La Présidente de la Chambre Professionnelle des Détectives français confirme l’existence d’une enquête au sujet d’Olivier Besancenot

La Présidente de la Chambre Professionnelle des Détectives français confirme l'existence d'une enquête au sujet d'Olivier Besancenot

Manager de l’agence Alma Détectives et Présidente de la Chambre Professionnelle des Détectives français, Marie-Françoise Hollinger se bat pour une image différente et moderne de la profession auprès du public et des autorités, aux antipodes des fantasmes engendrés par les romans de Léo Malet ou de Jean-Patrick Manchette. Autant dire que la nouvelle d’une enquête privée visant à discréditer l’image d’un des hommes politiques français les plus sympathiques auprès des Français tombe au plus mal… Le MAGue a recueilli auprès d’elle une information exclusive et un témoignage de première main sur les enjeux et la réalité d’une profession méconnue.

Le MAGue : Madame la Présidente, avez-vous mené vous aussi l’enquête au sujet de ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Olivier Besancenot ?

Marie-Françoise Hollinger : En effet, j’ai appris mercredi matin par un de nos adhérents qu’un fileur avait effectivement participé à l’espionnage d’Olivier Besancenot… Car en la matière, on ne peut plus parler de recherche privée ! Notre profession est régie par des règles strictes depuis 2003, et au même titre que n’importe quel citoyen français, un détective ne peut effectuer d’investigations au sujet d’un tiers sans raison ou pour lui nuire. Je ne sais pas encore pour le compte de quel cabinet travaillait ce fileur, mais je puis vous confirmer que d’après cette personne, les faits rapportés par la presse ont une réalité. Je ne connais pas son nom et j’ignore encore pour qui cet agent a travaillé, mais je compte moi aussi mener l’enquête pour arriver à un résultat à bref délai. En revanche, nous avons cherché à prendre contact immédiatement avec le conseil d’Olivier Besancenot pour nous associer à son action. De tels agissements portent atteinte à l’image de notre profession au moment où nous tentons de professionnaliser et obtenir une reconnaissance de notre activité.

Le MAGue : Un fileur, est-ce une sorte de détective privé, Madame la Présidente ?

Marie-Françoise Hollinger : Il existe plusieurs façons de diligenter une enquête, et nos investigations s’effectuent en général sous des aspects très différents. En particulier dans des villes comme Paris où la filature est très difficile, nous faisons appel à des agents de recherche équipés d’une moto, qui ont une autorisation d’exercer au même titre que tout détective et qui sont souvent à leur compte. Chaque professionnel doit, pour obtenir l’autorisation d’exercer, détenir une qualification professionnelle qu’il obtient en suivant l’une des formations inscrites au Répertoire national de la Certification Professionnelle (RNCP). Les fileurs sont des professionnels spécialisés dans une catégorie de l’activité : ils ne font que des filatures et opèrent généralement en sous-traitance.

Le MAGue : Dans quelles conditions peut-on vous mandater pour effectuer une enquête privée ?

Marie-Françoise Hollinger : Dans le cas de l’affaire présente, il m’est difficile de me prononcer à l’heure actuelle et tant que j’ignore tous les ressorts de cette histoire. Une enquête doit être à la fois légitime, légale et morale. Tout d’abord, il faut qu’il existe un lien entre notre client et la personne recherchée : un chef d’entreprise recherchant le ou les auteurs d’un vol dans ses établissements, ou un créancier n’ayant plus contact avec son ou ses débiteurs. En deuxième lieu, la légalité nous empêche de procéder à des écoutes, d’entrer par effraction ou d’accéder au fichier des cartes grises, par exemple… Enfin, on ne peut absolument pas jouer les tueurs à gages comme il me l’a été demandé récemment, ou d’attenter à la vie privée des gens. Nos moyens pour travailler sont reconnus et sont légaux.

Le MAGue : Et que pensez-vous, Madame la Présidente, de cette enquête sur la personne d’Olivier Besancenot ?

