« L’ART D’AIMER A MARSEILLE », OU BIENVENUE CHEZ UN FADA

« L'ART D'AIMER A MARSEILLE », OU BIENVENUE CHEZ UN FADA

Après « Bienvenue chez les Ch’tis » de Dany Boon, voici « L’art d’aimer à Marseille » de Frédéric Vignale. Le premier a mis en scène, non sans une pointe d’humour, la vie des gens du Nord, alors que le second vient de décider de réaliser un film, à partir du livre de Henri-Frédéric Blanc, en nous montrant la vie d’un fada de Marseille, avec certains clichés restés bien ancrés dans l’imaginaire collectif et de nombreux rires en perspective !

L’acteur principal, du film de Vignale, est un certain Serge Scotto qui est le fil conducteur de cette œuvre cinématographique. On suit l’évolution du beau Serge dans les différentes étapes de sa vie de glandeur et de gros dragueur misogyne, dont la devise inavouable reste plutôt primaire.
Serge, qui est une véritable et étonnante révélation pour le 7ème Art, campe le rôle ingrat de « Fredo le Fada », lequel se charge d’apprendre l’art de la drague à un type sans expérience des femmes, tout en lui avouant que l’amour est une tartine de déconfiture.

Il y a, dans l’œil du réalisateur Frédéric Vignale, une haute interprétation du roman de Henri-Frédéric Blanc, avec une fraîcheur et une candeur presque « Pagnolesques ». Vignale rend beaux et attachants, des personnages du roman qui ne le seraient pas, du fait de leurs comportements parfois abjectes.

Bien plus qu’un film, on se demande à certains moments si on ne regarde pas un documentaire, voire un reportage sur la vie des gens du Sud. La poésie semble même aller se loger, toute proportion gardée, dans la présence d’une fiente de pigeon sur un pare-brise douteux d’une épave tout droit sortie de la casse automobile.

La caméra nous révèle qu’à Marseille on prend le temps de tout, d’aimer et de détester ou bien de vivre comme de mourir.
Comme pour les gens du Nord, il faut parfois décoder le langage chantant et coloré des gens du Sud où le Pastis remplace la bière et la soupe au pistou la frite fricadelle. Les filles sont des « cailles » et les cochonneries deviennent des « cochoncetés ».

Dans cet art d’aimer à Marseille, on rencontre un Avocat magnifique qui défend toutes les causes, même celle du Pastis et de Fredo. Une fille légère, idiote et mal embouchée, croit même entendre parler d’éléphant nazi, en lieu et place d’éléphant d’Asie.
Un parrain de la mafia, plus vrai que nature, risque bien d’en surprendre certains.

Et notre Fredo continue, inlassablement de dispenser ses conseils de grand séducteur, sous des intonations dignes de l’inspecteur Bérurier, dans un San Antonio salace de Frédéric Dard.

Derrière cette farce provençale, il y a des pointes d’accent à la Fernandel ou à la Raimu, un humour grinçant, décalé et parfois morbide, qui sent bon le thym et la lavande, la garrigue et le vrai Pastis de Marseille, un univers qui oscille entre l‘arrière pays et le Vieux-Port, sans oublier un petit clin d’œil à l’O.M.

Aux côtés de Serge Scotto, on retrouve la comédienne et actrice Nathalie Tétrel, ainsi que d’illustres inconnus qui ont tous une « gueule » formidable pour faire du cinéma. Quant à la belle Sophie Garagnon, elle est aussi appétissante qu’une fougasse tiède et comme le dirait si bien Fredo le Fada : « Que dire de son cul, sinon qu’il est parfait ».

Le plus surprenant est la présence d’invités, connus et reconnus, à la belle personnalité et dont on aurait jamais pu imaginer, un instant, qu’ils participeraient à ce film aussi beau que tout simple.

Frédéric Vignale possède une façon de filmer bien à lui, une poésie et un univers qui correspondent bien à son côté indiscipliné et rebelle. On le voit apparaître quelques secondes dans son film, comme savait si bien le faire Alfred Hitchcock.

Un premier long métrage excellent qui devrait faire un carton, dès sa prochaine sortie en salle. Un film dont on parlera longtemps.


L’Art d’aimer à Marseille, le Clip