Sarko donne deux billets de cent balles à chacun pour patienter

Sarko donne deux billets de cent balles à chacun pour patienter

Après les banquiers et les patrons du CAC 40, Nicolas Sarkozy s’est tourné vers le reste de la population mercredi soir pour lui proposer à la télévision quelque 200 euros de manière à passer la crise avec plus de bonne humeur.

Bernard Thibault, de la CGT, ne décolère pas à l’issue du sommet social de l’Élysée où d’après lui, il y a eu du sport au cours de négociations qui se sont soldées par une série de mesures d’accompagnement social à hauteur de 2,65 milliards d’euros, qu’il ne cesse de comparer aux 8 milliards d’exonération de taxe professionnelle dont bénéficie le patronat. Forcément, il ne reste plus beaucoup d’argent à distribuer aux pauvres gens une fois qu’il a été consenti à l’essentiel, c’est-à-dire à la préservation d’un outil de création de richesses désormais mis en péril par les effets de la crise.

Nicolas Sarkozy n’a toujours pas pris la mesure de la crise et ses dernières mesures sociales ne sont pas à même de relancer l’économie française, a fustigé le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon : annoncer 2,6 milliards d’aides sociales, c’est presque 100 fois moins qu’aux États-Unis. Le chef de l’État a distribué les restes du banquet des banquiers, il s’est contenté de faire l’aumône aux plus fragiles. Ce n’est pas faux, mais c’est la loi du genre, et à l’heure où le ministère de l’Intérieur est mis sur le pied de guerre afin de faire face à l’escalade de la violence en Guadeloupe, que les risques d’explosion sociale sur l’ensemble du territoire français, sont forcément proposées des mesures ponctuelles, selon Jacques Voisin de la CFTC, qui ne régleront pas les questions de fond. Le patron de la CGC, Bernard von Craeyenest, a lui eu cette formule laconique : on répartit la pénurie !

Bien entendu, il est regrettable de constater à nouveau le manque d’imagination de nos crânes d’œuf d’énarques pour faire face à la crise économique : ces mesures d’urgence, de saupoudrage en raclant les fonds de tiroir destinées à faire patienter ne font pas une politique sociale. Ainsi, une aide exceptionnelle aux personnes âgées et handicapées en bons d’achat de service à la personne d’une valeur de 200 euros permettront aux 660.000 ménages bénéficiant de l’allocation personnalisée d’autonomie à domicile, aux 470.000 familles bénéficiaires du complément mode de garde gagnant moins de 43.000 euros par an, aux 140.000 foyers ayant un enfant handicapé ou les chômeurs qui retrouvent du travail et ont besoin de solutions temporaires pour faire garder leurs enfants, mais ne constituent en aucune manière une réponse aux défis à relever.


Discours de Nicolas Sarkozy à l’issue du Sommet Social

Le chef de l’État a dans les grandes lignes, annoncé que le versement des 2 derniers tiers provisionnels de l’impôt sur le revenu en 2009 serait supprimé pour plus de 4 millions de foyers modestes, soit un gain moyen par ménage de 200 euros… Un dispositif de crédit d’impôt devrait permettre de réduire l’impôt de deux millions de ménages supplémentaires. Une prime de 500 euros sera par ailleurs versée aux personnes inscrites comme demandeurs d’emploi à partir du 1er avril et ayant travaillé entre 2 et 4 mois, mais pas suffisamment pour percevoir des indemnités chômage. Une prime de 150 euros sera versée en juin aux trois millions de familles bénéficiant de l’allocation de rentrée scolaire et des bons d’achat de service à la personne de 200 euros seront distribués à 1,270 million de ménages.

Si ce n’est pas l’aumône faite au bon peuple, ça y ressemble un peu ! Nicolas Sarkozy espère que 2 billets de 100 balles inciteront les Français modestes et des classes moyennes à patienter en faisant le dos rond pour lui laisser le temps de mettre ses réformes de modernisation du pays sans regimber, mais c’est bien mal connaître la réalité du coût de la vie au quotidien. En effet, cette marge de manœuvre représente une dizaine d’euros supplémentaire pour chaque ménage, et c’est bien peu de choses pour faire face aux échéances de la vie de tous les jours.

 

 


Un peu de saupoudrage à l’égard de tous ceux
Qui n’ont pour seul devoir que celui de se taire,
Un peu d’argent pour suivre un climat délétère
Avant que ça n’éclate au nez des plus chanceux.

Ça fait longtemps qu’il n’a pas vu de paresseux
Mais pas non plus depuis vingt ans de prolétaire,
C’est donc la bonne action qui nous est salutaire
À nourrir de nouveau de bons moutons graisseux.

Il leur faut plus d’effort et beaucoup de patience,
Et le gouvernement n’a pas eu moins de science :
Les pouvoirs publics ont deux billets pour chacun.

Chez eux, ailleurs, partout se présente une attrape
Très en usage à Rome au temps, dont plus aucun
De nous savons qu’ils sont tous passés à la trappe !