Calixte de Nigrémont , duc royal !

Calixte de Nigrémont , duc royal !

Parfois - infiniment rarement - dans ce métier du show business, on réalise ses fantasmes les plus intimes et tout devient magique. Blasé par des rencontres continuelles avec des starlettes sans saveur, des pensionnaires du Loft ou des vedettes sans classe, on a ,un jour au hasard d’un courrier électronique divin, le privilège magnifique, une ou deux fois dans son existence professionnelle, de converser avec un être d’exception que, même dans ses rêves les plus audacieux, on aurait jamais imaginé croiser dans sa trajectoire lumineuse.

Tel est Calixte de Nigrémont un homme qui rend tous les autres petits et fades, lui qui ignore toute bassesse et qui n’est que beauté et raffinement. Le Duc est un guide, un modèle pour les générations futures, un être admirable et bon qui a bien voulu prendre sur son précieux temps pour nous éduquer un peu dans notre ignorance du bon goût, nous parler de ses combats courageux et de sa vie fastueuse en compagnie des grands de ce monde. Merci cher Calixte pour cette belle démonstration, recevez vous aussi mille grâces admiratives et respectueuses.

1 . Mais quel plaisir de trouver autant de raffinement et de beauté en un seul même site et homme réunis. Prince, pouvez-vous vous présenter à nos pauvres lecteurs incultes qui n’ont pas encore été avertis ou sublimés par votre majesté et votre talent mais qui le seront sans aucun doute juste après notre entretien ?

Duc ... pas Prince ... Duc, en effet, serait plus juste . Non que j’emprunte aux Rohan leur devise (“Rois ne puis, Prince ne daigne, Rohan suis”) mais attendu que, depuis 1458, les Nigremont sont ducs du Saint-Siège . Or donc, je suis Calixte de Nigremont, 15ème du nom, Grand Croix de l’ordre de Sainte Pétronille, Grand Chancelier de l’Ordre National du Mérite Scopolave, Chanoine honoraire de Saint Jean d’Acre, Membre de l’académie des Belles Lettres du Toggenbourg, et diverses autres distinctions militaires, littéraires et ecclésiastiques dont je vous épargnerai l’interminable litanie . Le grand public me connaît plus pour mes activités de maître de cérémonie des grands événements de ce monde : Inaugurations officielles, festivals branchés, raouts mondains, happening médiatiques ... Je n’ai pas mon pareil pour les couper de ruban, les discours ampoulés, la flagornerie éhontée, la défense du bon goût et l’édification des masses . Mais je ne puis imaginer un instant qu’en esthètes, en gens de goût, vos lecteurs éclairés ne connaisse la bien modeste part que la Gloire veut bien m’accorder .

2 . On vous sait depuis longtemps l’ami et le confident des grands de ce monde. Vous avez certainement des anecdotes croustillantes à nous confier à propos de sublimes stars, de princes ou princesses ?

Vous savez que mon office m’astreint à un devoir de réserve . Alors j’entends bien que vous soyez à la recherche de révélations sulfureuses, d’anecdotes croustillantes, de trivialités inavouables, de secrets d’alcôves ! Brisons là ! Je ne peux rien dire !
Je peux simplement vous confier que mon amie la reine Elizabeth n’a pas son pareil pour le Karaoké, que mon ami Johnny Halliday cite Saint Simon à l’envi, que mon amie Madonna est fan de la batterie fanfare de la garde républicaine dont elle a tous les disques, que mon ami Jean Pascal (de la Star Académie) a la plus belle collection de Titien que je connaisse, que Catherine Deneuve fait, dans son particulier, un éblouissant numéro de twirling-baton . Je n’en dirai pas plus !

3 . Je suis particulièrement admiratif de votre crane si joliment rasé et qui vous donne un air si délicat et précieux. Quelle est l’histoire de cette particularité capillaire ?

Je travaille, en matière vestimentaire, à être une manière de carotte géologique de l’élégance, à n’arborer que les affûtiaux dont l’indémodabilité a été dûment certifiée par le temps, l’usage, les siècles ... D’où cette élégante redingote d’inspiration IIIème République, ces dentelles façon grand siècle, ces bottines belle époque, ces fines poudres “Régence”, Quand au crâne, sauf à avoir recours à quelques postiches, toupets et autres compléments capillaires, il me plait d’exhiber ma fontanelle de façon ostentatoire ... D’autant que, lors d’un furieux raout, il y a quelques années, en Allemagne, j’eus le bonheur d’être élu “plus joli crâne de la Chrétienté” ! ... On a ses atouts !

