Au centre du jeu, la Commission nationale de l’Informatique et des Libertés n’a plus le vent en poupe et l’institution née en 1978 du scandale d’un projet d’interconnexion des fichiers nominatifs de l’administration apparaît désormais comme une institution vénérable et déconnectée des réalités des enjeux économiques du monde moderne.

Dotée actuellement d’une dotation de 12 millions d’euros attribuée par et sur les comptes de l’État, la Cnil souffre des mille et un tracas issus de l’effort d’économie et souhaiterait tirer ses ressources d’un système de contribution que paieraient tous les acteurs informatiques, entreprises et collectivités afin de conquérir son indépendance budgétaire.

Elle a reçu seulement 2.660 demandes de droit d’accès indirect par les particuliers l’année dernière à cause de la publication d’une enquête des RG diligentée au sujet de Bruno Rebelle, engagé dans la campagne au service de Ségolène Royal, ce qui constitue une augmentation de 67% par rapport à 2006.

À l’inflation de ses activités sont confrontées de nombreuses récriminations à son endroit, dans le sens où la commission rend généralement des avis nuancés aux projets de constitution de fichiers de police, et parfois franchement négatifs en ce qui concerne ceux que lui soumettent des grands noms du secteur privé.

La Cnil fait l’unanimité contre elle :

Son président a ainsi regretté très vivement que le gouvernement ait ignoré les réserves de ses services à propos du nouveau passeport biométrique. Elles portaient notamment sur la création d’une base de données centrale ainsi que le recueil des empreintes de huit doigts alors que la réglementation européenne n’en envisage que deux. Alex Türk a par ailleurs jugé choquant que cet avis de la Cnil, rendu le 11 décembre, n’ait été publié que le 10 mai, soit six jours après le décret instituant le nouveau système, alors que la loi exige que les avis de la commission soient publiés au Journal officiel avec les textes réglementaires concernés.

Par ailleurs, après avoir obtenu en 2007 la création dans les transports franciliens, une carte anonyme en parallèle de la carte de transports Navigo traçable, la Cnil est en discussion avec la société d’exploitation des Velib’ et avec la Mairie de Paris sur la durée de conservation des données des utilisateurs abonnés.

Périodiquement, des activistes mènent contre elle des actions pour fustiger la souplesse de la Cnil vis-à-vis de l’État dont elle dépend financièrement, qu’ils considèrent comme une mansuétude coupable, et le peu d’empressement qu’elle met à s’opposer aux dérives constatées.

La Toile en ligne de mire :

Pour 82% des Européens, la transmission des données sur Internet n’est pas assez sûre selon une enquête publiée cette semaine, et 67% sont mal à l’aise quand ils y laissent leur nom, adresse ou date de naissance. Michèle Alliot-Marie souhaite, dans le cadre de procédures judiciaires, faciliter l’identification des utilisateurs d’Internet, en précisant les modalités de leur géolocalisation et mettre en œuvre un délit d’usurpation d’identité sur Internet, passible d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende.

La réunion des vingt-sept commissions de contrôle européennes, présidée depuis cette année par Alex Türk, a également recommandé une réduction très sensible de la durée de conservation des données par les moteurs de recherche et autres réseaux sociaux sur Internet.
Un traçage dans le temps, permis par les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux sur Internet, mettrait en cause la liberté de pensée et d’expression. Alex Türk a cité l’exemple de déclarations anciennes exhumées sur la Toile qui obligent certains internautes de justifier à 50 ans ce qu’ils ont dit à 20 ans.

L’offre d’achat avortée de Microsoft sur Yahoo n’est que l’arbre qui cache la forêt de grandes manœuvres qui s’opèrent du côté des grands groupes de presse afin de prendre le contrôle de l’information sur le réseau virtuel. Des opérations d’acquisition sont faites ainsi dans l’ombre par des opérateurs renommés pour mettre la main sur des sites dynamiques tels que celui que vous lisez.

L’information quitte à l’heure actuelle son support en papier pour s’intégrer à l’économie numérique. Tous les grands médias ont investi massivement sur Internet pour délaisser un mode de fabrication onéreux et moins flexible. Alors que les ouvriers du Livre espèrent aboutir dans leurs négociations salariales avec le syndicat de la presse quotidienne régionale, les syndicats de journalistes se sont associés au mouvement des personnels techniques, s’opposant à une édition numérique du journal samedi.

Mais d’autres acteurs du monde économique s’intéressent également à l’Internet dans le sens où le réseau mondial permet de collecter facilement une somme d’informations dites ouvertes, et c’est tout l’objectif de l’intelligence économique. Cette activité recouvre la maîtrise et la protection de l’information stratégique utile aux acteurs économiques. Il entre dans le rôle du ministère de l’Economie que d’organiser les réseaux nécessaires à cette bonne information des entreprises, sur le territoire national comme à l’étranger.

Cette gestion de l’information à but décisionnel et stratégique devient une vraie fonction dans l’entreprise. Le passage des responsables de l’intelligence économique vers des fonctions stratégiques représente pour sa fédération professionnelle un excellent indicateur de la vitalité de ce secteur. Il regroupe environ 30.000 personnes pour un chiffre d’affaires évalué à 200 millions d’euros. Mais il semble que l’activité de certains acteurs ne se limite pas à la veille, et procède également de la recherche d’informations à caractère privé, ce qui ne laisse pas d’inquiéter les détectives qui se sentent concurrencés de manière déloyale.

 

 

La Toile est pour nous tous désormais très présente,
Est-elle au demeurant chez nous un vrai présent ?
L’araignée a tissé cette œuvre en nous taisant
Des aspects qui vont rendre une addiction cuisante.

Nos liens faits dans l’instant font la vie amusante,
Et nous entrons dans l’art dont le livre est exempt :
C’est plus pratique et prompt avec un ton plaisant
Si la recherche est faite ainsi, qu’elle est grisante !

Apprendre est bien moins cher et le rare est partout
Lorsqu’en un tour de main l’œil fait son miel sur tout,
Mon nom s’y trouve en plus bien plus vite à l’affiche.

Quand l’armée a branché sans un sou cet outil
Dont tout le sel permet de mieux nous mettre en fiche,
On voit de son dessein qu’il n’est pas très gentil !