Marie-Françoise Hollinger : À la lecture de l’article d’Éric Pelletier qui a soulevé cette affaire, j’ai eu le sentiment que le journaliste a eu sous les yeux le rapport dont les termes retranscrits sont du type de ceux qu’une agence remet à son client sous la responsabilité de ce dernier. Mais dans ce cas, les motifs ne me paraissent pas légitimes : il y a manifestement une atteinte à la vie privée sur sa femme et sur son enfant, et ça n’a plus aucun rapport avec le préjudice qu’il aurait pu faire subir à autrui. Par ailleurs, j’ai remarqué une disproportion dans les moyens déployés au cours de cette enquête de 4 mois. On m’a proposé une fois une affaire de ce genre, mais je n’ai pas donné suite. S’agissant d’une personnalité du monde politique, les risques sont très importants ! En étudiant le dossier, j’ai vite senti que l’histoire était glauque, et que l’objectif de mon client potentiel n’était motivé par un intérêt ni moral, ni légitime. J’ai immédiatement rendu la provision versée et j’ai oublié jusqu’au premier mot de cette histoire.

Le MAGue : Diriez-vous qu’il peut exister des moutons noirs dans votre profession, des professionnels susceptibles d’accepter un tel contrat ?

Marie-Françoise Hollinger : Sans généraliser car cela porterait atteinte à l’image de ceux qui font correctement leur travail, il est vrai qu’il existe à présent des cabinets qui se prétendent d’intelligence économique, et qui font du travail de détective en menant des enquêtes sans aucune expérience en matière de droit ou de techniques. Par ailleurs, une autre affaire, il y a 2 ou 3 ans, a mis un policier ou gendarme en cause, car il vendait des informations à des cabinets. De telles pratiques font beaucoup de tort à la profession. Tout ça n’est pas clair pour tout le monde et il serait bon qu’on arrive à mieux définir le métier ! Notre chambre professionnelle a fait des propositions dans ce sens à l’autorité de tutelle dans un Livre blanc et nous espérons amener le ministère de l’Intérieur et Michèle Alliot-Marie à intégrer nos demandes à la loi d’orientation et de programmation sur la sécurité intérieure LOPSI II afin d’obtenir des moyens, un encadrement et un contrôle plus stricts mais aussi un rôle plus valorisant au sein de la sécurité nationale et dans la défense des intérêts de nos clients.

Le MAGue : Quels sont, Madame la Présidente les rapports des détectives privés avec la police et que souhaitez-vous obtenir dans le but d’améliorer l’exercice de la profession de détective ?

Marie-Françoise Hollinger : Nos relations ne sont pas mauvaises, et nous comptons d’ailleurs un certain nombre d’anciens gendarmes et policiers parmi nous. Les mentalités évoluent également… Très sincèrement, nous espérons qu’une collaboration entre la police et la recherche privée va pouvoir s’instaurer dans les faits. La première a été surchargée de tâches annexes et ne parvient plus à diligenter toutes les enquêtes qu’il faudrait dans l’intérêt de la justice et des justiciables. Nous pourrions, bien entendu sur la requête du procureur de la République par exemple ou d’une autre autorité, effectuer des enquêtes sociales ou pour l’instruction… Nombre d’investigations s’arrêtent en cours de route ou juste après la main courante, faute de moyens ou d’éléments suffisants. La délégation de compétences de certains services publics vers l’enquête privée est un besoin pour la justice, le citoyen ou l’entreprise ! C’est pour cette raison que nous demandons un véritable statut d’auxiliaire de justice. Nous pouvons aussi rechercher des personnes à l’occasion d’une succession, ou les parents d’une autre née sous X… Mais nous manquons de reconnaissance et d’habilitation au recueil de renseignements ! C’est pour étudier l’évolution du cadre et des moyens que suppose notre métier que nous retournons au ministère de l’Intérieur le 19 mai pour discuter de notre avenir au cabinet de Madame le ministre.

 

 


Cet homme est-il la proie aussi d’une officine ?
On le suit, on l’observe à fond sur son vélo,
Sa femme et son petit garçon, comme un mélo :
Des gens douteux ont dû glisser dans la piscine.


Cette histoire assez trouble est folle et nous fascine,
Veut-on montrer de lui qu’il n’est qu’un faux prolo
Loin de l’homme ordinaire et bien moins rigolo
Que les écrans nous l’ont montré ? Ça nous bassine !


Chacun porte en privé quelque part d’ombre en lui,
Bien à l’abri de tout regard, dont tant ont lui
Aux vils plis révélés dans la presse à scandale…


D’aucuns sont noirs de faits qui ne leur sont pas dus :
C’est qu’on doit en garder toujours sous la pédale,
Rebelle ? Il faut bien l’être avec ces coups tordus !

 

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