Etonnant non, les « Bons baisers de Manault » enfin publiés !

Etonnant non, les « Bons baisers de Manault » enfin publiés !

Si vous êtes constipés des neurones et que votre nombril encombre votre cortex, ne lisez jamais le livre de Manault Deva, vous allez cauchemarder en 3 dimensions. Si en revanche, vous considérez à juste titre Manault comme la fille de l’humour d’un Pierre Desproges et que sa voix vous avait déjà scotché des éclats de rire à la radio lors de ses chroniques d’humeurs et de mœurs sur France Inter, dans ce cas, ventre à terre lisez son ouvrage sans concession avec la connerie crasse. Et si trop cave, vous ignorez encore son existence, courage ! Sa lecture sensible révélera en vous votre véritable personnalité contrastée et pas de quartier. L’humour toujours à mourir de rire, NORMAL ! Et vive la vie, pour sûr avec Manault et ses chroniques indubitablement hilarantes et caustiques !

Quand je reçois un livre que j’ai désiré chroniquer, je le lis toujours attentivement, un surligneur en pogne pour ne pas en perdre une ligne au moment suprême de l’écriture de mes impressions. Avec Manault, ça ne m’était pas arrivée depuis belles oeuvres, depuis Pierre Desproges et les chansons d’hier et d’aujourd’hui dans le texte d’Au bonheur des dames et du groupe Odeurs autour de Ramon Pipin. J’en suis encore toute chose ravie. C’est vrai chaque page a pris de la couleur, c’est un arc en ciel d’étincelles dans chaque mot, chaque phrase ! C’est l’automne toute l’année ! C’est dingue j’ai même tendance à entendre la voix de Manault. Désolée Jeanne ne soit plus celle jalouse au moment fatidique où je crisserai l’allumette et les moutons seront bien méchouis….

Alors plutôt que de vous chanter tout mon enchantement et mon mal de bide à force de me bidonner et tous les sentiments de joie extrême que ce livre a comblés dans le fond et dans les décombres de tout mon être, je vous dis juste qu’il est orchestré en cinq chapitres qui partitionnent les chroniques de Manault mises en onde sur France Inter : « Soyons francs » ! / « En avoir… ou pas » / « Psy cause ! » / « C’est la vie ! » / « Miroir mon beau miroir ! ». Les titres ne vous auront pas échappé, suggèrent des thématiques qui ont rat / porc au féminin masculin, les jeux de rôle, les modes de vie et tous les suhis de bon voisinage à l’aune de la séduction rapprochée entre les femmes et les hommes en couple, en famille, seul(e) et avec ou sans une portée de mouflets, l’amour vache, voir impossible et autres décoctions. Avec Maunault, l’existentialisme d’un Jean-Paul Sartre c’est une tarte à la crème pour nous autres pauvres pommes. Une madeleine de Prout qui aurait pris froid et se mordrait les doigts de tant d’engelures qui heureusement ne prêtent pas à l’infection par manque d’humour et de cul serré plutôt qu’à en mourir de rire. La petite mort dans un sourire, c’est toute l’œuvre de Manault et sa vision du monde en décalé. Elle l’inscrit avec mordant et amour dans chaque chronique qui respire sur une à deux pages du livre et s’achève par une chute en point d’exclamation ou par une question à l’auditrice ou l’auditeur qui nous touche directement. On en devient sa tête à claques, son objet d’étude, nous autres modestes mammifères trop fiers qui brillons par notre connerie en société. Exercice de style particulièrement difficile, étant donné le format des chroniques, faire très court en ne lâchant pas la bribe à rebrousse poil de l’attention de ses lectrices et lecteurs tout en leur provoquant des sourires voir des rires complices. Elle nous offre l’arme suprême non violente de l’intelligence : la dérision de nous autres épanouis en état de subversion ! Balaise la nana ! Encore une fois, elles sont fort peu nombreuses les auteures qui véhiculent un tel talent onirique à gesticuler avec nos zygomatiques et nous pouffer de joie la remise en question de nos êtres ébahis.