4 . Vous êtes également prince du bon goût pour lequel vous partez régulièrement en croisade. Des gens comme Michel Houellebecq ou Yann Moix doivent vous horripiler non ?

Soyons clair, ferme et définitif : je ne goûte, et partant, ne lis, que les auteurs morts . Or donc, tant que les Moix, les Houellebecq, les Angot, les Jardin s’obstineront à rester en vie, leurs oeuvres me seront définitivement inaccessibles . On a ses principes ! J’attends d’ailleurs avec une certaine impatience la disparition de Monsieur Jean Lefèvre d’Ormesson . Non que je veuille la mort du pêcheur (je lui souhaite la plus longue et la plus sémillante des vieillesses) mais il m’est infiniment sympathique et il me tarde de savourer sa plume . J’en ai tout autant au service du jeune Grach ou de l’aimable Druon . Je savoure ces temps-ci cette petite de Crayencour, qui Dieu sait pourquoi s’est fait rebaptiser Yourcenar ... En revanche, parlez moi de François-René de Chateaubriand, de Madeleine de Scudéry, d’Honoré d’Urfé, de Saint Thomas d’Aquin, de Sully-Prud’hom... voire de cette petite gauchiste de Sand (la baronne Dudevant, encore une débaptisée !) et là, je suis intarissable . Voilà des plumes mortes et comme il faut !!!

5 . D’où vous vient cette verve et ce sophisme intrinsèque et qui séduisent tant de monde ?

Je ne suis que l’héritier de quelques siècles de culture, d’esprit, de goût . Ajoutez à cela un frais minois, qui est encore assez peu redevable aux progrès de la chirurgie esthétique, une silhouette musculeuse, qui me fait souvent comparer à un hybride de Rudolph Valentino et de Philip des 2be3, 20 ans dans les meilleures institutions religieuses, 12 ans de scoutisme, la fréquentation assidue des grands de ce monde, quelques principes solides, la lecture des auteurs morts, le défense de quelques solides valeurs et vous obtenez cet être pétri de goût dont la lettre porcine du Cantal écrivait il y a encore peu “Voilà un phare planté dans la médiocrité contemporaine” !

6 . Vous faites partie de ces rares privilégiés – avec nos amis les schtroumpfs, il me semble, dont le sang bleu coule au fond des veines. Etes-vous jalousé à cause de cette hérédité bienheureuse ?

Juste pour ma gouverne, que sont ces Schtroumpfs ? Une famille princière prussienne de moi inconnue ? Quelque Grand-Duc russe échappé des massacres bolcheviques d’Ekaterinbourg ? Bref ...
Quand aux jalousies, comme on le dit dans nos familles, “je n’ai fait que me donner la peine de naître” . Vous savez, on fait toute une affaire de notre sang bleu . Hélas, j’ai pour vous une terrible révélation . Etes-vous assis, ami ... Lorsque Népo (Népomucène Foutriquet, mon factotum) me rase et qu’il entaille mon noble visage, outre le fait que le maladroit est justement sanctionné (cravache, bambous enfalmmés sous les ongles, plomb fondu dans les oreilles,...), il s’écoule le plus fluide des sangs ... écarlates !

7 . Vous êtes, je le sais, un grand admirateur des poètes et prince des mots vous-mêmes. Pourriez-vous improviser un petit texte de votre composition pour nos aimables lecteurs ?

Et puisque l’on me mande d’écrire quelques mots
pour faire le pédant, pour paraître faraud,
Seigneur, secourez moi, aidez votre dévot :
Que pourrais-je donc dire qui ne soit pas trop sot ?”
Calixte de Nigremont, fecit

8 . Quel est le secret d’un bon poudrage ? D’où faites-vous venir votre blanche cher Calixte ?

Vous me demandez de livrer un des secrets de mon génie, nouvelle Dalila, comme on demanda à Samson le secret de sa force . Or donc, voilà : Imprégnez votre aimable visage d’une crème hydratante, couvrez ensuite d’un fond de teint de bonne tenue (le mien est fabriqué par des Capucins polonais à base de gras de phoque, d’urine de Pécari et de perles fines pilées), et, c’est là le plus délicat, vous déposez, par le moyen d’une houppette en duvet d’engoulevent, la poudre, bien répartie . Choisissez la poudre la plus délicate en même temps que la plus fine . Quant à moi, la maison Desormeaux-Fouillard, me fournit d’une poudre de riz . Un riz sauvage, cultivé en Sarmatie Asiatique, mêlé à un peu de poudre de marbre de Carrare - Un vulgaire talc, sommes toutes - qui donne au teint le plus transparent des grains . Anecdote piquante : Un journaliste de la presse à scandale a fait courir le bruit, lors de ma dernière tournée dans nos anciennes colonies du Canada Français, que je me poudrais à la drogue de jeune ( Marie-Jeanne ou cocaïne, je ne sais). Les indigènes n’ont, dès lors, plus cessé de m’approcher la paille à la main !!!

