Magma "se noie dans Coltrane" et dans "Jazz Magazine"

Magma "se noie dans Coltrane" et dans "Jazz Magazine"

Autre épisode du jazz en ébullition, les aventures des 40ème rugissants, Magma qui fêtera en 2009 ses quatre décennies d’existence : Magma Christian Vander raconte : Je me noyais dans Coltrane en couverture du numéro de novembre 2008 de jazz magazine.

En 1980, Ramon Pipin’s Odeurs clamait sur sa pochette 1980 : No Sex ! et pour cause, une malheureuse poupée gonflable en manque d’amour je suppose, passait de vie à trépas sous le fil de son rasoir dans sa douche. Il en débouchait une kyrielle de musiciens qui viendront porter l’humour musical à Ramon, dont Stella Vander, Liza Deluxe, Richard Pinhas… proches ou voisins de l’univers de Magma. Plus récemment encore, Klaus Blasquiz se prêta au chant lors du concert Odeurs en public, le 6 mai 2008.

De cet héritage, de cette catharsis musicale, c’était l’occasion de demander à Anne Ramade et Stéphane fougère spécialistes de Magma et de ces musiques dites progressives apparues à la fin des années 60, de nous aider à y voir plus clair, dixit Franck Bergerot. Même si sans jouer sur le mots, Éric Deshayes et Dominique Grimaud auteurs de l’underground musical en France(*) en connaissent aussi un morceau de choix ! (J’y reviendrai dans une prochaine chronique en 2009).

L’intérêt que je peux porter à l’effervescence Magma touche surtout le fait que comme pour Zappa et toutes les musiques que j’ai choisies de me mirer dans les tympans, elles n’entrent dans aucune catégorie. Je me rappelle une interview de Robert Wyatt pour France Culture qui ne jurait que par Round Midnight et une autre de Daevid Allen qui entonnait So What de Miles Davis, surtout lorsque l’on sait les dérivés multiples vers lesquels ces musiciens composèrent et composent toujours leur art !

D’autant que mes rapports à Magma étaient plus que conflictuels à l’âge de gros con d’ado boutonneux, me souffle le Bartos qui était pétri de l’esprit du Krautrock allemand mais aussi d’humour et de dérision. Les incantations de la bande à Vander Christian l’effrayaient et ne lui déridaient pas les zygomatiques, puisque comme Vander le dit, on cherchait à réveiller les gens. Les mesures s’enchaînaient. On ne pouvait jamais être tranquille. Theusz Hamtaahk et Wurdah Itah ont été faits assez rapidement, Mëkanik Destruktiv Kömmandöh en était l’aboutissement, le OM. Je disais dans le temps que c’était mon My Favorite Thing à moi. J’avais envie d’entendre ces climats obsessionnels qui n’en finissaient plus et qui me mettaient dans l’état dans lequel j’étais en écoutant My Favorite Things avec le chorus de Coltrane qui s’étale, l’interminable (dans le bon sens du terme) solo de Mc Coy, et cette chanson fantastique. (page 23)

N’empêche, il lui aura fallu le recul et l’imprégnation musicale nécessaires au Franckos pour pouvoir aborder les rives de la riche histoire de Magma, l’apprécier à sa juste mesure afin de comprendre enfin le joint et le dépassement d’avec les tribulations de la planète jazz. On n’allait pas refaire la musique de Coltrane, surtout à ce moment là. J’ai préféré faire une musique qui me brûlerait les mains (Christian Vander). Pigé mec ! Même si encore une touche de sympathie court à la rythmique drolatique du côté de chez Guigou Chenevrier d’Etron Fou Leloublanc, durant ses solos de batterie, coiffé d’un antique casque militaire, (qui) caricaturait devant son public hilare, les grimaces et mimiques du leader de Magma (in L’Underground musical en France, page 219).

Alors, peut-on se targuer de dérision avec tout et toutes les musiques cosmiques qui marinent avec le jazz et s’immiscent dans le rock des ébats amoureux fructueux pour nous cracher à la tronche les initiales de ses attributs, sa tribu, sa tribune d’en avant la zizique ? Chiche !

Jazz magazine par ses dossiers très sérieux casse les digues, navigue jusqu’au sémaphore, ne cale pas à la première lame de fond et éclaire notre oreille musicale aux mélanges des styles, à la fusion des genres. On se lave les oreilles. On lit les musiques entre les lignes aux débouchées des jazz qui se jettent dans la mer démontée, affluents des vibrations actuelles et d’hier.

Avec Jazz magazine, c’est à chacun d’évaluer de dévaler les pentes de ses rythmiques, ses chorus et se créer sa propre écoute en connaissance de cause. La cause est toujours bonne à défendre les musiques qui ne ressemblent à aucune autre et qui évoluent comme un cépage du Médoc.

Santé, à boire les notes sans modération et garder en bouche les aromes musicaux. Quel régal !

Jazz Magazine : Les disciples Les héritiers Les CD cultes MAGMA Christian Vander raconte. Je me noyais dans Coltrane (n° 597, novembre 2008).

(*) Éric Deshayes et Dominique Grimaud L’Underground musical en France, éd. Le Mot et le Reste, novembre 2008.