SPÉCIAL DRUILLET : Salammbô et Flaubert entrent dans la science fiction !

SPÉCIAL DRUILLET : Salammbô et Flaubert entrent dans la science fiction !

Deux albums : L’intégrale dans une nouvelle édition, luxe, de SALAMMBÔ , et SALAMMBÔ : les nus (avec les textes de Flaubert) , Druillet est à l’honneur. Personne n’a oublié cet opéra cosmique, cette science fiction rock’n’roll, l’échange « heavy metal » et « métal Hurlant » dans les années 70 , tout cela renaît des cendres, comme un objet unique, inédit, comme numérisé, mais sans retouche, une peinture et des dessins d’une grande force, un chef d’œuvre inoubliable, tracé dans le patrimoine intergalactique ! Salammbô, femme tragique, et puissante, attirante revient pour notre plaisir. Flaubert et Druillet, un duo qui en a surpris plus d’un, reste encore à séduire ceux du 21ième siècle.

1978. SALAMMBÖ a été publié pendant les belles années Rock & métal de la bande dessinée, celles de « Métal Hurlant », où la science fiction fait un grand bond en avant en France, avec un échange permanent avec les américains (de Heavy Metal). C’est sous l’impulsion et un pari extraordinaire lancé par Philippe Koechlin (journaliste à Rock & Folk) , que le projet est lancé, Druillet n’est pas trop séduit, mais à la relecture, le charme opère, l’artiste a sa vision et sa transposition d’un monde datée de 3 siècles avant Jésus Christ. Le livre de Flaubert va devenir un opéra cosmique, un drame de Science Fiction, avec ses batailles, ses conquêtes, le duel de deux hommes pour une femme plus qu’un territoire, avec des armées sous leurs commandements, des créatures puissantes, des vaisseaux géants, des hommes hybrides, comme une recréation d’un monde d’avant, qui renaît dans le futur.

Une nouvelle étoile est en approche, comme une voix vers une galaxie, une planète inconnue. Sloane sent une présence qui le hante, il veut aller plus loin, la vision d’une femme, belle, pure, attirante. Il veut en faire sa femme à tout prix. Il se passe un millénaire, il l’a presque oublié, mais elle revient ! Personne ne l’avait vraiment vue. Mais le Tigre, le sang, il n’a pas oublié Salammbô ! Il la veut ! Qui t’a en mourir ! Dès qu’il approche, celle qui a la beauté d’une déesse, prend la fuite. D’une guerre à l’autre, sans diplomatie, au sang sur son épée, au changement de personnalité, Sloane devient Mathô. Il s’empare de Carthage, et veut aller plus loin, aussi loin que Salammbô , dont il veut l’amour, sans raison, sans savoir pourquoi , il la veut. Folie de la guerre, folie du sang, du massacre, des montres éléphantesque pour sa croisade, Sloane ne sera que difficilement freiné dans son hérésie, dans son vouloir absolu de conquérir, d’avoir à lui seul, l’impossible, cette femme aux formes pulpeuses, la bouche lisse, habillée et coiffée comme une déesse à honorer, elle est devenu sa graine de folie, rien n’est maîtrisé, et au fil des ans, des millénaires, des constructions, des bâtisses, des temples, rien ne semble l’arrêter ! Sloane dit le Tigre, dit Mathô, n’abandonnera jamais.
Voyage dans la science fiction, quand Flaubert tombe dans les mains de Druillet, cela donne une immense tragédie galactique. Salammbô, la femme intouchable, déesse ou femme sortie d’une imagination, d’une folie, l’histoire est longue et périlleuse. Le guerrier barbare face à une princesse, à un idéal féminin, l’amour au sens unique, sans fin, sans retour, encré, implanté dans la mémoire d’un homme.
Druillet façonne ses personnages, tous différents, selon les peuples, les distinctions, les habits, un casque, une armure, une arme.. Les scènes de batailles ressortent avec détails, une mise en avant de monstres géants , démesurés, , dotés d’armures, et autre bêtes de ce futur, des plus impressionnantes, majestueuses, dangereux, guerriers. des détails à scruter comme une toile, on fouille, on pose notre œil avec attention, la minutie des détails. Les couleurs descendent en dégradé pour remplir la page, elles apportent la lumière et l’ombre, les effets sont d’une richesse extraordinaire, et au fil des chapitres, la technique et le geste ne cessent d’évoluer. Il ose, il entreprend ! C’est de la science-fiction, il nous donne les couleurs du futur. Au chapitre 3 de Salammbô, Druillet innove. Au delà des techniques mixtes de la couleur, Druillet s’approprie des prémices des techniques de numérisation avec l’équipe parisienne de « Technology Artwork ». Les premiers traitements par ordinateur. L’image de synthèse s’intègre dans la bande dessinée pour la première fois ! Nous sommes en 1986 !

Druillet est un artiste exceptionnel. Il réalise des planches d’une innovation totale, une créativité sans précédent, tout déborde, il dessine même des cadres autour des planches. Toutes les pages semblent unique à l’histoire, elles en racontent plus que les textes, dont l’écriture est originale, elle se fond dans le dessin, elle est même ombrée parfois, à la fois en noir, en rouge, Druillet joue avec sa typographie. Il dessine ses lettres, comme sur un parchemin, un livre qu’on va lire bien plus tard, comme une bible. Cette intégrale est un objet, de pages comme remastérisée, plus brillante, laissant ressortir le relief de cette Science-fiction.

L’œuvre de Druillet reste bien sur incontournable, dans cette intégrale, vous re-vivrez l’ épopée d’un grand ouvrage de science-fiction où se dépose la littérature dramaturgique de Flaubert. La science-fiction se mêle à la poésie, à la prose , à une écriture complexe, et c’est avec intelligence, brio, en mêlant ses techniques de dessins, de peintures, et même de numérisation ,que l’histoire prend forme, sans reculer, toujours plus loin, au-delà des limites, il révolutionne toute une époque du 9ième art, comme pour lancer le mouvement. N’hésitez pas à vous plonger à la recherche de Salammbô.
Petit bonus en fin d’histoire, retrouver au chapitre « Genèse & Développement » : les couvertures lors des premières éditions, celle du CD-ROM pour le jeux sur PC, et l’affiche du spectacle.

SALAMMBÖ : Les Nus (inédit)

Laissez vous envahir par Salammbô par cette série de nues. Druillet dévoile les charmes d’une poitrine plantureuse, les tétons pointent fort en avant, un corps habillé d’une lingerie d’or, de métal, lourd, majestueuse, précieuse, sur un corps qui danse, charme, en colère, la rage d’une femme libre, c’est tout une série de cette dame à la peau bleue, puissante, dominatrice. Druillet pose ses traits noirs très gras, des couleurs vives, intenses, il les éclatent, les mélangent, on voit le geste, la forme prise par le pinceau. En 2009, quand le maître du dessin de science-fiction reprend Salammbô, il n’en a rien perdu, elle la hante toujours de fort belle manière, et toujours accompagné d’un passage du texte de Gustave Flaubert, sur fond noir, cette écriture graphique unique crée par Druillet.

SALAMMBÖ – l’intégrale / Druillet (dessin, couleurs) et Gustave Flaubert (texte) / Drugstore.

LES NUES DE SALAMMBÖ / Druillet (dessin, couleurs) et Gustave Flaubert (texte) / Drugstore.