Qu’un sang impur abreuve les sillons du roman de John Steelwood …….

Qu'un sang impur abreuve les sillons du roman de John Steelwood …….

Vous saviez vous, que suite à un traumatisme physique, votre sang pouvait s’altérer et déblatérer sur d’autres terrains inconnus, quitte à transformer toutes vos sensations dans votre vie quotidienne ? Bastien le héros de « L’homme de sang » va perdre tous ses repères et perturber ses deux meilleurs amis d’enfance. Quant en plus, lorsque ses sens se dérèglent, l’amante se défigure sous d’autres angles. Premier roman publié par un jeune auteur avec ses défauts bien naturels qui n’altèrent en rien le plaisir de lire et d’aller jusqu’au bout du mystérieux Bastien, héros malgré lui. A suivre….

John Steelwood a la consonance d’un blaze qui rime avec la forêt de Sherwood. Sans qu’il soit à mon avis adepte des héros à la Robin des Bois, mais plutôt des super-héros zombies qui turbinent à l’essence gore si j’en crois son blog et son face de bouc : http://johnsteelwood.wordpress.com/ et http://www.facebook.com/#!/Johnsteelwood. L’univers fantastique en littérature coule dans ses veines. Il faut que ça saigne ! Les zombies n’ont qu’à se le tenir pour dit !

"Je me nomme John Steelwood et je suis un pseudo. Je suis né en 1991, mais je suis plus âgé, car je ne suis qu’un succédané d’humain. Celui qui m’a créé préfère se cacher dans l’ombre et observer le monde. Il m’a laissé cette tâche d’écrire des histoires horrifiques, des récits où trembler ne suffit pas pour calmer ses peurs. Armé de ma hache, je débite les corps dans mes histoires, je raconte la vie telle qu’elle est, cruelle, sans pitié et souvent, l’impossible surgit pour saisir le lecteur aux épaules et l’entraîner dans les geôles de l’enfer.
Je vénère Lovecraft et King, j’aime me délecter des écrits de Barker et de Koontz et je n’ouvre jamais un livre de Musso – trop peur. Que dire de plus sur moi si ce n’est que j’écris tous les jours. J’écris depuis longtemps, et je continuerai tant que mes mains le permettront.
"

Plus étonnant encore de la part d’un membre de la gente des auteurs, contrairement à la plupart de ses condisciples qui sont par trop attachés à leur nombril, ce dernier aime échanger de concert avec d’autres en collectif au sein des « Fossoyeurs de rêves  ». C’est fantastique cet esprit d’ouverture si rare !

Tout môme, il est tombé dans les comics. Toutes ses références lui frisent ses influences. Il m’est pourtant très difficile de cerner « Lhomme de sang  », premier opus de la vie de Bastien son présent héros. Très loin descendant de « La vie de Brian  » des chers Monty Python, certes !
Le topo, un trio d’amis d’enfance tournent électrons libres autour d’une Catherine alcoolo passée maîtresse adultérine. Pas tellement en ce qui concerne Paul, le tombeur de ces dames qui se pâme et cachetonne ses élixirs en pilules pour se donner de la contenance à son inexistence. C’est surtout Bastien tombé en amour dans les bras de la belle, qui ne sait comment annoncer à ses risques et périls son trouble auprès du colérique Julien, l’officiel de la donzelle !
« Plus que Catherine ? Bastien en doute pourtant, des Catherine, il en existe des centaines, mais pas comme Catherine Beaumont, belle brune, les yeux en amande d’un vert émeraude, et surtout elle le comprend, elle ne fait pas semblant avec lui. Bastien se dit qu’au final une mâchoire en deux morceaux vaut bien le sacrifice de poursuivre sa vie avec son âme sœur  ». (page 6)

Alors, simple vaudeville à l’eau de rose des amours difficiles ou toute autre énigme ? La seconde hypothèse m’est plus jouasse. D’autant que John Steelwood ne boit pas l’encre au goulot mais préfère que le sang pisse à flot dans ses pages. Et puis, retour au titre du roman « L’homme de sang », avec un bon conseil en substance : si dans votre immeuble un savant fou a installé son laboratoire, trop tard, fuyez ! Sinon gare aux péripéties d’un Bastien qui va devoir se faire du mauvais sang sur son état de santé en transformation, suite justement à l’explosion du labo à l’étage au-dessus.

« Il se concentre sur sa main droite, les picotements s’accumulent alors dans le creux de son poing. Je peux ressentir le plus infime courant dans mon corps. Il lève alors cette main devant lui, la paume dirigée vers le plafond ; ses doigts sont crispés et forment un réceptacle comme pour soutenir une balle de tennis ». (page 78)

Texte bien troussé, haletant, quoique encore serti de sentimentalisme qui annihile parfois l’action des personnages à trop se gausser le moi. Et pourtant, John, s’il le souhaite, sait muer ses héros quand ils doivent se bouger la bile pour survivre. A part cette légère déclinaison critique que je mettrai sur le compte de son premier roman publié. J’attends le second opus de la vie de Bastien en métamorphose de ses capacités physiques à se régénérer, histoire aussi de voir dans quelle direction sanguinaire va nous entrainer John et son super héros. Lui qui s’est penché depuis quelques années sur le phénomène vampirique, chic chic alors, la question reste ouverte. C’est tout l’intérêt de briser ce mystère et saillir le suspense dans nos veines écarlates qui se dilatent dans l’effroi.

« L’homme de sang » n’est pas un homme de marbre à ce qu’il lui arrive, pas plus que nous autres lectrices et lecteurs. Les 106 pages du roman se lisent à l’aise et sans courbatures à l’échine qui se décline en sueurs froides.

L’homme de sang de John Steelwood, 106 pages, éditions Kirographaires, février 2012, 17, 95 euros