Jean-Marc Godès photographie les livres échappés des rayons de la bibliothèque, arrachés à leur dimension domestique pour se retrouver comme livrés à eux-mêmes, en pleine nature ! Et cette étrangeté nous les fait regarder autrement, soudain surpris par l’objectif dans une intimité singulière… et parfois presque impudique. Car ce sont souvent des livres blessés, abandonnés, des livres qui ont fait leur temps, les pages froissées, la couverture cabossée comme un boxeur au rencard. Un livre tel un bébé sous la serre d’un aigle, un livre malmené par un babouin aux manières de King-Kong, en train de se noyer, enseveli sous la neige ou entre les bras d’une jolie poupée, face à la mer dans le soleil couchant, etc. Les livres de Jean-Marc Godès sont un peu nous !

Une galerie de portraits, en fait, que cet étrange safari… Où un jour de déprime un auteur pourrait voir toute la vanité d’être écrivain. Mais un jour d’optimisme y voir au contraire tout l’amour du livre ! L’amour exclusif que lui porte Jean-Marc Godès, d’abord, mais évidemment l’amour que l’homme a toujours porté au livre comme s’il était pour lui une seconde nature, son double de mots, ce bien longtemps si précieux qu’Alexandrie était surtout connue pour sa bibliothèque et que l’on peut écrire aujourd’hui un roman comme Le nom de la rose… Quand aujourd’hui on se prend à songer qu’il n’est plus qu’un produit de consommation comme les autres.

Pour tout dire et sans en avoir l’air, voilà une belle réflexion sur le livre, dont chacun des clichés de l’exposition « PHOTOLIVRE » est un miroir, l’expression d’une mémoire sensuelle qui ne laisse personne insensible. Je ne doute donc pas que cette expo tournera pas mal en 2008, car les galeristes et les salons du livre ne s’y trompent pas, mais en attendant que les livres de Jean-Marc Godès viennent à votre rencontre, vous pouvez les découvrir sur http://photolivre.canalblog.com