Sabotons l’anti-terrorisme

Sabotons l'anti-terrorisme

La justice a prononcé hier soir la remise en liberté de Julien Coupat. Le parquet s’acharne et a fait appel. Pour leur part, les comités de soutien aux inculpés du 11 novembre vont organiser, du 15 au 25 janvier, dix jours d’agitation contre les lois anti-terroristes. Faites du bruit !

Bonne nouvelle. Un juge des libertés et de la détention a signé samedi soir une ordonnance de remise en liberté pour Julien Coupat suite à une demande de l’avocate Irène Terrel. Mauvaise nouvelle. Le parquet a immédiatement pris un référé-détention, appel suspensif, contre la décision du juge. « Une procédure exceptionnelle qui n’a pas lieu d’être », déplore Irène Terrel. L’appel du parquet sera examiné mardi par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. En attendant, Julien Coupat reste en cabane. La justice n’a pas encore examiné la demande de remise en liberté concernant Yldune Levy, la seconde inculpée incarcérée.

Une situation lamentable qui est suivie de près un peu partout en France. Passée l’incroyable onde de choc médiatique, la riposte s’organise pour soutenir les inculpé-e-s du 11 novembre. Les habitants de Tarnac, plus enclins à croire ce qu’ils vivent au quotidien que ce qu’ils ont pu lire et entendre dans des médias aux ordres d’un gouvernement aux abois, ont été les premiers à réagir. Depuis, les comités de soutien poussent comme des champignons. Strasbourg, Paris, Nancy, Rouen, Limoges, Tulle, Marseille, Blois, Agen, Périgueux, Lyon, Nantes, Brest, Forcalquier, Beauvais, Nancy, Annecy, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Alès, Rennes… mais aussi Berlin, Moscou, New York, Barcelone, Bruxelles, Liège, Genève… ont leur comité.

Une telle solidarité fait plaisir à voir. Tout n’est pas perdu. Quelques réflexes subsistent malgré les piqûres anesthésiantes massivement administrées par les docteurs Maboul du pouvoir. Il faut continuer à créer des comités en s’appuyant sur des groupes, partis ou syndicats existants ou tout simplement sur des collectifs d’individus qui n’ont pas envie de se pacser avec Big Brother.

La pression doit être maintenue pendant tout le déroulement de l’enquête. L’affaire ne doit pas passer aux oubliettes pendant la « trêve des confiseurs » ni après les fêtes. Le rouleau compresseur des mauvais coups (crise économique, fermetures de boîtes, licenciements, menaces sur les services publics…) ne doivent pas occulter cette scandaleuse affaire qui concerne tous ceux et celles qui n’ont pas envie d’être enterré-e-s vivant-e-s dans les fosses communes du capitalisme. Après les neuf de Tarnac, Rouen et Paris, qui se transformera en « ultra épouvantail » parmi les manifestants, les ouvriers en lutte, les anti-nucléaires, les lycéens… pris dans les filets des lois d’exception ?

Pour arriver à leurs fins, les cerveaux malades de l’anti-terrorisme n’ont pas fini de tordre le cou à la réalité pour la coincer dans leur logique scabreuse. On a vu à Tarnac comment on transformait des épiciers en « ultra anarcho-autonomes », comment on transformait un supposé auteur de livre (vendu légalement dans toutes les librairies) en « chef », comment on transformait des manifestants en terroristes… Les inculpé-e-s sont bien vu-e-s à Tarnac, ils rendent service aux personnes âgées, sont membres du comité des fêtes ? Pour leurs accusateurs, c’est louche… Les inculpé-e-s n’ont pas de téléphones portables ? Pour leurs accusateurs, c’est la preuve qu’ils ne veulent pas être repérés… On ne retrouve pas de traces ADN pour confondre les inculpé-e-s ? C’est parce que ce sont des pros de l’action clandestine… C’est tragiquement simple, toute absence de preuve se retourne contre les inculpé-e-s. Dans ce délire, le fait que de nombreux comités de soutien existent en France et à l’étranger conforte les enquêteurs et les ministres dans l’idée qu’ils ont mis la main sur de « gros poissons »… Au secours !

En janvier, les dix jours d’agitation contre les lois antiterroristes compteront pour la suite de l’affaire. Il est urgent de casser l’opération de basse communication orchestrée par le ministère de l’Intérieur. Les charges qui pèsent sur les neuf inculpé-e-s doivent être requalifiées. Les deux embastillés doivent être immédiatement relâchés.

Le comité de soutien aux inculpé-e-s du 11 novembre n’est pas une organisation structurée. Il n’y a pas de bureau national, de cellule, de section et tout le toutim. Tout repose sur le dynamisme et l’imagination de chacun-e. Le comité de soutien se borne à relayer les initiatives sur son site Internet. Les actions qui se dérouleront entre le 15 et le 25 janvier serviront aussi de caisse de résonance pour la manifestation nationale prévue le 31 janvier.

Organisateurs, musiciens, comédiens… vous pouvez contacter cette adresse pour plus de précisions.

Les deux premiers numéros des Échos de la Taïga, bulletin d’information du comité de soutien aux inculpés de Tarnac, sont téléchargeables sur le site de Jura Libertaire. Diffusez-les le plus largement possible sur Internet (listes, sites divers et variés) ou en les photocopiant (deux A3 recto verso pour 8 pages) pour les manifs, les tables de presse, les librairies militantes, etc. Prochain numéro prévu pour le 11 janvier.

Pour plus d’informations, apporter un soutien financier, signer la pétition, signaler des actions, offrir des dessins pour des affiches, etc., allez sur le site du comité de soutien