Martin Hirsch demande aux entreprises d’adopter un jeune

Martin Hirsch demande aux entreprises d'adopter un jeune

Face à la grogne sociale, nos technocrates phosphorent avant les beaux jours. Tant et si bien, et malgré son déni de prendre en compte les laissés pour compte de la crise économique, que le Haut Commissaire à la Jeunesse Martin Hirsch avance une première proposition pour favoriser l’intégration des jeunes dans l’entreprise. Avec une enveloppe budgétaire, qu’il souhaite en réalité mettre sur le dos des bénéficiaires.

Même si la population française vieillit, la jeunesse n’en reste pas moins remuante, surtout à l’approche des beaux jours. En proie à une conjoncture et des idéaux qui favorisent la contestation, le gouvernement met les bouchées doubles pour occuper les moins de 20 ans avant qu’ils ne fassent des bêtises. Ces dernières semaines d’ailleurs, plusieurs faits-divers nous ont rappelé que les jeunes de nos cités n’y vont pas par quatre chemins pour exprimer leur impatience. 2 expéditions punitives dans des établissements scolaires, et tout récemment, l’essai d’une carabine à plombs sur des passants à la sortie d’une école…

Le souvenir des émeutes dans les banlieues reste aussi vivace que la désastreuse épopée du Contrat Première Embauche. Le pouvoir politique souhaite éviter que la jeunesse donne le ton de la révolte à un corps social de plus en plus vindicatif. Et comme les universitaires ne sont pas encore calmés, tous les ingrédients sont réunis pour l’explosion sociale. Face à la crise économique, le gouvernement réfléchit à une hausse des emplois aidés pour lutter contre le chômage des jeunes, a déclaré Christine Lagarde. L’enveloppe des contrats aidés a été augmentée de 100.000 pour atteindre 330.000 dans le projet de loi de finances pour 2009, mais le gouvernement a toujours dit que ce chiffre pourrait être revu à la hausse.

Parmi les pistes présentées mardi lors d’une réunion de concertation, le service civique, promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, devrait monter en charge. L’objectif est d’engager 25.000 à 40.000 jeunes en 2009, et de faire du service civique quelque chose aussi qui soit une arme anti-crise. Il serait volontaire, comme l’ancien ministre Luc Ferry, rédacteur d’un rapport sur le sujet, l’a préconisé, tout en étant rémunéré 600 euros. Hélas, et au vu des lenteurs administratives, il est bien tard pour imaginer qu’une telle mesure puisse être opérationnelle avant l’été prochain, voire avant la fin de l’année !

Mais l’idée la plus originale revient au Haut Commissaire Martin Hirsch, qui souhaite investir 1,5 milliard d’euros pour financer l’embauche et le salaire de 100 000 jeunes en contrats en alternance et pour une durée de 2 ans. Il a dit que Total va consacrer des sommes substantielles aux programmes que nous conduisons, et qu’il est en relation avec plusieurs groupes privés pour mettre en œuvre 6 plans destinés à favoriser l’embauche des jeunes : il y en a un d’entre eux qui est de dire qu’il y a beaucoup de jeunes qui ont un obstacle pour reprendre du travail parce qu’on n’arrive pas à leur financer le permis de conduire.

Pour financer la formation de ces moins de 25 ans, L’État paiera la prise en charge plus grande du salaire pendant 2 ans, a-t-il expliqué sur une station périphérique. En contrepartie, les heureux élus s’engagent à demeurer 3 ou 5 ans dans l’entreprise. L’originalité de la mesure n’est pas tant dans son concept que dans son financement. En effet, Martin Hirsch demande de revoir à la baisse les 30 milliards d’euros d’allègement de charges des entreprises. Cet aspect de la question n’est bien évidemment pas du goût du patronat, très vigilant en ce qui concerne les charges qui pèsent sur leurs établissements. Même si le ministre assure que le surcoût de son idée est seulement de 5 centimes de l’heure travaillée, le Medef a fait part de son peu d’enthousiasme.

En effet, ce que propose Martin Hirsch est loin d’être du gagnant-gagnant : les entrepreneurs sont incités à embaucher une main d’œuvre qu’ils repoussent, mais ne gagnent rien à le faire en retour. Une fois de plus, le sentiment que le pouvoir n’a plus les moyens de sa politique l’emporte : les caisses sont vides et les acteurs économiques sont désormais sollicités pour financer les brillantes idées des politiques. Mais pour une fois, le masque est tombé. Le gouvernement est désormais contraint de faire œuvre de pédagogie pour faire adopter une attitude citoyenne aux entreprises. Ce n’est pas gagné !

 

 


La jeunesse est souvent sacrifiée au présent
Et la guerre en appelle un mille au sacrifice,
La crise en a besoin pour remplir son office
Alors que les aînés font plus chemin faisant.

Pour elle, un tel mépris n’est pas satisfaisant
S’il faut souscrire avant de faire un bénéfice
Quand la morale intègre en maudit l’artifice,
Mais la patience est bien un remède apaisant.

Dans la compétition qui les prend de vitesse,
Ils n’ont pas eu de temps pour la délicatesse
Et ils pourront faire un carton sur les anciens.

Notre gouvernement n’a pas assez d’emprise
Sur la jeunesse en verve avec ces techniciens,
Au demeurant, le jeune a peur de l’entreprise !