Silence sur 68, SVP

Silence sur 68, SVP

Je me navre, je suis navré.
Je regarde cette avalanche de docus sur mai 68 et je ne comprends rien. Plus rien.
Maos, Maos spontex, Situationnistes, Marxisme-léninisme, Gauche prolétarienne…

Pute borgne, j’y pige plus rien.
Ça m’arrangeait bien ce silence sur Mai 68. C’était comme un secret. Un secret partagé par les élus. Peu à peu ça s’était réduit comme une sauce. Une excellente sauce. Il restait le parfum. On ne savait plus avec quoi c’était fait mais on en avait encore l’odeur aux narines.
68, ils disent que c’est précis. Ça aurait commencé là, fini là.
Moi en 68, je n’ai rien vu.
C’est le 1er mai 68 que j’ai rencontré Vanina.
Le reste, j’en avais rien à foutre. Elle avait 17 ans Vanina, des yeux de porcelaine. Une poupée. Je ne me souviens que de Vanina en 68, celui du calendrier.
Mon 68, il a commencé en 70. Après Vanina.
C’était fini Vanina en 70.
Mais 68 traînait encore.
Ça a duré longtemps 68, faudrait leur dire. Je ne sais pas, mais jusqu’en 74, 75 peut-être. Faudrait leur dire. C’est comme un thé, ou une tisane 68, ça infusait.
Je regarde donc ces docus et je ne reconnais rien.
Fallait pas en parler.
Du reste, j’ai comme l’impression que ceux qui en parlent, intellectuellement, culturellement, n’en faisaient pas partie, ou alors ils étaient contre.
Je demande le silence sur 68.

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