4 septembre : Manifestons contre la xénophobie… et contre l’amnésie !

4 septembre : Manifestons contre la xénophobie… et contre l'amnésie !

Une cinquantaine d’organisations appellent à manifester le samedi 4 septembre dans toute la France contre la xénophobie. Excellente initiative. Mais ce n’est pas une raison pour nous faire avaler des couleuvres. Petit rappel sur l’histoire de ce 4 septembre mis en avant par les initiateurs de l’appel « Non à la politique du pilori ».

« Les plus hautes autorités de l’État ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Roms et Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale… » disent les premières phrases de « l’appel citoyen » qui rappelle plus loin que « la Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République. » Soit.

Là où les choses se compliquent, c’est quand les organisateurs appellent à des manifestations le 4 septembre « afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle. »

Peu férus d’Histoire ou assommés par l’immonde politique UMPS des Sarkozy-Hortefeux-Besson-Kouchner, plus de 40 000 signataires ont répondu à l’appel sans broncher. L’urgence n’est-elle pas au sursaut, à la résistance face à un gouvernement qui déroule le tapis rouge devant des thèses nauséabondes ? Au risque de jouer les empêcheurs de manifester en rond, l’Organisation communiste libertaire (OCL) a eu la bonne idée de remettre quelques pendules à l’heure.

Dans un communiqué daté du 27 août, l’OCL ironise sur les historiens et les intellectuels qui fustigent – avec raison – Nicolas Sarkozy pour ses sombres arrangements avec l’histoire et qui ne relèvent pas cette troublante référence. Que signifie donc ce fameux 4 septembre ? Réponse : l’avènement de la Troisième République qui « a été fondée sur le sang des Communards, les persécutions, les condamnations à l’exil, au bagne et à la prison, quand ce n’était pas le poteau d’exécution décidé par les conseils de guerre qui siégeront pendant les quatre premières années de la Troisième République (…) N’oublions pas qui était Adolphe Thiers, le chef des Versaillais, celui qui a lancé 130 000 soldats contre les ouvriers et les artisans parisiens, le premier président de cette Troisième République qui a commencé aussi mal qu’elle a fini et que nos citoyennistes de la gauche sans mémoire voudraient que nous "fêtions" en enterrant une seconde fois les Communards. »

Regrettant que les signataires de l’appel « Non à la politique du pilori » aient oublié les « 20 000 morts de la Commune de Paris, les 38 000 arrestations, les 50 000 jugements qui se poursuivront jusqu’en 1877, les 4000 personnes expédiées au bagne », l’ACL considère donc que « fêter le 4 septembre revient à célébrer la Troisième République des bourreaux du peuple parisien ». Malaise dans les rangs. « Ne soyons pas de ceux qui oublient que la politique actuelle vis-à-vis des Roms en général, comme la menace vis-à-vis de la perte de la nationalité, se situe en fait dans le droit fil de la tradition républicaine. Ceux qui prétendent le contraire et en appellent à cette tradition contre Sarkozy sont des menteurs ou des ignorants. Cela fait plus de 200 ans que la République n’accorde pas les mêmes droits à tous ses « citoyens » et en particulier à ceux qu’elle nomme depuis 1978 les « gens du voyage » pour échapper à l’accusation de racisme. »

Derrière la nécessaire mobilisation contre le racisme et la xénophobie, l’OCL voit en fait poindre l’ombre de l’élection présidentielle. « Mais il ne s’agit pas seulement d’Histoire mais aussi de présent. Derrière cette amnésie se cachent à peine un objectif et une stratégie pour préparer 2012 et un grand front républicain destiné à remettre au pouvoir, à la place de l’actuel, ceux qui ont toujours mené les mêmes politiques sur tous les plans y compris celui de l’immigration, du racisme et du sécuritaire. Pour ce faire on nous refera le coup de la montée du fascisme et du racisme, comme en 2002… »

Soyons bien clair. Les anarchistes, les communistes libertaires, les anarchosyndicalistes seront dans la rue le 4 septembre au nom de l’anticapitalisme et de l’internationalisme. Mais que l’on ne compte pas sur nous pour faire la courte échelle aux politiciens socio-démocrates qui ont pris du ventre dans les cuisines crasseuses du FMI.

Le texte complet de l’Organisation communiste libertaire sur son site Internet.

L’appel Non à la politique du pilori.