Les pages mexicaines d’André Pieyre de Mandiargues

Les pages mexicaines d'André Pieyre de Mandiargues

A l’occasion du centenaire de la naissance du poète (et romancier, qui reçut le prix Goncourt en 1967, pour La Marge), la Maison de l’Amérique Latine présente, du 18 mars au 10 juillet 2009, une exposition qui s’articule autour de deux pôles : le premier est un ensemble documentaire où le voyage de Bona et André Pieyre de Mandiargues (mars à juillet 1958) au Mexique est évoqué à partir de l’exceptionnel album de photographies en noir & blanc dont Bona est le plus souvent l’auteur. Des extraits de textes de l’écrivain guident le visiteur tout au long de son parcours.
Le second ensemble, composé de manuscrits et de documents originaux, tels que les carnets de travail de Mandiargues, les lettres envoyées à ses amis, le journal de voyage de Bona, donnent à voir les différentes étapes du processus d’écriture et le soin avec lequel le couple garde mémoire des événements …

L’un des prétextes à ce voyage mexicain fut l’exposition des peintures de Bona à la Galerie Antonio Souza. A leur arrivée, Octavio Paz les guida à travers Mexico et leur permit de côtoyer Alfonso Reyes, Leonora Carrington ou Wolfgand Paalen. Mais la rencontre se fit aussi avec cette terre radicalement autre qui se prolongera bien au-delà des quatre mois de leur séjour : elle laissera une fulgurante empreinte dans la littérature et dans la vie d’André Pieyre de Mandiargues.
A tel point, que quelques années plus tard, il portera son regard sur la peinture mexicaine et consacrera de splendides pages à trois maîtres contemporains : Francisco Toledo, José Luis Cuevas et Juan Soriano avec lesquels Mandiargues dialogua de 1964 à 1989. Et c’est d’ailleurs dans une salle adjacente que se poursuit cette exposition avec une vingtaine d’œuvres exposées des trois artistes ; accompagnées d’une douzaine de photographies du voyage au Mexique de 1934 d’Henri Cartier-Bresson, ami et complice de Mandiargues depuis l’adolescence …

Pour en conserver le souvenir, Gallimard publie un très beau catalogue au format italien, augmenté d’essais inédits qui dessinent l’échappée poétique que fut le Mexique pour le poète français. N’oublions pas que sans le Mexique, il n’aurait sans doute pas été inspiré à nous livrer des textes aussi éblouissants que La Nuit de Tehuantepec, récit fidèle, à la première personne, d’une épiphanie tropicale (que l’on retrouve à la fin du catalogue, avec une sélection de lettres inédites) ; ou Palenque, visite guidée des ruines mayas métamorphosées en triomphe de l’artifice rococo ; ou encore Le nu parmi les cercueils (que l’on retrouvera dans les Récits érotiques et fantastiques qui paraissent de concert dans la collection Quatro), nouvelle où l’imagination littéraire, créant là une troublante rêverie, choisit pour décor certains motels sordides et magasins de pompes funèbres de Mexico.

Cet anniversaire permettra aux Mexicains d’aujourd’hui de saluer le voyageur poète qui, émerveillé leur offrit en quelques pages indélébiles la surprise de leur propre pays.

NB –
A noter que la célébration du centenaire de la naissance Mandiargues comprend aussi un symposium (Université de Lille III, les 27 & 28 mars 2009), un colloque (Université de Caen / IMEC, qui se tiendra à l’abbaye d’Ardenne du 14 au 17 mai 2009) et la publication, chez Gallimard des Récits érotiques et fantastiques, dans la collection Quarto, d’une Correspondance entre Mandiargues et Jean Paulhan aux Cahiers de la NRF, de L’Age de Craie suivi de Dans les années sordides, Hedera, Astyanax et Le Point où j’en suis dans une nouvelle édition de la collection Poésie ainsi que Ecriture ineffable, précédé de Ruisseau des solitudes et de l’Ivre œil suivi de Gris de perle ; enrichi de sept poèmes inédits, également dans la collection Poésie : ces deux derniers ouvrages à paraître en septembre. Enfin, un Salut à André Pieyre de Mandiargues dans le numéro d’octobre 2009 de la Nouvelle Revue Française et pour 2010 une Correspondance entre Mandiargues et Leonor Fini à paraître dans le collection Le Promeneur.
Pour être totalement complet, signalons également la parution de Le pire, c’est la neige de Jacqueline Demornex chez Sabine Wespieser Editeur en mars 2009 et une Correspondance Mandiargues et Nelly Kaplan chez Tallandier en juin 2009.

Sibylle Pieyre de Mandiargues & Alain-Paul Mallard, André Pieyre de Mandiargues – Pages mexicaines, relié plein papier, 195 x 255 mm, 130 illustrations couleurs et N&B, Gallimard/Maison de l’Amérique latine, 144 p. – 35,00 €