’audace ! L’avenir est devant, pas derrière !

18. Ta prochaine vision de la bande dessinée ?!

Des niches de marché, comme on dit en marketing. De très beaux livres, à l’ancienne, en couleurs directes, luxueux et avec un savoir-faire graphique et narratif irréprochables. Des effets-mode (en ce moment, les blogs). Des collections-concepts. Et des reprises à l’américaine (auteurs multiples) sur de grandes séries déjà bien installées et donc rassurantes pour tout le monde.
Pour le reste, la surproduction actuelle d’un album cartonné et cher, pour une BD de « consommation » vite lue, vite oubliée n ’a plus d’avenir. Soit ils viendront nous rejoindre dans une édition numérique directe à bas coût, soit ils disparaîtront définitivement...
Rendez-vous dans 5 ans... on verra bien si une fois de plus, j’avais vu juste. J’en prends le risque ! (rires)

BDNAG / collectif mené par Gabrion / application gratuite pour tablettes et téléphones Apple )