2 minutes avec Mesrine, L’Ennemi public n°1

2 minutes avec Mesrine, L'Ennemi public n°1

Le casting de L’Ennemi public n°1, deuxième volet du diptyque de Jean-François Richet consacré à Jacques Mesrine, est conséquent. Le 19 novembre, des gens comme Vincent Cassel, Ludivine Sagnier, Mathieu Amalric, Gérard Lanvin, Michel Duchaussoy, George Wilson… et Jérôme Boyer vont se partager l’affiche. Euh, Jérôme Boyer, c’est qui ?

Comme Mesrine, Jérôme Boyer a plusieurs identités et visages. Sergio Spaghetti, c’est lui. Le vigile Harold (qui exerce en string façon léopard), c’est toujours lui. Le Champion du monde de n’importe quoi, le Professeur de la Brigade des donneurs de leçons, la Momie dans les performances chorégraphiques de La Bazooka, c’est encore lui ! Et l’on pourrait passer un bon moment à énumérer ses apparitions dans les festivals, les réceptions, les centres culturels, les fêtes populaires…

Né en 1974, ancien élève de l’école de théâtre du Havre, Jérôme Boyer a bien tracé son chemin. Quand il n’anime pas des ateliers de théâtre ou d’expression corporelle dans les établissements scolaires, dans les Instituts médico-éducatifs ou les Centres d’aide par le travail, il trouve le temps de faire l’acteur. On l’a vu sur les planches pour jouer dans des œuvres de Bertold Brecht, de William Shakespeare, d’Eugène Ionesco, de Molière, de Jean Tardieu… On l’aperçoit au cinéma dans La Soule (de Michel Sibra), dans Selon Charlie (de Nicole Garcia), dans Disco (de Fabien Onteniente) et, donc, dans Mesrine - L’Ennemi public n°1 (de Jean-François Richet) qui sortira le 19 novembre.

Depuis quelques années, tu fais des apparitions dans des films grand public. Comment as-tu décroché ta place dans Mesrine - L’Ennemi public n°1 ?

Jérôme Boyer : J’ai été informé qu’un casting était organisé par le Pôle Image de Haute-Normandie pour faire de la figuration sur ce film. J’y suis allé pour accompagner des amis comédiens, mais je ne souhaitais pas y participer. À Rouen, j’ai croisé le directeur de casting avec lequel j’avais travaillé sur Selon Charlie, le film de Nicole Garcia. Il m’a proposé de passer le casting parce qu’il cherchait un acteur pour un petit rôle de gendarme. Il n’en savait pas plus sur l’importance et sur la nature exacte de la scène. J’ai passé ce casting sans trop y croire. Il m’a rappelé quelques jours plus tard pour m’informer que j’avais été retenu. Il était toujours dans l’incapacité de me donner plus de précisions sur la séquence à tourner. Malgré ce manque d’information, j’ai accepté.

Ton intrusion dans le film de Jean-François Richet n’est pas de la simple figuration. C’est un petit rôle de deux minutes, mais c’est un vrai rôle. Raconte nous comment les choses se sont calées.

Jérôme Boyer : On m’a donné rendez-vous le 26 mai 2007 dans la commune de Routot, dans l’Eure, tôt le matin, car je n’avais pas pu faire d’essayage costume au préalable. L’ambiance était plutôt détendue, mais j’attendais avec une certaine impatience que l’on me donne des précisions sur la journée et sur la scène que je devais jouer. Peu après l’habillage, je suis passé dans les mains du coiffeur, puis de la maquilleuse et enfin d’une costumière pour une dernière retouche sur le pantalon. J’ai dû manger seul, une heure après tout le monde, en quatrième vitesse, avec une costumière sous la table en train de terminer les coutures ! On m’a conduit sur le lieu du tournage où m’attendait le réalisateur ainsi que les autres comédiens pour une répétition. À cet instant, je n’avais toujours aucune info sur la séquence ! Après avoir manifesté quelques agacements bien légitimes, on m’a expliqué brièvement que je devais contrôler des véhicules, que la séquence n’était pas écrite et que mon sens de l’improvisation allait m’être très utile. Super... Mais un peu angoissant ! Après quelques ratés (que l’on peut aisément attribuer au stress), j’ai pris pour la première fois conscience que la caméra était à mon service et non l’inverse. Les plans se sont enchaînés sans difficulté majeure... pendant que le temps commençait à virer à l’orage. Tout devait donc être tourné rapidement.

Sans tout dévoiler, peux-tu nous dire à quel moment et à dans quelle situation tu interviens dans le film ?

Jérôme Boyer : Mesrine et François Besse (son lieutenant) viennent de faire un casse au Casino de Deauville. Ils sont recherchés par la police, la gendarmerie et l’armée qui installent des barrages sur de nombreuses routes du département. Les deux malfrats ont pris en otage une famille de paysans. Ils demandent qu’on les conduise dans un lieu plus sûr. Pendant le trajet, la voiture des otages se retrouve sur l’une des routes où un barrage vient d’être installé. Je suis l’un des gendarmes affectés au contrôle des véhicules...

