La Gigue du pape

La Gigue du pape

Au siècle dernier, François Béranger chantait La Gigue de la reine. Il suffit de s’amuser à changer « reine » par « pape » pour avoir une chansonnette très dans l’air du temps. Et maintenant, mes très chers frères, mes très chères sœurs, chantons en chœur...

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

On les a comptés par milliers

Ah ! Les belles manières !

Dans les avenues et dans les rues

En gabardine en bleu marine

Bien plus nombreux que les curieux

L’œil aux aguets et soupçonneux

Vive les souliers à clous !

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

J’ m’étais perdu bien par hasard

Ah ! Les belles manières !

Sur les Champs-Élysées glacés

Par un matin du mois de mai

Avec mon air décontracté

Au milieu des milliers de poulets

Vive les souliers à clous !

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

J’ me retrouve entre deux gabardines

Ah ! Les belles manières !

J’ me suis souvent demandé pourquoi

On mettait les flics en civil

Puisqu’ils sont plus visibles ma foi

Que s’ils n’avaient qu’une feuille de vigne

Vive les souliers à clous !

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

Y’ avait plus de circulation

Ah ! Les belles manières

J’avais un gros rhume des foins

V’la-t-y pas qu’ soudain j’éternue

Et qu’ ça résonne dans toute la rue

Dans le silence un grand tintouin

Vive les souliers à clous !

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

Un d’ mes voisins en gabardine

Ah ! Les belles manières !

Me dit qu’est-ce qui te prend bon dieu

Tu peux pas être plus respectueux

Tu veux qu’ je te prête mon mouchoir

Pour essuyer ta gueule de poire

Vive les souliers à clous !

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

Mon aut’ voisin en gabardine

Ah ! Les belles manières !

Me dit la distinction p’tit con

On va te l’apprendre pour de bon

Contrôle de l’identité

Pour voir si t’es bien enrhumé

Vive les souliers à clous !

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

J’ai répondu un peu troublé

Ah ! Les belles manières !

Qu’ j’étais venu en laïc républicain

Pour voir défiler nos symboles

Je n’ai vu qu’une voiture blanche

À cent à l’heure sur les boulevards

Vive les souliers à clous !

Quand le pape est venu chez nous

Ah ! La belle fête !

N’allez pas croire mes bons amis

Ah ! Les belles manières !

Qu’ j’en veuille à sa « Sainteté »

Avec tous ses soucis d’argent

Ni à notre bon président

Qui aime un peu trop les agents

Vive les souliers à clous !

Pour écouter les chansons de François Béranger en version originale, il suffit de se rendre vendredi 12 septembre, à 21h15, devant la scène Zebrock de la Fête de l’Humanité.

Pour souhaiter la malvenue au pape, il suffit d’aller manifester à Paris le vendredi 12 septembre avec le collectif Remballe ton pape (départ à 18h30 du métro Filles-du-calvaire), le samedi 13 septembre avec la Fédération anarchiste (départ à 14 heures place de la République) et d’aller au meeting de la Libre pensée le dimanche 14 septembre (à 13 heures dans le gymnase 2 rue Japy dans le 11ème).

Illustration : Cabu (un bon dessin vaut mieux qu’un long discours...)