La Princesse des glaces...

La Princesse des glaces...

Avec La Princesse des glaces [Isprinsessan, 2004], la Suédoise Camilla Läckberg, née en 1974, signe un polar haletant, plein de rebondissements. Des personnages complexes qui surfent sur des vagues abracadabrantes en compagnie de l’indispensable Erica Falck et de Patrick Hedström, inspecteur très rusé…

Comme à l’accoutumée, Camilla Läckberg démarre doucement son roman noir. Le premier chapitre débute sur l’image paisible d’un pêcheur retraité, qui chaque vendredi matin vérifie la chaudière d’une maison habitée le week-end par une bourgeoise de Stockholm, une certaine Alexandra Wijkner. Puis le rythme s’accélère : la femme est retrouvée dans sa maison, nue dans une baignoire d’eau gelée…

Erica Falck, qui passait par hasard, entre dans la maison. Coup de théâtre :

« Malgré les teintes blanc et bleu peu naturelles du corps, Erica la reconnut immédiatement. C’était Alexandra Wijkner […] Tout au long de leur enfance, elles avaient été les meilleures copines, mais cela semblait une autre vie maintenant. La femme dans la baignoire lui apparaissait comme une étrangère. » (page 15)

Camilla Läckberg – dont les ouvrages en Suède connaissent le même succès que le Millénium de Stieg Larsson – nous fait pénétrer avec La Princesse des glaces dans une pièce un peu théâtrale avec tiroirs naturalistes, le tout sur fond de fine psychologie à la sauce nordique.

Les potentiels suspects, issus de milieux différents, titillent les nerfs d’Erica Falck et ceux de l’inspecteur Patrick Hedström, sorte de jeune Columbo au flair légendaire, ralenti dans son travail par un supérieur légèrement buté, l’éternel Mellberg. Hedström a d’ailleurs une théorie personnelle pour résoudre les affaires :

« L’expérience de Patrick lui disait que tous ceux qui étaient interrogés par la police avaient un comportement plus ou moins nerveux, même s’ils n’avaient rien à cacher. Une attitude totalement sereine indiquait que la personne en question avait quelque chose à cacher […] » (page 266)

Erica la romancière fait connaissance avec Patrick le policier, échangeant leurs tuyaux face à une histoire de plus en plus complexe : un peintre clochard retrouvé suicidé [Anders], une mystérieuse famille de notables [les Lorentz] dont le fils disparaît, un viol dissimulé…

La Princesse des glaces se déroule à Fjällbacka, petit port de la côte ouest suédoise, lieu de cancans et de conflits antédiluviens. Parallèlement à l’enquête, les problèmes familiaux et financiers de Falck sont décortiqués sous la plume malicieuse de Läckberg, ce qui en fait le parfait pot-au-feu noir et intimiste,selon la meilleure tradition scandinave.

La Princesse des glaces, un des romans les mieux ficelés de Läckberg, a reçu en France le grand prix de la Littérature policière et le prix du Polar étranger au Festival de Cognac.

La Princesse des glaces, Camilla Läckberg, éditions Actes Sud, série « actes noirs », 382 pages, 2008

Roman traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain

Prix : 21 euros

Chez le même éditeur du même auteur :

Le Prédicateur, 2009