HÔPITAUX : ET SI ON EN DISAIT DU BIEN !

HÔPITAUX : ET SI ON EN DISAIT DU BIEN !

Les médias sont bien cruels de commenter, tous les jours ou presque, la mort à l’hôpital. N’ont-ils rien d’autre à foutre, que de cracher au visage de celles et ceux qui travaillent avec tant de professionnalisme et de dévotion.

Salir l’Hôpital et tirer sur l’ambulance, c’est tellement plus facile que de parler des dérives de ceux qui nous gouvernent et qui ont la main mise sur la majorité de la Presse écrite et parlée. Tout le monde sait que le plus grand risque est celui de ne pas en prendre et que partant de là, l’erreur est humaine "errare humanum est". Des erreurs, il y en a toujours eu et il y en aura encore. Ces erreurs servent malheureusement à avancer, en prenant grand soin de ne pas les renouveler. Ceux qui ne peuvent juger se permettent de le faire sans cesse, en prétendant qu’ils ne trompent jamais, alors que la perfection n’est pas de ce monde et qu’il faut prendre en compte tous les paramètres aggravants de ces défaillances humaines.

Certes il y a des décès consécutifs ou pas à des erreurs, souvent sur des gestes répétitifs et après des conditions de travail qui sont illégales. Comment être totalement vigilent après une nuit de garde et des interventions multiples auprès de malades en difficulté. Oui, c’est atroce pour des parents de perdre un enfant confié à des spécialistes de la Santé Publique. Il n’est pas dans l’ordre logique et naturel des choses que les enfants disparaissent avant leurs parents. Un deuil est toujours cruel et inacceptable... surtout lorsqu’on pense que l’Hôpital peut sauver l’être tant aimé. Oui, certains malades attendent parfois plusieurs heures sur un brancard et dans un couloir... cela a été le cas de ma mère, dont la pathologie a été jugée moins urgente que celle de son voisin de couloir qui faisait une embolie pulmonaire.

Il faut arrêter, Madame Bachelot, de prétendre qu’il n’y a pas de manque de personnel d’astreinte à l’Hôpital lors des dimanches et des jours fériés. Il faut arrêter, Madame Bachelot, de jouer avec le budget de la Santé... car en matière de Santé, il ne doit y avoir aucune restriction de moyens humains et matériels. Il faut arrêter, Madame Bachelot, de prendre les Médecins et les Infirmières pour des esclaves qui vous doivent une totale obéissance. Votre devoir de Ministre est de tout mettre en oeuvre pour leur garantir des salaires décents et des conditions de travail acceptables. Arrêtez le massacre de la fermeture des hôpitaux locaux et des cliniques, arrêtez de les montrer du doigt lorsqu’ils font des erreurs dont les décisions politiques sont responsables... surtout lorsqu’il n’y a pas de concertation avec les travailleurs concernés, car à force de tirer sur la corde elle se rompt et plus dure en sera la chute pour vous.

Écoutez le Docteur Patrick Pelloux qui tire la sonnette d’alarme, depuis les décès massifs consécutifs à la canicule de 2003 et vous comprendrez que le malaise de l’Hôpital est votre oeuvre et celle de vos prédécesseurs. La polyvalence n’a pas lieu d’être à l’Hôpital et chacun doit pouvoir rester dans le Service pour lequel il est spécialisé. A l’Hôpital, beaucoup trop de gens commandent ou décident à la place des spécialistes et des Chef de Services... il y a beaucoup trop de pilotes dans l’avion et cela favorise les risques.

N’oublions pas toutes ces vies sauvées et tous ces corps guéris ou réparés, grâce aux Médecins et Chirurgiens de nos hôpitaux. Gardons en mémoire le travail admirable de nos Infirmières et de nos Aides-Soignantes qui mettent les mains dans les pansements souillés ou autres résidus corporels... cela n’a rien de réjouissant et pourtant ces personnels le font, le plus souvent, avec le sourire. Qui accueille les accidentés de la route et les grands brûlés. Quant aux unités mobiles d’urgences, elles sont des hôpitaux avancés qui se déplacent jusqu’à votre domicile ou vous ramassent sur la route... alors combien de vies épargnées suite à l’intervention de ces équipes. Voila l’hommage qu’il faut rendre à tous ces gens qui méritent notre extrême reconnaissance. N’oublions pas les grands hommes, comme Christian Cabrol qui a été le pionnier de la greffe cardiaque en France... que serions-nous sans eux.
Si l’Hôpital n’existait pas, j’aurais perdu toute ma proche famille.

Arrêtons d’être lâches et procéduriers. Remercions celles et ceux qui nous prolongent... sachant que nous sommes tous mortels, à plus ou moins long terme.