Le CIRA du Limousin a été créé en 2008 avec les mêmes intentions que les CIRA de Lausanne (Suisse) et de Marseille : recueillir et mettre à la disposition du public et des chercheurs des documents relatifs au mouvement anarchiste et anarcho-syndicaliste ainsi qu’au mouvement social en général.

Le colloque organisé en mai dans la Haute-Vienne s’intitule Vivre l’anarchie. Il s’arrêtera sur diverses expériences communautaires et autres réalisations alternatives antiautoritaires au XIXe et au XXe siècles. L’idée n’est pas de regarder avec nostalgie dans le rétroviseur pour dire : « C’était vachement mieux avant ». Au risque de pondre une lapalissade, rappelons ici que ce qui est du passé pour nous a été le présent parfois tumultueux de camarades qui ne programmaient pas leurs colères et leurs désirs de transformations sociales en fonction du calendrier des vacances scolaires...

En 2009, le monde vit une crise d’une rare cruauté. Sale temps pour les pauvres d’un bout à l’autre de la planète. Échaudées par des dictatures du prolétariat qui se transformaient vite en dictatures sur le prolétariat, les foules, dont des militant-e-s épuisé-e-s, trahi-e-s et écœuré-e-s, ont longtemps regardé en deux fois avant de s’engager dans des aventures qui risquaient de leur revenir dans la gueule comme des boomerangs.

Sans oublier les « erreurs » du passé, vingt ans après la chute du mur de Berlin et l’effondrement du communisme réel, l’espoir renaît, les esprits s’ouvrent. « Tout un pan de la tradition socialiste et ouvrière que l’approche marxiste stalinienne dominante avait stigmatisé comme utopiste sort de l’ombre, expliquent les militants du CIRA. Qu’il s’agisse du commerce équitable, des vertus du crédit gratuit ou de l’économie sociale, nous assistons à une véritable réhabilitation posthume d’une tradition émancipatrice qui avait été l’apanage des premiers socialistes et qu’il est possible de retrouver dans de multiples manifestations anarchistes du XIXe et du XXe siècle. »

Pour contrer les campagnes de désinformations politico-policières d’hier et d’aujourd’hui, il est grand temps de déchirer les images d’Épinal qui font des anarchistes ou des poseurs de bombes ou des doux rêveurs, « Les courants libertaires ont su impulser dès leur origine des pratiques militantes visant à favoriser le changement social radical au moyen de réalisations de projets de communautés de vie ou de travail en rupture avec les conditions de vie et de production de leur temps », reprend le CIRA. À leur manière, les anarchistes prolongeaient ainsi l’action de Charles Fourier et des réformateurs sociaux d’avant 1848.

Le colloque du CIRA va explorer un vaste champ de réflexions. En s’arrêtant sur quelques expérimentations sociales qui débordent parfois le cadre strictement anarchiste et/ou libertaire, il offrira des interrogations sur leur pertinence et leur portée dans le monde d’aujourd’hui.

EXTRAITS DU PROGRAMME

Vendredi 1er mai

De 14h30 à 17h30 : Du socialisme expérimental à l’anarchisme réalisateur. Expérimentation et changement social au sein des courants socialistes au cours du XIXe siècle - Le Phalanstère est un laboratoire. La science sociale expérimentale de Charles Fourier entre théorie et pratique - Réalisations et réalisateurs proudhoniens - Éducation et révolution : l’enfant et le changement social chez les fouriéristes, les communistes icariens et les anarchistes.

À 21h : Projection du film de Jean-Louis Comolli, La Cecilia (1975).

Samedi 2 mai

De 9h30-12h30 : Insurrection ou évolution ? : tendances et manifestations de l’anarchisme réalisateur jusqu’à l’entre-deux-guerres - La Cecilia : quels enseignements pour les anarchistes du XXIe siècle ? - Vivre en anarchiste à la Belle Époque : la tentation de l’illégalisme pour échapper au salariat. Débats au sein des milieux individualistes dans les années qui précèdent la guerre - L’Anarchisme réalisateur d’E. Armand - Les colonies anarchistes de l’Entre-deux-guerres : de la mêlée au désert.

De 14h30à 17h30 : Le renouveau des expériences réalisatrices et/ou alternatives depuis les années 1960 - 1968 à 1978 : Communautés libertaires et rejet des pratiques « politiques » institutionnalisées - La Fourmilière américaine : de la microsociété au groupe affinitaire. Anarchisme diffus ou anarchisme confus ? - Christiania : une quasi anarchie depuis 1971.

À 21h : Projection du film Autrement (documentaire réalisé et produit en 2002 par une équipe liée à Espace Noir, lieu culturel autogéré de Saint-Imier dans le Jura suisse).

Dimanche 3 mai

De 9h30 à 12h30 : Persistance et actualité des stratégies réalisatrices - Vivre autrement en Suisse - Squats, une expérience collective urbaine.

Avec la participation de nombreux intervenants (Gaetano Manfredonia, Pierre Mercklé, Olivier Chaïbi, Nathalie Brémand, Ronald Creagh, Isabelle Felici, Anne Steiner, Céline Beaudet, Marianne Enckell, Edward Sarboni, Jean-Manuel Traimond, Claire Auzias, Jean Berthaut...).

Le colloque est organisé dans le superbe château de Ligoure (Haute-Vienne). Hébergement au château : 10€ la nuit. Possibilité de camper sur place. Restauration midi et soir. Repas : 8€ (boissons non comprises). Petit-déjeuner : 3€. Un espace mômes est prévu. Il est impératif de réserver.

Pour financer le colloque Vivre l’anarchie, le CIRA met en vente une cuvée spéciale de vin de Bordeaux : la cuvée Élisée 2005 (Appellation Graves de Vayres), un vin élaboré par des descendants d’Elisée Reclus. Prix de soutien : 50€ les six bouteilles. 9€ la bouteille. Chèques à l’ordre de "CIRA Limousin" à envoyer à CIRA Limousin, Marsaleix 19700 Lagraulière.

Plus d’informations en écrivant à cira.limousin@free.fr ou en téléphonant au 06 64 36 95 21.

Vous trouverez le programme complet du colloque et des infos pratiques (itinéraire...) sur le site de Vivre l’anarchie