Google visé par la loi anti-trusts aux États-Unis

Google visé par la loi anti-trusts aux États-Unis

À cause de son développement extraordinaire, la première entreprise en matière d’innovation dans le secteur de l’Internet et le n°1 des recherches hypertexte attire l’attention des autorités anti-trust, encore à envisager une solution avec Microsoft leader des systèmes d’exploitation pour les ordinateurs personnels.

Google n’est pas seulement un exemple de réussite économique, c’est un phénomène culturel qui fait l’objet des scrupules de la part des autorités américaines, en dépit du soutien apporté par son patron à la campagne de Barack Obama à la présidence des États-Unis. Dans une certaine mesure, les gens estiment qu’il pourrait s’agir du prochain Microsoft, a déclaré le procureur Beau Buffier à propos du dossier Google. En effet, toujours leader mondial grâce à quelques industries de pointe, les États-Unis entendent le demeurer en préservant l’aspect concurrentiel du marché.

Ils en sont arrivés à un point de se demander si, pour rester dans la compétition, les États-Unis permettent à une entreprise d’atteindre une position de monopole, explique une source proche du dossier. Dans ses investigations, le département de la Justice est très attentif aux négociations de Google avec le syndicat des auteurs et l’association des éditeurs américains, dans son projet colossal de création de bibliothèque en ligne. L’affaire a soulevé des critiques, parce qu’elle autorise Google à gérer des œuvres dites orphelines, des travaux tellement marginaux dont les auteurs n’ont pas accès aux droits. Les bibliothèques craignent également que son produit acquière une valeur ajoutée telle qu’il devienne beaucoup trop cher.

Les négociations entreprises en ce qui concerne l’exclusion des ouvrages orphelins ou la répartition des droits, sont une partie seulement d’un chemin étroit pour désamorcer les conflits, d’après les critiques. C’est pourquoi la Commission fédérale pour le Commerce a ouvert une enquête pour déterminer si Google et Apple sont en train de violer les lois anti-trust, qui prohibent les abus de position dominante.

Un membre du cabinet juridique Hogan & Hartson pense que ni Microsoft, ni IBM ne sont jamais devenus les phénomènes culturels que Google est à présent. Il s’est occupé l’année dernière de préparer une riposte à l’offre d’achat sans suite du géant de Mountain View sur son concurrent Yahoo ! Le porte-parole de Google, Adam Kovacevich, a seulement avancé que la compétition sur Internet était juste un clic plus loin. Mais les investigations des autorités ne l’effraye pas : nous comprenons que la réussite de notre entreprise éveille l’attention dans le pays, s’est-il borné à déclarer.

Mais des experts pensent que Google et Apple pourraient quand même être considérés en tant que rivaux, dans la mesure où l’iPhone a été un coup fabuleux pour Apple, tandis que le système Android de Google est lui, utilisé sur le G1 de T-Mobile. Les managers des deux sociétés pourraient néanmoins être amenés à céder leur poste, encore qu’une telle mesure impliquerait la poursuite du combat sans combattants. Pour sa part, Google a montré peu d’entrain pour affronter les autorités de régulation. Elle a laissé tomber son projet d’association avec Yahoo ! dès que le département de la Justice a signalé son opposition à une fusion entre les deux entreprises.

Un peu plus tôt, Google avait obtenu de gros profits en achetant DoubleClick en dépit des interrogations que faisaient lever sa position dominante sur le marché publicitaire en ligne. Google n’a pourtant rien fait de mal, a reconnu Bert Foer, président de l’American Antitrust Institute : il n’est ni roublard, ni mal intentionné, mais joue un rôle tellement important dans le flux d’information et dispose de telles rentrées d’argent en mettant des innovations en œuvre, qu’il pose un problème potentiel aux libertés individuelles et à la concurrence.

Des mauvaises langues à Washington, ont émis l’idée selon laquelle Google avait misé sur le bon cheval, parce qu’Eric Schmidt, son patron, s’est investi en faveur de Barack Obama. Mais avant même sa nomination à la tête du service anti-trust du département de la Justice, Christine Varney a précisé que Google ferait l’objet d’un examen particulier à cause de sa position sur le marché, a rappelé Bert Foer. C’est aussi dangereux d’être trop proche du pouvoir, car celui-ci doit démontrer son impartialité, fait-il savoir, et l’administration Obama ne peut accorder aucune faveur à Google, plus encore parce qu’elle a tenu à se prévaloir de son indépendance.