9 . On vous dit décalé et anachronique, êtes-vous blessé par ces médisances de vieilles femmes jalouses ?

La bassesse m’est étrangère . Fidèle à la devise de la famille, “qu’on ne me parle de rien qui soit petit”, je ne vois pas la petitesse d’esprit . Nonobstant, je suis fort étonné qu’un carteron de chaisières caqueteuses puisse faire un sort à mon enviable - en même temps qu’enviée - réputation . Ordinairement, ma nature gérontophile me pousse à me montrer plus qu’avenant avec ces aimables beautés douairières . je ne m’explique pas cette ire collective !

10 .Vous êtes avant tout un homme militant qui se bat pour des causes nobles. Parlez-nous de ces coups de gueule qui sont tout à votre honneur en faveur de Dario Moreno ou Marie Myriam ?

J’entreprends, il est vrai, une campagne nationale pour la restauration du bon goût . En une époque où les jeunes filles sortent sans gants, où de jeunes godelureaux se dandinent sur des musiques syncopées furieusement décadentes, où il est de bon ton de fouler au pied les peintres pompiers, la musique militaire, les chansons folkloriques, je me mets à la tête d’une vaste croisade comprenant diverses pétitions à l’intention de nos gouvernants : Une pétition demandant l’installation du buste de Marie Myriam, dernière française à avoir gagné le Concours Eurovision de la Chanson, dans toutes les mairies de France , une autre demandant que le support chaussette, fleuron de l’industrie française, soit déclarée grande cause nationale, une encore demandant le transfert des cendres de Dario Moreno au Panthéon, une enfin demandant le classement au patrimoine mondial de l’Unesco de la Lentille du Velay ... j’en passe mais vous avez saisi l’ampleur de la tache qui m’incombe mais que mes solides épaules sauront supporter .

11. Mais qu’est-ce qu’un homme de votre qualité et de votre élégance faisait au stade de France pour la Coupe du Monde de Football FRANCE 98 au milieu de beaufs hurlant à tout va !

J’aime assez aller porter la bonne parole dans les milieux les plus hermétiques, aussi, vous l’imaginez bien, les tribunes du stade de France, ce 12 Juillet étaient le cadre idéal pour un bon prêche. Imaginez que votre serviteur a aussi honoré de sa présence la grande scène de la Fête de l’Humanité, quelques festivals de hard rock pour jeunes à cheveux gras gavés de drogue, plusieurs raouts anarcho-syndicalistes, et même j’ose le dire, j’ai ouvert la Lake Parade de Genève cernés par des florentins enperruqués ... Je me laisse aller à un aveu : ... j’ai adoré ça !!!

12. Sacha Guitry vous a piqué beaucoup d’attitudes. Lui en voulez-vous encore même si le brave homme n’est plus de ce monde ?

Ce jeune Alexandre Guitry, issu, nous le savons tous, de la boue, est assez méritant . Un père saltimbanque, une mère demoiselle des postes, des aïeux qui ont fait fortune dans le trafic de saindoux frelaté ou dans le toilettage pour chien, je ne sais . Bref des gens de rien . Ce jeune Guitry, qui fut apprenti bottier chez le fournisseur de notre famille, est un bel exemple pour notre jeunesse . Certes, on peut lui faire grief de sa grande immoralité, de ses amitiés franc-maçonnes (je le soupçonne même d’avoir eu des sympathies sovietisantes), de son penchant pour la gaudriole nonobstant, pour mort qu’il soit, je lui sais un gré infini de son talent qui n‘a rien de commun avec le mien : Il est né Guitry, c’est à dire rien, je suis né Nigremont, c’est à dire tout .

