Ségolène Royal est devenue la Maldonne des Sondages

Ségolène Royal est devenue la Maldonne des Sondages

Alors que la cote du président de la République est au plus bas, que certains prétendent que Nicolas Sarkozy ne se représenterait pas pour solliciter les suffrages des Français en 2012 et que même il pourrait ne pas terminer son mandat, la question de l’alternance est à nouveau posée une année après une élection qui a suscité beaucoup d’espoirs et de déceptions.

À gauche, le Parti socialiste apparaît désormais le seul à présenter une alternative gouvernementale pourvu qu’il se trouve un leader. Les éléphants n’ont plus la cote, ils ont bien ou mal vieilli et même Dominique Strauss-Kahn a préféré un exil doré à Washington à un stérile affrontement d’apparatchik à l’intérieur du camp socialiste. Jack Lang a répondu positivement aux sirènes de l’ouverture sarkozyste et parmi les vieilles gloires du parti, seul Laurent Fabius campe sur ses positions, avec quelques heureuses saillies telles que la mise à terre de Jean-Louis Borloo sur un plateau de télévision pendant la campagne pour les élections législatives du mois de juin 2007.

Place aux Quinquas :

Le cas du postier de Neuilly-sur-Seine, jeune loup qui voit rouge, impair et manque au fond des urnes : un peu plus de 4% des voix à l’élection présidentielle de 2007 et celle de 2002, est particulier. Il ne représente pas une alternative sérieuse et viable en raison de son expérience, même si sa cote personnelle (61% de bonnes opinions) tutoie celle de Bertrand Delanoë (64%), voire de Ségolène Royal (71%) chez les sympathisants de gauche.

Les grandes manœuvres s’organisent donc autour du maire de Paris et de la présidente de la région Charentes-Poitou. Bertrand Delanoë jouit à l’heure actuelle d’un excellent point de vue sur le siège de François Hollande dont 10 années passées à ménager la chèvre et le chou pour maintenir debout la maison de Solferino ont eu raison de sa patience, mais il aura fort à faire pour digérer le gâteau empoisonné du Grand Paris que lui a présenté Nicolas Sarkozy en mars. Bien que demeurant son adversaire putatif préféré, il ne serait pas bonne politique de laisser les coudées franches au maire de Paris, comme à celui qui prédisait le départ de l’Élysée de François Mitterrand quelques mois seulement après qu’il ait été promu à la magistrature suprême le 10 mai 1981 !

Depuis plusieurs semaines, la candidate malheureuse à l’élection présidentielle de l’année dernière multiplie les démarches pour se présenter en position de prétendante au premier secrétariat du Parti socialiste.

Je ne suis pas candidate à un poste mais j’ai pris la décision d’assumer mes responsabilités de leader politique ; j’entends parfois dire que je suis un accident de l’histoire, une météorite qui serait passée et qui doit disparaître, ce qu’on n’a jamais dit à aucun homme… ce qui aurait été cohérent après cette campagne, c’est de se rassembler autour de moi pour mettre la dynamique de la campagne au service de la gauche, de reconstruire un nouveau corpus idéologique et de voir si cela réussissait ou non ; mais cela aurait été trop simple, déclarait Ségolène Royal au quotidien parisien le 7 mai.

Frédéric Lefebvre, l’un des trois porte-parole de l’UMP, a accusé vendredi Ségolène Royal de limiter le débat politique aux procédures judiciaires, après l’annonce d’une plainte de l’ex-candidate à l’Elysée contre Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre pendant la précédente législature.

À Moi les petits Gars de la Royale !

En effet, rien n’est simple pour celle que la presse avait coutume d’appeler la madone des sondages, toujours vêtue d’un blanc lilial et dispensant une parole iconoclaste propre à ravir les petits bourgeois déviationnistes qui forment pourtant les rangs d’une catégorie sociale aujourd’hui plutôt loin du prolétariat ouvrier des années glorieuses de la lutte des classes.

Ses compagnes et compagnons d’armes de la campagne de 2006-07 ont l’un après l’autre déserté Désir d’Avenir pour tenter leur chance ailleurs. Arnaud Montebourg, dont le courant Rénover Maintenant a constitué un renfort précoce et providentiel, a été récompensé d’un mois de mise au piquet pour un bon mot, et s’est très vite considéré libre de tout engagement. Les raisons de ce renoncement sont plus triviales. Arnaud Montebourg a échappé de peu aux dernières législatives à une sortie du jeu politique qui aurait sans doute été irréversible. Il n’a été réélu qu’avec 50,37% des suffrages au terme d’une campagne particulièrement disputée. Il dit lui-même avoir connu une near political death experience. Il cherche ainsi par le cumul à sécuriser sa carrière politique et à conforter son implantation locale alors que son camp s’installe durablement dans l’opposition, constate Rémi Lefebvre, un de ses partisans de la première heure.

Arnaud Montebourg est bien à l’image d’un parti de plus en plus notabilisé et professionnalisé où domine un cynisme de plus en plus affirmé. Alors qu’il a perdu il y a moins d’un an, pour la troisième fois consécutive, l’élection présidentielle, le Parti socialiste n’a jamais été aussi puissant sur le plan local. Les notables socialistes se sont repliés sur leurs bastions. Arnaud Montebourg, notable en devenir, cultive le sien. Il ne sera pas le premier outsider pourfendeur des élus à être devenu notable lui-même. La contestation du pouvoir des notables est traditionnellement un discours d’entrée en politique au Parti socialiste.

