Debriefing d’après OSCARS 2012

Debriefing d'après OSCARS 2012

La 84 ème cérémonie des OSCARS 2012 avait lieu au KODAK Théâtre de Los Angeles. Ca fait un peu cliché dit comme ça mais c’est la réalité. Kodak a fait faillite mais le Théâtre reste et c’est un bien bel endroit pour ce genre de soirée artistico-mondaine.
Dès le tapis rouge on a compris, "The Artist" est dans toutes les conversations. "Jan Doujardine" est sur toutes les lèvres. George Clooney lucide le dit sans hésiter "On va passer une soirée Française". Bingo George.
Paris et la France sont partout dans les thématiques. Dans "Hugo", dans "Midnight in Paris", dans "Cat in Paris" dans "Puss in Boots" et beaucoup d’autres films. Les américains sont fascinés par notre Histoire. Faut dire que la leur est moins riche.

Le Cinéma d’hier récompensé aujourd’hui
Le spectacle dans la salle est parfaitement minuté et la mécanique bien huilée. Billy Cristal est drôle, poil à gratter et efficace. Il sonne juste, il dit bien, il est un grand pro, le maître de cérémonie idéal.

La performance du "Cirque du Soleil" est tout simplement époustouflante. Du jamais vu, grandiose, magnifique et parfaitement dans le thème du Cinéma... et de "The Artist". Le point culminant de la soirée, artistiquement parlant. Mais il s’agit du Cinéma d’hier, celui de la nostalgie pas celui d’aujourd’hui....

Les Oscar récompensent des trucs qu’on connaît même pas chez nous, les effets visuels, la chanson du film. C’est très enrichissant.

Les Oscars c’est pas comme les César en France, y’a pas de flottement, on sait déjà à l’avance qui va gagner. Tous les sketches fontg référence à ’The Artist"’, tout tourne autour du long métrage Franco-américain.

Finalement tout cela est d’une logique implaquable. "The Artist" ne pouvait pas perdre à Hollywood. C’est un film fait aux USA, qui flatte l’histoire du cinéma américain, lui rend hommage avec talent et intelligence. Un OVNI qui ne met pas en péril ni le système américain ni l’ego de Brad Pitt et George Clooney.
Ils auront d’autres Prix. "The Artist" c’est autre chose, c’est un one Shot.

"Yes fuck great Thanks ", Jean Dujardin

The Artist récolte 5 Prix mérités et tout à fait logique dans la mécanique du Cinéma américain. Plus de 90 pour cent du casting est américain, The Artist est un produit officiellement français qui a une âme et une structure américaine. L’aubaine.

"Hugo" gagne 5 Prix plutôt techniques mais à cette cérémonie-là personne ne peut rivaliser avec "The Artist".
Jean Dujardin offre une image à la fois touchante, humble et complètement idéale de la France pour les américains. Il ressemble physiquement à un vieil acteur américain, ne parle pas un mot d’anglais et a une sorte de naïveté décalée qui le rend sympathique. Il est le copain français parfait. pas dérangeant et maladroit. Il est une sorte de caricature de l’acteur français gentil, gaffeur et rigolo juste ce qu’il faut.

On souffre avec lui chaque fois qu’il ouvre la bouche. Qu’il ait eu des Prix à l’étranger pour un rôle muet n’est pas un hasard, c’est l’allégorie d’une impuissance, l’impossibilité de faire autres chose que des mimiques, des grimaces, des gesticulations. Cela montre une France incapable de faire l’effort d’apprendre une langue, une France qui est larguée au niveau du langage international.

Hommages aux Morts

L’hommage aux Morts aux OSCARS est sublimement émouvant, classe et digne. Des artistes chantent en direct pendant que défilent les photos des disparus et on n’oublie pas Annie Girardot. Superbe et émouvant.

Sacha Cohen Baron Cohen fait de la fausse provocation autorisée par l’Académie, c’est pas super drôle mais ça donne une ambiance de fête de Canarval presque sympathique. Il s’est déguisé en Dictacteur (son prochain film) et s’amuse à singer Mouhamar Kadhafi avec deux jolies gardes du corps dévouées.

Thomas Langman et Harvey Weinstein sont les grands gagnants de la soirée, ils ont été malins, ils ont été des communicants et des business man hors pair. Ils ont orchestrés une Victoire, profité de la cinéphilie américaine sincère de Michel Hazanavicius pour en faire une machine à gagner, une machine à notoriété, une investiment d’image rentable. Personne ne perdra d’argent dans cette affaire.

"Preuve que le français est vraiment aimé à l’étranger. Quand il ferme sa gueule."

Tout cela est passionnant. Il faut analyser le triomphe de "The Artist", il est plein d’enseignements pour tout Producteur qui voudra réussir dans le Cinéma. C’est un cas d’école.
L’Art vient après, c’est un film de bon élève docile et respectueux mais ça manque peut-être un peu de génie et surtout de créativité.
On reste dans un très beau thème d’imitation mais sans aucune idées nouvelles... et un Art qui n’a pas d’idées nouvelles, c’est un Art qui se meurt.
Il faudra explorer d’autres pistes pour Jean Dujardin et Michel Hazanavicius pour marquer vraiment la mémoire du Cinéma...

Quant à Bérénice Béjo, elle a porté une robe verte et ça lui a porté la Poisse. Elle repart bredouille.

ps : Max von Sydow méritait une récompense à la fois pour sa prestation dans "Extremement fort et incroyablement près" et l’ensemble de sa carrière. On est vraiment déçus de cet oubli de la part des professionnels américains.