L’éthanol dans la picole, c’est la santé !

L'éthanol dans la picole, c'est la santé !

Le professeur Maraninchi, président de l’Institut national du cancer dans une interview pour le Monde, confie ses vagues à l’âme quant aux dangers du vin qui est un alcool, donc contient de l’éthanol et par conséquent est cancérigène. Merci patron pour cette information et votre gène heureuse à laquelle je réponds par mes propres solutions salutaires et festives pour la planète entière. Pour sûr ! Tchin, tchin…

L’autre jour, le Bartos un peu vaseux était plongé dans son journal le Monde en date du vendredi 10 avril. Un titre en première page avait attiré toute ses macérations : « Le vin est-il cancérigène ? Le débat continue… ». Je lisais au-dessus de son épaule et tout de go, je lui arrachais le canard des doigts en hurlant : - Euréka mon caca, tes jours te sont comptés mon potos. T’es bon pour l’Institut Gustave Roussi et même qu’avec la bénédiction de ton Médoc préféré, je sens un petit cancer débonnaire te tendre un verre ! - C’est des conneries, il me dit.

Pour en avoir le cœur net, curieuse que je suis de la santé de mon tortionnaire favori, je me suis plongée dans l’article. La journaliste Sandrine Blanchard interrogeait un certain Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du cancer (INCa) à propos d’une recommandation publiée sur son site et intitulée : « Nutrition et prévention des cancers ». Selon l’OMS, la dose maximale non recommandée par jour correspondrait à deux verres pour les mâles et un seulement pour les femelles ! Par tous les clitos de la planète, cet avis disproportionné en fonction de son entrejambe ne m’avait pas du tout convaincu. J’avais l’expérience déjà lointaine d’une sortie de Pub à Dublin où mes frangines tenaient plutôt mieux la pinte que leurs homologues bonhommes.

Ensuite j’appris qu’il y avait également de l’éthanol dans le vin puisque c’est aussi de l’alcool et donc il serait lui aussi cancérigène. Le zigue se fiche de la qualité des cépages de ma bonne vieille région d’adoption : le bordelais qui n’est pas si moche au demeurant ! Et la blouse blanche qui renchérit sur le plaisir de boire pour le plaisir et sur son anti-corps : le sevrage au nom de la sacro-sainte santé publique du fait du principe de prévention : « On boit du vin parce que c’est agréable. Quand on boit trois verres par jour, on peut passer à deux, ou être abstinent un jour ». Vous pensez bien, hic hic hourra, je ne peux pas aller dans son sens. Il se gausse dans sa conscience personnelle de scientifique chic et bon teint, qui détient son unique vérité pour sauver les pauvres ouailles tombées sous le couvert du diable, qui exercerait lui sa liberté de jouir sans entrave et fêter Bacchus sur l’hôtel de la fraternité en bonne compagnie lascive et chaude.

Il exerce son sacerdoce, qui consiste, au nom de sa bonne conscience personnelle du grand sauveur de l’humanité, à cultiver le sentiment de culpabilité chez les pauvres ouailles tombées en amour pour le vin et tous ses qualificatifs sensuels et féminins. Dans le registre des genres afin d’accoutumer la religion du sieur au service du grand sauveur, rien de tel que la messe pour se bourrer la gueule en chœur avec le sang du Christ, à rendre anorexique un(e) vampire qui se respecte ! Non, mais sang dec ! Que celle ou celui issu(e) du ventre des missionnaires, qui n’a jamais ressenti son estomac se barrer en barrique à la première lampée du picrate hécatombe des curetons me jette la première pierre. C’est la solution toute trouvée. Le retour aux fondamentaux, comme à l’école ! Le vin de messe à table ou la lapidation pure et simple des gras-doubles libres-penseurs.

En revanche, le monsieur remonte dans mon estime lorsqu’il hôte sa soutane et ouvre son cœur à des conseils évidents : « Des faits sont raisonnablement avérés comme l’importance de faire de l’exercice physique ou de limiter la consommation de viande rouge ». Je dirai même plus et pour prendre un exemple récent qui répond à l’excellente santé morale et physique de celles et ceux qui en avaient foutrement besoin, je veux évoquer brièvement les assiégée(e)s du récent contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg. Figurez-vous braves gens, qu’à la cantine du village autogéré No-Nato qui confédérait l’amitié franco-allemande si chère au Bartos, non seulement la parité hommes / femmes était respectée mais en plus l’excellente nourriture était végétarienne ! Etonnant non ? Comme quoi, ces manifestant(e)s ont tout compris et de plus ont appliqué en toute liberté les recommandations du bon professeur Maraninchi. De l’exercice physique et au chiotte les cadavres à bouffer !

Autre solution, sans doute plus jouissive que de se saouler au vin de messe de mon saigneur Jésus la rosette de Lyon, pourquoi ne pas se manifester ici et maintenant en toutes les occasions, histoire de révéler notre bonne santé à souhait ? Pourquoi également ne pas trinquer ensemble à nos terroirs subversifs, histoire aussi d’apprivoiser la géographie physique par le rapprochement de nos langues mêlées aux charmes de nos cépages et échanger nos impressions en revendiquant haut et fort un autre futur fraternel et égalitaire ? Ah ! non d’une cacahuète, j’allais oublier les dérivés multiples de la bière ! Sauf qui peut je désespère, de la bière au suaire…

Sources : Le Monde daté du vendredi 10 avril 2008, « Le vin est un alcool, donc cancérigène ». Entretien avec Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du cancer (INCa), propos recueillis par Sandrine Blanchard, page 23.

Le monde libertaire du 16 au 22 avril 2009 : « L’Otan Son contre-sommet », de Pierre Sommermeyer, pages 4 / 5 / 6 / 7.