Licenciements boursiers : les cas de "Cat" et "Conti"

Licenciements boursiers : les cas de "Cat" et "Conti"

Tout le monde garde en mémoire la colère des salariés de Continental et de Caterpillar cet hiver, en réaction à la fermeture de l’usine de Clairoix chez le fabricant de pneumatiques d’une part, et à 733 emplois sur les deux sites grenoblois du constructeur d’engins de chantier d’autre part. Ventes en berne, redéploiement, centres de production non rentables… 6 mois plus tard, les deux entreprises ont rassuré leurs actionnaires en affichant des bénéfices inattendus.

Priorité aux anciens salariés de Continental, puisque sept d’entre eux viennent d’être condamnés à la prison avec sursis pour des déprédations commises au cours de l’expression de leurs revendications. Le groupe affiche un bénéfice d’exploitation de 40 millions d’euros au deuxième trimestre 2009. À l’origine de ce retournement de situation, la restructuration de ses sites de production.

"Continental atteint ses objectifs opérationnels dans les conditions extrêmement difficiles du marché et malgré la paralysie actuelle à cause de son avenir incertain", a déclaré lundi Karl-Thomas Neumann dans un communiqué. Grâce à des mesures d’économies brutales, l’équipementier automobile a obtenu des banques des conventions de crédit (covenants), rassurées par le plan de redressement de l’entreprise.

Au trimestre précédent, Continental affichait encore une perte de 165 millions d’euros, en pleine crise sociale. Avec une augmentation de plus de 12%, les actionnaires jubilent, puisque l’action Continental est l’une des valeurs les mieux cotées sur le MDax allemand. Un programme d’économies encore jamais vu chez le fabricant de pneumatiques produit de plus en plus d’effets. Depuis le début de la crise économique dans le secteur automobile en septembre 2008, Continental a supprimé 16.000 postes, conformément à ses propres prévisions.

Schaeffler, son principal actionnaire, a salué le développement positif du plan de restructuration. "Nous avons tout lieu de croire à ces mesures de bonne gestion", a signalé le porte-parole de la société, "et nous cherchons à améliorer encore ce résultat dans les prochains trimestres". Il relève cependant que le retour aux profits chez Continental est surtout le fait d’un décalage entre les paiements des salaires et des factures de ses fournisseurs. Le groupe a en effet payé les salaires et les traites début juillet, avec un mois de retard pour éviter des problèmes avec ses créanciers.

Continental souhaite à présent se réserver de meilleures marges de manœuvre, et Karl-Thomas Neumann doit présenter différents scénarios pour l’avenir au conseil de surveillance qui va se tenir le 30 juillet au siège de l’équipementier automobile, à Hanovre. La fusion un temps imaginée entre Schaeffler et Continental est toutefois repoussée aux calendes grecques, une incertitude demeurant sur le taux d’endettement de chacune d’elles, et cet élément devrait déterminer qui de l’une ou de l’autre prendrait les rênes de la future entité.

Schaeffler a pris les 11 milliards d’euros de créances de Continental en charge, mais le fabricant de pneumatiques pense que les problèmes sont simplement décalés. "À cause des obligations financières encore en suspens en août 2009 ainsi qu’en août 2010, nous considérons comme une tâche des plus importantes d’assurer à moyen et long terme un refinancement solide avec un cadre financier approprié", a convenu le président du directoire.

De même, le spécialiste américain des véhicules de chantiers Caterpillar fait état d’un bénéfice trimestriel supérieur aux attentes et relève sa prévision de résultat pour l’ensemble de l’année, évoquant des signes de stabilisation à travers le monde des marchés du crédit et des économies. Le groupe précise que les plans de relance, notamment en Chine, commencent à porter leurs fruits et que les cours des matières premières évoluent dans une fourchette positive pour l’investissement.

Le directeur général de Caterpillar, Jim Owens, a estimé dans le communiqué de résultats que ces prévisions "posaient les bases d’une éventuelle amélioration" et il entrevoit des "signes de stabilisation" de l’activité. Le bénéfice du deuxième trimestre ressort à 371 millions de dollars, soit 60 cents par titre, contre 1,11 milliard de dollars, ou 1,74 dollars par action l’année précédente.

Le chiffre d’affaires trimestriel a lui reculé de 41% à 7,98 milliards de dollars. C’est logique avec une baisse de la production, et des effectifs de l’entreprise par voie de conséquence ! Hors coûts liés à des réductions d’effectifs et des restructurations, le bénéfice par action de Caterpillar est de 72 cents. Caterpillar a supprimé 17.100 emplois à plein temps depuis la fin 2008.