La parole à sacrée Manault, un florilège à court terme hélas pas du tout exhaustif de quelques phrases péchées au hasard des pages renversantes d’humour jamais vulgaire comme j’adore. Quand je t’écoute, quand je te lis, clin d’œil radiophonique… NORMAL ! Manault, si tu me permets quand je pense à ton talent, je ne peux m’empêcher de vibrer avec un Claude Villers qui lui comme toi se réclame aussi de cette finesse d’esprit si joyeuse et partageuse.

Etre un homme, rien de plus naturel en somme ! « Le service trois pièces de ces messieurs semble n’avoir qu’un sens, le sens propre au détriment du sens figuré. Au sens propre, certains, c’est vrai se débrouillent pas trop mal. D’autres peuvent exceller en la matière, mais ce n’est pas uniquement ce qu’on demande à un homme… sauf si on a des frelons dans la culotte ! » (page 89 in « En avoir. ou pas »).

Panne sèche, c’est la dèche ! « Monsieur, votre meilleur copain Popol tire la gueule, il n’est plus vraiment performant, il s’essouffle, et surtout il se sent mou, si mou ! Normal, il fallait que ça arrive un jour ou l’autre, vous n’êtes qu’un homme ! » (page 95 in « Popol en panne »).

Quand le mioche arrive, fini les bamboches et vive les balloches sous les yeux ! « Eh bien, lorsqu’il aura cinq ou six mois, surtout pas plus, il faut qu’il soit bien tendre et rondouillard, bouffez le ! » (page 189 in « Miam-miam »)

Mon nom est personne ! « Vous n’êtes ni salope, ni emmerdante, ni emmerdeuse, ni vénale. Vous n’avez vraiment rien compris ! Soyez un peu plus pétasse, moins indépendante et surtout plus conne. Ils adorent ça ! Alors, changez et regardez autour de vous… y’a plein d’exemples à suivre ! » (pages 13 et 14 in « Vive les pétasses ! »)

Pauvre fille riche dans le besoin ! « Petite devinette ! Je pue la suffisance et mille deux cents euros d’argent de poche par mois, c’est trop peu pour me payer l’indispensable, l’essentiel… les sacs à main griffés, entre autres. Je fais donc la pute après les cours ! Qui suis-je ? » (page 235 in « Les petites-filles modèles »)

Salauds de pauvres ! « Vous regardez en dînant, la grande messe du vingt heures, présentées par l’endive de service qui vous fait secrètement fantasmer sous ses airs de ne pas y toucher, mais à qui il ne faut pas en promettre ! Les horreurs de la guerre, les enfants rachitiques qui meurent dans les bras de leurs mères en pleurs, ne vous coupent pas l’appétit. Et heureusement ! Quand vous ne finissez pas votre assiette, c’est que vous êtes repu. Le spectacle de la misère ne vous fait plus ni chaud ni froid. Et si en outre ces salauds de pauvres devaient vous faire culpabiliser ! » (page 58 / 59 in « Bon appétit »)

Manault laisse les concessions ad vitam aeternam aux cimetières des idées reçues. Son insolence revigorante et salutaire nous défrise la frise. Elle a l’œil et le bon sur les vrais gens.

Désormais, retrouvez Manault Deva et les chronique de ses bons baisers saison 2, une fois pas semaine le dimanche après la messe sur France Inter dans l’émission 3 D : le Journal de Stéphane Paoli autour de 13 heures 50. Elle a délaissé les mœurs de ses contemporains et s’intéresse désormais à l’actualité et sans filet elle intervient en direct et en public ! Encore bravo toujours plus haut !

« Si dieu existait il faudrait s’en débarrasser » (Léo Ferré qui cite Bakounine). Si Manault Deva n’existait pas il faudrait l’inventer, tant son regard de justesse et son extrême finesse nous ravivent l’esprit. Elle est l’allusive subversion dans la grâce et la farce. Osez Manault et ses « baisers sucrés plutôt salés qui claquent comme un coup de fouet. Normal, faut faire circuler les idées ! ».

Bons baisers de Manault de Manault Deva, éditions des Equateurs, collection humeur, 28 octobre 2010, 254 pages, 18 euros

Mon petit doigt me dit que Manault sera présente au salon du livre de Soulac en 2011, qu’on se le dise chez les gens du Médoc !