Sarah Palin a créé la surprise le 3 juillet en prenant sa décision de démissionner avant le terme de son mandat, invitant les observateurs à formuler de multiples interrogations au sujet de la prochaine étape de sa carrière politique et si elle prévoit de s’investir pour figurer dans d’éventuelles primaires en vue de la prochaine élection présidentielle.

Elle a cité un certain nombre de raisons pour abandonner en cours de route : la nécessité d’affronter deux dizaines d’accusations au sujet de son éthique politique, mais aussi d’y répondre sans se cacher derrière l’impunité que lui confèrent ses fonctions. Elle ne souhaite pas apparaître comme "un gouverneur canard boiteux" et aspire à "de grandes choses".

La passation de pouvoirs au Lieutenant Gouverneur de l’Alaska Sean Parnell doit avoir lieu lors du pique-nique annuel de Fairbanks, où Sarah Palin prévoit de faire un grand discours et où Sean Parnell prononcer un serment pour son entrée en fonctions. Événement discret d’ordinaire, cette partie champêtre est déjà sur l’agenda d’une flopée de journalistes et de reporters photographes.

Son propre agenda familial ou la nécessité de répondre aux accusations ont peut-être poussé Sarah Palin à la démission selon Michael Josephson, un ancien professeur de droit californien qui conseille régulièrement les parlementaires de l’Alaska sur les questions d’éthique. "Le problème est qu’elle n’a pas été aussi logique ou claire que je l’aurais aimé", a-t-il fait savoir.

Les problèmes éthiques de Sarah Palin ont contribué à ternir son image. Un dernier sondage Washington Post-ABC constate 40% d’opinions favorables, contre 53% de mauvaises opinions. C’est le plus bas niveau enregistré à son sujet depuis son arrivée sur le devant de la scène politique en tant que candidate à la vice-présidence de John McCain sur le ticket républicain l’année dernière.

Presque 6 Américains sur 10 ont été conquis par Sarah Palin quand elle s’est présentée à la convention nationale républicaine et a fait sensation sur la base du parti. Mais sur des questions politiques plus complexes, 37% seulement des personnes interrogées l’estiment capable, contre 57%. C’est selon le quotidien The Washington Post son plus mauvais score chez les sympathisants républicains.

Bien que les enquêtes d’opinion lui soient de plus en plus défavorables, Sarah Palin conserve cependant un large crédit chez les membres de son parti : 70% des républicains considèrent l’ancienne candidate à la vice-présidence de manière favorable. Son éviction de la vie politique américaine ne semble donc pas à l’ordre du jour, et son influence lui laisse entrevoir une opportunité de figurer sur un prochain ticket présidentiel en 2012 contre le président élu Barack Obama.

Mais les fonds pour organiser sa défense, levés pour compléter son propre écot dans plus de 500.000 dollars en frais de justice et d’avocats, sont eux-mêmes une violation de l’éthique, dans la mesure où ils mettent à contribution ses fonctions de gouverneur pour un usage personnel, selon le rapport d’un enquêteur indépendant engagé par l’État de l’Alaska. Bien que Sarah Palin soit toujours très bien considérée pour figurer sur le prochain ticket républicain par un certain nombre des membres de son parti, beaucoup d’experts politiques lui dénient cette éventualité.

"Je pense qu’elle pourrait y prétendre", explique Michael Carey, chroniqueur politique et ancien rédacteur en chef du Anchorage Daily News. "Je ne vois pas comment vous pouvez l’emporter avec la mention abandon sur votre parcours professionnel" ! Sarah Palin a conclu un contrat éditorial pour la sortie d’un livre autobiographique au printemps prochain et a été pressentie pour éventuellement devenir présentatrice d’un talk-show à la télévision.

De toute évidence, l’avenir est incertain pour cette femme politique au verbe haut et à la silhouette agréable, qui a déjà travaillé pour une chaîne de télévision locale dans sa jeunesse, après avoir été révélée dans un concours de beauté. Celle qui est devenue le symbole de la hockey-mom sait dribbler à merveille et ne manquera pas de saisir la balle au bond.