13. Quelle est votre définition du luxe ?

L’intégrale de Mémoires de Sainte Thérèse d’Avila, quelques kilomètres de velours d’Utrecht cramoisi, une tasse de Lapsang-souchong, le buste de mon aïeul par Le Bernin, un rosier “Cuisses de nymphe émue” en fleur, les ruines de mon vieux château familial, le florilège des plus belles chansons de Line Renaud, l’indulgence plénière accordée au premier Duc de Nigremont et à tous ses descendants, ...
Oui, j’entends bien que d’aucun auraient répondu des tuyauteries en or, du caviar à la louche, ou des voyages aux Bahamas à discrétion ... On ne se refait pas . Mais, sais-je vraiment ce qu’est le luxe ? Les parisiens voient-ils encore la tour Eiffel ?

14. Quelle trace souhaiteriez-vous laisser dans l’imaginaire collectif ?

Déjà, alors que je suis, je vous prie de le croire, bien vivant, j’oserais l’affirmer même frétillant, on me considère comme une manière de fossile génialement anachronique, comme une manière de trouvaille archéologique délicieusement surannée, je crains fort de faire figure, aux yeux des futures générations de Pompéi, de mammouth congelé, de Lucy, de muraille de chine ou de grotte de Lascaux ...

15. De quels bons mots êtes-vous le plus fier ?

Croyez vous que je m’en souvienne ? Demandez à mes hagiographes ...
Disons ma devise personnelle “ on n’est jamais trop veule” et puis ces bons mots empruntés aux autres (j’aurais tué père et mère - si la nature ne s’était chargée d’une partie de la tâche - pour les faire ) : “je peux résister à tout sauf à la tentation”, “ je n’ai que des attraits, vous avez des charmes”, “je l’ai vu passer à cheval, il avait l’air intelligent ... le cheval, pas lui !”, “Monsieur de Chateaubriand crois qu’il devient sourd chaque fois qu’il n’entend plus parler de lui”, “Talleyrand, vous êtes de la merde dans un bas de soie” ...

16. Stéphanie de Monaco mérite t’elle encore son titre de princesse ?

A/ La principauté de Monaco est, ce me semble, régit par les même traditions que jadis la cour de France . Or selon ces lois fondamentales, on ne peut être déchu de son titre ... Dieu merci !

B/ L’histoire ne manque pas de luxurieuses princesses (la reine Margot, pour ne citer qu’elle !) et de souverains pétris de turpitudes qui furent de grands princes . Louis XV aurait été bien en peine de dénombrer ses maîtresses . On les évalue à quelques milliers . Nonobstant, il fut “le bien aimé”. Son petit fils, Louis XVI, se passionnant pour la serrurerie, était un enfant de choeur quand son aieul se passionnait pour la virginité des adolescentes du Parc aux Cerfs . S.A.S la princesse Stéphanie ne fait que renouer avec une vieille tradition de turpitudes princières qui pourrait, au plus, lui valoir d’être taxée de “Réac” par quelques bolcheviques .

17. Quels qualités dois-je avoir pour espérer un jour devenir votre ami et m’en vanter à loisir ?

Je vous autorise bien volontiers de vous targuer de mon amitié où et quand bon vous semblera, j’en serais transporté de béatitude . La perspective de voir mon glorieux nom associé à votre caracolant talent me plonge dans une extase qui relègue le ravissement de Saint Paul sur la route de Damas au rang de vulgaires risettes de nourrissons . Au besoin, je suis prêt à vous fournir un certificat attestant que nous sommes les meilleurs amis du monde, que nous fûmes voisins de classe au petit séminaire, camarades de régiment au 22ème Régiment d’Infanterie Coloniale, frère de lait ou que sais-je, mais faites moi la grâce de faire savoir partout que notre amitié est indéfectible .

18. En quoi la vie de CALIXTE DE NIGREMONT a t’elle un sens ?

Je suis le dernier de mon sang, de ma lignée . Après moi, plus de Nigremont . Mon existence se veut donc une façon de bouquet final pyrotechnique .

19. Laurence Boccolini ou Laurence Boccolini ?

Ô déesse des déesses . Ô reine parmi les reines . Ô beauté parmi les beautés . Je me pâme de bonheur à la vue du nom de cette nouvelle Cléopâtre, de cette vivante incarnation de la féminité, de cette blonde (parfois ! disons, châtain clair ces derniers temps) fille de Vénus . Je lui dois tout . Nous entretenons des rapports qui, pour n’être pas charnels (ce qui serait inutile attendu que j’ai été vasectomisé à 14 ans) sont coulés dans la plus immarcescible des affections . Laurence Boccolini, donc . Pour répondre à votre question .

20. Par quoi avez-vous envie de terminer cette E-terview ?

Mais, sachez, si cher et délicieux ami, que je ne veux point, ici, la terminer !

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