Le premier des caciques à douter de la capacité à rebondir de Ségolène Royal fut le second à l’avoir rejointe, l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement. Ainsi confiait-il l’été dernier au site d’information Rue89 qu’il n’envisageait pas de la voir s’engager dans la course en 2012. Et Michel Rocard d’enfoncer le clou dans Le Figaro ces jours derniers : tout le monde a dit c’est 17 millions de voix, n’importe quel socialiste aurait fait 17 millions de voix, c’était le point bas ! L’ancien Premier ministre de François Mitterrand ne désigne cependant pas son candidat préféré pour le Congrès de novembre où sera désigné le prochain Premier secrétaire.

Bertrand Delanoë peut compter sur un nouveau ralliement au Parti socialiste, rapporte Le Monde. Son adjoint à la culture, Christophe Girard, apôtre fervent de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2007, considère désormais que le maire de Paris serait un meilleur Premier secrétaire du Parti socialiste que l’ancienne candidate. Membre du Conseil politique constitué par Ségolène Royal pour sa campagne, Christophe Girard avait co-organisé, à Nantes, en avril 2007, un grand meeting rassemblant des personnalités du monde la culture. Elle ne m’a utilisé pendant la présidentielle que de façon sporadique, indique-t-il un an après.

Christophe Girard juge que la candidate aura du mal à s’imposer à son camp. Or, pour que les socialistes gagnent la présidentielle en 2012, confie-t-il au quotidien vespéral, ils ont besoin d’un bon Premier secrétaire. Et Bertrand Delanoë aurait, pour lui, les qualités requises : ils s’avancent donc l’un contre l’autre. À six mois environ de l’échéance, les deux principaux acteurs du Congrès ont fait acte de détermination. Mardi, le maire de Paris Bertrand Delanoë et ses partisans ont rendu public un texte préfigurant celui qu’ils soumettront aux militants. Choisir, c’est cela l’enjeu du Congrès, conclut le document de 11 pages.

Les signataires sont tous décidés à ne pas laisser Ségolène Royal prendre le contrôle du Parti socialiste. Notre objectif est de rassembler une majorité sur un socle d’idées, explique le député européen Harlem Désir. L’ancien courant de Lionel Jospin ainsi que les élus parisiens constituent l’essentiel des soutiens. Mais les partisans de Bertrand Delanoë ont convaincu quelques grands maires, comme Pierre Cohen (Toulouse), Roland Ries (Strasbourg) ou Michel Destot (Grenoble), des responsables de l’ancien courant de Dominique Strauss-Kahn et même des militants, jusque-là à l’aile gauche du parti.

Ségolène Royal confond désormais Tribune et Prétoire :

Ségolène Royal a assigné en référé la semaine dernière pour atteinte à sa vie privée et à son droit à l’image l’hebdomadaire Paris-Match qui a publié des clichés de l’ancienne candidate socialiste pris dans une église en Italie, a indiqué vendredi son avocat Jean-Pierre Mignard. L’avocat de Ségolène Royal a par ailleurs annoncé qu’elle avait formé un pourvoi en cassation après sa récente condamnation par la cour d’appel de Rennes à verser des salaires impayés à des ex-collaboratrices. Nous avons formé aujourd’hui le pourvoi devant la chambre sociale de la Cour de cassation, a-t-il indiqué vendredi. La Cour n’était cependant pas en mesure à la mi-journée de confirmer le dépôt du pourvoi.

Enfin, Me Mignard a réaffirmé que Mme Royal allait attaquer en justice l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui avait réclamé sa démission de la présidence de la région après sa récente condamnation par la cour d’appel de Rennes. Jean-Pierre Raffarin avait notamment employé les termes de délinquance sociale. Nous allons attaquer dans le courant de la semaine prochaine : ce sera une assignation ou, plus probablement, une plainte avec constitution de partie civile pour diffamation, a expliqué Me Mignard.

S’en aller, c’est gagner son procès contre l’habitude, écrivait Paul Morand. L’habitude en ce qui concerne Ségolène Royal, est de multiplier les actions en justice afin de ne pas devoir s’en aller… Prisonnière d’un carcan doctrinal dont elle a compris qu’il était l’alpha et l’oméga du camp socialiste, elle a renoncé à en proposer l’amendement tant qu’elle n’en détient pas les clefs. Ce vade-mecum idéologique, proposé par 98% des cadres de la direction et censé avoir été rédigé par la Commission nationale à la Rénovation du Parti socialiste trace les grandes perspectives pour les années à venir. Il est supposé reprendre les fondations d’une rénovation attendue depuis plusieurs années déjà.

Finies les sorties médiatiques sur l’ordre juste et les camps de jeunesse avec encadrement militaire, les jurys citoyens contempteurs de la bonne gestion des collectivités locales… Que reste-t-il à la dame en blanc ? Je constate que ça ne se passe pas pour moi comme cela s’est passé pour d’autres, François Mitterrand, Lionel Jospin… ce que je veux, c’est un Parti socialiste qui change, qui soit en phase avec les défis de la France, répétait-elle aux lecteurs du journal Le Parisien, tout en comprenant in petto que la place du Premier secrétaire serait attribuée à un apparatchik, comme il convient ! À suivre, évidemment dans Le MAGue

 

 


Le pouvoir est si loin qu’il faut bien faire étape,
Marcher à petits pas au fond des chemins creux,
Avec de pieux arrêts comme en font les chartreux,
Dédaignant les bonheurs de ceux que la fête happe !


L’exil est un royaume or, de tout fief s’en tape
Un tribun pour qui sied tel haut plafond ocreux
D’un palais du huitième et non les murs chancreux
Où sous l’œil noir d’un juge elle a fait la retape.


Christique, elle a besoin plus que jamais je crois,
De montrer son mal-être et de porter sa croix :
La dame en blanc, d’amour se trouve encore avide.


Bien sûr, elle apparaît parfois dans les journaux,
Son discours est sans faille et tourne hélas à vide
Tant qu’il se borne à faire un four aux tribunaux !