Dans Mesrine - L’Ennemi public n°1, tu es entouré par plusieurs « vedettes ». Pas trop intimidant ? C’était comment l’ambiance sur le tournage ?

Jérôme Boyer : Lorsque je fais mon métier d’acteur, je ne suis pas intimidé par les personnes avec lesquelles je travaille. Très franchement, je n’y pense pas. Je me concentre sur ce que j’ai à faire et sur la complicité que je peux trouver avec mes partenaires de jeu. Peu importe qui se trouve en face de moi. J’ai croisé Vincent Cassel et Mathieu Amalric sur ce tournage, mais nous n’avons eu que quelques minutes pour échanger car le rythme de la journée était très soutenu. C’est dommage, j’aime bien discuter avec les autres acteurs pour décompresser entre les changements de plans. Pour conclure, je dirais que l’ambiance était « studieuse » parfois « électrique » et que j’ai mis quelques heures à m’acclimater.

Tu es docker dans Disco et gendarme dans L’Ennemi public n°1. Aimerais-tu incarner des métiers particuliers à l’écran ?

Jérôme Boyer : Des métiers particuliers, non. Des personnages particuliers, des caractères particuliers, bien sûr ! Je rêve de rôles de méchants, de pervers, parce que c’est certainement plus intéressant, plus riche et, là, j’aurais vraiment l’impression de faire mon métier d’acteur. À ce jour, je n’ai incarné au cinéma que des personnages un peu trop lisses.

Le public a pu te voir au festival du film américain de Deauville ou au festival Du Grain à démoudre, mais c’était dans les habits un peu étriqués du sympathique Sergio Spaghetti. Songes-tu à réserver un smoking à ta taille pour les prochains festivals ?

Jérôme Boyer : Non ! Sergio Spaghetti est l’égérie d’une célèbre marque de pâtes alimentaires… Étant contractuellement lié jusqu’en 2015, une clause lui interdit toute transformation physique et vestimentaire, mais Sergio ne semble pas s’en plaindre ! Cependant, je lui transmettrai votre question, qu’il trouvera certainement très pertinente.

Quels arguments te viennent à l’esprit pour inciter les gens à aller voir en masse Mesrine – L’Ennemi public n°1 ?

Jérôme Boyer : Allez-y ! C’est certainement mon dernier film ! Non, sérieusement, je vous encourage vivement à aller voir ce film car le cinéma français a rarement produit un polar d’une telle intensité. Ce diptyque est une réussite comme le prouve l’engouement du public pour L’Instinct de mort. Le second épisode promet un spectacle à la hauteur de ses ambitions.

Quels sont tes projets pour les mois à venir ? Ce sera cinéma ou théâtre ?

Jérôme Boyer : Bonne question ! J’ai des projets au cinéma, mais je ne suis pas en mesure de les dévoiler car il y a des incertitudes (ce n’est pas de la superstition !). Je peux tout de même parler d’une participation sur le court-métrage de Matthieu Serveau qui se tournera au Havre dans la première quinzaine de décembre. Ensuite, j’ai travaillé sur deux courts-métrages en 2007. J’ai très envie d’accompagner ces films dans des festivals car je suis plutôt fier du travail réalisé sur ces deux fictions où j’ai dirigé des enfants débutants. En ce qui concerne le théâtre, je travaille sur une création en spectacle de rue avec Mary Berkelmans, une comédienne havraise. Je projette également de monter un spectacle pour le jeune public autour de l’univers de la magie et de la marionnette.

Pour conclure, une question pour les amateurs de bilboquet. Je crois savoir que tu es un expert. Tu devais t’attaquer au record du monde (5000 coups en 24 heures), qu’en est-il ?

Jérôme Boyer : Ah, je me doutais bien que cette question allait être posée ! A-t-on la possibilité de prendre un joker ou d’appeler un ami ? Non ? Ok, je m’y colle. Pour la petite histoire, ce sont mes enfants qui, en feuilletant une ancienne édition d’un livre des records, m’ont mis au défi d’être un jour recordman du monde dans la discipline de mon choix. J’ai choisi le bilboquet parce que je maîtrise beaucoup moins bien le lancer de crêpes. Cela fait presque deux ans que j’annonce que je vais m’attaquer à ce record du monde. Je suis à la recherche d’une structure, d’un événement qui me permettrait de le réaliser dans de bonnes conditions. Je suis donc toujours prêt à relever ce défi si l’on me donne les moyens. Mon record personnel à ce jour est de mille coups réussis en une heure.

Retrouvez Jérôme Boyer au cinéma le 19 novembre 2008 dans Mesrine - L’Ennemi public n°1 (de Jean-François Richet) et le 21 janvier 2009 dans Plus tard tu comprendras (d’Amos Gitaï). On le verra également dans le téléfilm À Droite toute (de Marcel Bluwal).

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