DADDY : Jésus n’est pas mort, et papa ne répond pas.

DADDY : Jésus n'est pas mort, et papa ne répond pas.

Ici bas, c’est le chaos, la pauvreté est à son état la plus anarchique, drogue et violence détruisent les hommes. Alors que l’on croyait le fils de Dieu mort, cloué sur la croix, Jésus est parmi nous, il cogne tout ceux qui ne respecte pas l’amour de son prochain. Le haut père ne répond plus à l’appel du fils.
Une histoire sous haute tension, où la lumière n’est plus, place aux ténèbres.

Rouge, comme le sang et le feu, les deux se mélangent dans cette vision apocalyptique. Sombre et satanique. Même la police ne peut plus rien faire, tout se dégrade, les immeubles, la foie, la religion, l’amour...la haine est à chaque coin de mauvaises rues. Violence d’une drogue, d’une baston, d’armes en tout genre.
Jésus est sur Terre, pas sur la croix, enterré dans un immense tombeau, ça c’est l’histoire que fait circuler l’Église Catholique, le Vatican avec son Pape.
Le rejeton du saint père a le physique d’un biker, l’estomac bien avant, les muscles saillants, le poing lourd, la chaussure bien remplie. Il a toutefois un handicap : Jésus est aveugle. Sa canne blanche, sur ses épaules, à beugler la bon chemin, c’est un étrange petit homme, portant la coiffe d’un bouffon de roi, il ressemblerait presque au diable.
Jusqu’à présent, Jésus marche sans fin, sans trop savoir où aller, ou faire. Apporter la paix et l’amour ?! Le monde tourne à la désolation. Le miracle marche toujours, il peut sauver des bébés d’un immeuble en flamme, là où des pompiers ne peuvent plus intervenir. Il ressort intact, sans une brûlure.
Il guérit même, autrefois les lépreux, cette fois, les enfants handicapés d’un orphelinat tenu par des sœurs. Mais Jésus sait tendre, non pas la joue, mais le poing ! Les dealers du péché se font excommunier à coup de barre en fer, à coup de poings, de gros godillots militaire. Explosion de crânes. Violence totale. Jésus ne pardonne pas à cette mauvaise graine. Pas de rédemption possible. Tout en chemin, au fil de ces extrêmes violentes de la vie, le fils appelle son père, en vain, pour que tout ce sang cesse de couler, mais rien, aucune réponse, Dieu l’a laissé tombé ou il est sourd.
Le Vatican devrait pouvoir apporter des réponses à Jésus … mais sa présence va amener à un autre plan plus diabolique des occupants du lieu saint.

Daddy, c’est une forme de post Évangile, Jésus is not dead. Mais comme la foule le croit mort, le chaos s’installe, le Vatican se préoccupe plus de savoir où se trouve le fils de Dieu.
Matthias Schulteiss nous dévoile ses planches en couleurs directe, il peint avec force, brutalité, le pinceau à la fois sec, ou légèrement humide, traces de chiffon, de couteau, des teintes enflammées, tout un univers qui prend feu, rien ne tient debout, tout est prêt à s’effondrer , sur certains passage, comme au feutre fin, l’artiste rajoute des dessins enfantins, des gribouillis, des traits qui se rajoute par-dessus, comme pour illustrer à nouveau une action, une seconde trace.
Jésus est représenté comme un homme difforme, il ne tient pas debout, il porte sur ses larges épaules le poids de l’humanité, et celui de son pilote, un nain tout aussi rabougrit de part sa taille, son visage proche du bulldog, lui aussi chancelle à chaque pas. Les visages sont meurtris, en cris, en douleur permanente, celui du Pape au Vatican est buriné, des lignes de sang, tel un monstre, amaigrit, affaiblit.
Dans le texte, l’auteur fait surtout parler Jésus, comme Don Quichotte qui parle à des moulins à vent, le fis de Dieu parle à son père en regardant au ciel, lui montrant sa souffrance, son état physique et mental, dérangé, perturbé, à se poser la question de sa présence ici-bas. Il essaie de trouver une foie en son géniteur, mais rien à faire, rien à foutre le papa de son rejeton. Le petit diable figure de Sancho Pansa essaye de le mettre plus à terre à terre, de faire ses éventuels miracles, sauver quelques vies, éviter de trop les bastons.
L’existence de Dieu en doute, Jésus se rend au Vatican, il veut casser cette image de lui, cloué avec un pagne sur la croix. Putain ! Mais ce n’était pas marrant pour lui ! Et en plus il s’en est sorti ! Aujourd’hui tout le monde l’a laissé tomber, comme son père. Sa seule compagnie acceptable c’est le petit nabot qui lui sert de cannes, à lui hurler dessus, bien assis sur les larges épaules... comme on dirige un mulet. Voilà, Jésus devient un âne bâté qu’il faut penser à nourrir.
Jésus veut juste des nouvelles de son père, un signe, quelque chose, sinon il va finir par le mettre en doute .. et le Vatican n’est pas prêt à l’aider !
Vision apocalyptique d’un homme qui fut cloué, soit disant ressuscité , et plus rien, on ne veut pas l’écouter, il souffre encore et encore. À travers les flammes de l’enfer, il est encore là … sans être un survivant. Il passe à travers la destruction et la désolation. La souffrance n’a pas finie de fournir de la douleur, c’est la nouvelle drogue, la foie en l’illicite pour chercher la mort dans une bagarre au détour d’une ruelle, dans une impasse, dans une bâtisse pas vraiment solide, et tout ça pour certains croyants, sous le couvert du nom de Dieu.

Ce one-shot est provocateur, avec un graphisme saisissant, direct, tes couleurs sont la force, la douleur, la destruction. C’est un dialogue de sourd entre Jésus l’aveugle, et au physique atrophié. C’est à peine si il peut marcher debout tout seul. L’équilibre lui vient de ce curieux petit diablotin, coiffé d’un chapeau de bouffon du roi. Ballade pas très évangélique dans l’enfer et le chaos d’une religion menée à sa propre destruction au nom de Dieu. Daddy, où est tu ? Ne répond plus.

DADDY / Matthias Schulteiss (dessin, couleur directe et scénario ) / Glénat