Avis de Tempête sur les Universités françaises

Avis de Tempête sur les Universités françaises

Pauvre pécheresse ! Valérie Pécresse a péché par excès de confiance et manque d’expérience politique. Bûchant depuis un an et demi la réforme des universités, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a cru pouvoir se consacrer à sa campagne électorale pour 2010. La désignation d’une médiatrice pour désamorcer la crise est une nouvelle étape dans l’aveuglement d’une femme politique tout entière dévouée à sa soif de pouvoir.

Le conflit qui perdure entre Valérie Pécresse et les différents acteurs des universités a trouvé un nouvel élément de tension, en la nomination de Claire Bazy-Malaurie, pour approfondir la concertation, le retravailler, ce dossier du statut des enseignants-chercheurs qui peine à trouver une issue… Les syndicats y ont immédiatement vu un aveu d’impuissance, et les mots d’ordre pour la mobilisation de leurs troupes en vue de la manifestation de mardi ont redoublé d’intensité.

La ministre est prise entre deux feux, avec d’un côté la réforme des université qui ressemble au mythe de Sisyphe, comme la plupart de ses prédécesseurs peuvent en témoigner. Qu’ils soient de droite ou de gauche, le mamouth demeure increvable, fidèle à lui-même et rétif à la moindre purge. D’où vient une telle incapacité à évoluer ? L’université demeure une extraordinaire usine à fabriquer des chômeurs, et à les retenir en même temps dans l’enceinte des facultés depuis 30 ans.

Les étudiants en statut d’échec en sont rejetés sans ménagement quelques années plus tard, le temps que leurs parents se lassent ou que leurs finances ne parviennent plus à suivre… Les autres persistent dans un circuit sans grand avenir, mais où ils acquièrent des grades et des diplômes qui les valorisent, puis accèdent à des responsabilités au sein du corps enseignant, ce qui leur donne l’illusion d’être intégrés dans un grand corps de la fonction publique, prestigieux mais sans débouché à l’extérieur.

La machine administrative a cette caractéristique de se nourrir d’elle-même, telle une hydre ou une bactérie qui se nourrirait des éléments allogènes passant à proximité. L’université n’échappe pas à cette règle, d’autant plus que le chômage de masse n’incite pas à tenter l’aventure sur le marché. Sans compter la dévalorisation de la plupart des diplômes, du fait de la mauvaise impression qu’ils donnent aux conseils en recrutement et aux services des ressources humaines qui en connaissent parfaitement les contours pour être eux aussi passés par-là !

Alors, ceux qui se trouvent aux commandes d’une telle machine se sentent plein d’orgueil à mesure qu’elle croît, que le nombre de subalternes augmente, avec celui des personnels à qui donner des ordres… Ils n’ont pas très envie de se voir retirer leur beau jouet, et envoient au front leurs jeunes collègues en les nourrissant de leur parfaite considération. Qu’importent les objectifs et les moyens de la réforme, peu leur chaut qu’elle soit présentée par un ministre libéral, progressiste ou franchement réactionnaire : elle atteint forcément le périmètre de leur pouvoir.

La mobilisation syndicale est d’autant plus importante au sein des universités qu’elle est programmée au sommet. Les syndicats étudiants fonctionnent en osmose avec leurs homologues enseignants, à la manière des corporations du Maréchal-nous-voilà ! C’est ainsi que l’université française forme un bloc à peu près compact, imperméable à toute approche de l’extérieur. Au contraire des grandes écoles, où les entreprises sont accueillies avec d’autant plus d’aménité qu’elles sont susceptibles de vider les classes après les examens et les concours de sortie, aucune n’a droit de cité à l’université…

Valérie Pécresse, qui n’a pas connu les heurs et les malheurs de l’école publique, avant d’intégrer HEC, puis l’ENA, ne connaît rien aux rouages grippés de l’université. En établissant un planning de réforme à son entrée au gouvernement Fillon, elle avait cru pouvoir s’y tenir, avant de s’apercevoir à la rentrée 2007-08 qu’il était nécessaire de tout recommencer après les vacances… Il se produit exactement la même chose aujourd’hui, sauf qu’elle s’est engagée dans une compétition avec son collègue Roger Karoutchi, pour obtenir la tête de liste UMP des élections régionales en 2010.

Pas de chance, Nicolas Sarkozy s’est autorisé à mettre le généticien Axel Kahn dans le bain de la réforme des universités, ce qui a eu pour conséquence immédiate de le désigner comme collaborateur aux yeux de ses collègues en conflit et des petites mains qui doivent faire les frais des mesures gouvernementales… Il a immédiatement démenti être en phase avec les objectifs assignés par Valérie Pécresse, qui se voit une fois de plus au pied du mur.

 

 


L’abcès s’est entr’ouvert sur le grand corps malade
Et fuit d’un fiel qui pue au nez des grands docteurs
Qui sont bien aise en somme, à faire en malfaiteurs
Les preux magiciens noirs sans croire à leur salade.

Hélas, nos fiers mentors n’ont plus leur marmelade,
Contraints qu’ils sont montrés du doigt en débiteurs
D’un peuple accordant moins de foi en des pasteurs
Marqués d’avoir conduits tout le monde en balade !

Nous n’avons rien compris à leurs jeux malheureux
Et nous n’en savions rien nous, pauvres culs-terreux
De leur noble excellence à nos grands yeux surfaite.

Mais la maîtresse est prise en somme au double jeu
Qui sans peur trop embrasse avant de voir défaite
Sa faim pour n’avoir pas fait un choix dans l’enjeu !