Retour sur l’Affaire "Frédéric Bourdin"

Retour sur l'Affaire "Frédéric Bourdin"

Il y a plus d’un an, j’avais commis un article sur Frédéric Bourdin suite à un reportage télé.
Dans la précipitation et l’émotion consécutives à ma vision de ce documentaire, à charge, sur le jeune homme, j’avais eu des mots assez durs envers Bourdin et rédigé un papier qui ne me semblait ni juste, ni vraiment objectif.
J’ai donc décidé, il y a quelques temps, de creuser plus précisément le sujet et mon analyse des faits divers autour de ce garçon a sensiblement changé.

Si on lit, actuellement, la fiche "Wikipedia" de Frédéric Bourdin, on trouve ceci :


Frédéric Bourdin, né en 1974, surnommé « Le caméléon », est un mythomane, usurpateur d’identités. Il excelle à imiter celles d’adolescents. En quinze ans, il a successivement emprunté les identités d’un enfant disparu texan ou grenoblois, d’un orphelin espagnol, d’un fugueur traumatisé et d’un réfugié bosniaque. Il a été condamné à 6 ans de prison aux États-Unis pour usurpation d’identité.
Arrêté de nouveau à 31 ans en 2005, à Pau, où il était élève de 4e sans que personne ne se rende compte de son âge réel (sauf la surveillante qui l’a dénoncé), il a été condamné à 20 mois de prison avec sursis.

Après enquête attentive, je peux désormais affirmer que la réalité dans ce que j’avais appelé à l’époque "Le cas Bourdin"’ est bien plus complexe que le résumé quelque peu caricatural et hâtif que l’on peut lire ici et là.
S’il est établi que Frédéric Bourdin a une personnalité hors norme, exceptionnelle, originale et difficile à comprendre, on ne peut pas parler à son encontre de maladie mentale ou de trouble identitaire sévère. Juste d’un comportement différent qui l’a poussé, au nom sa morale personnelle et de sa philosophie propre, à faire des choix qui ont pu être préjudiciables à des tiers, mais sans intention réelle de nuire.

Les Médias ont fait des raccourcis fâcheux et j’ai suivi le mouvement sans réel esprit critique. Frédéric Bourdin, même s’il a commis des délits aux yeux de la loi, n’a jamais eu la volonté expresse de nuire aux familles dans lesquelles il se faisait accueillir.

Frédéric Bourdin a pensé au Bien, à son Bien certes, il a aimé être aimé, être choyé, cajolé par des étrangers à qui il faisait croire qu’il était l’un des leurs, mais pas plus. C’est par amour que Bourdin a agi et non pas par perversion ou finalité mauvaise, pour détruire ou casser.

Depuis Bourdin s’est reconstruit une vie ordinaire, il travaille, s’est marié, va être le papa d’une petite fille et a le droit de vivre comme tout le monde.

Le problème c’est que pour les Médias, son affaire particulière était du pain béni, tous les plateaux se sont arrachés le phénomène de foire victime d’un soit disant syndrome de Peter Pan à la française.
Personne n’a véritablement essayer de comprendre avec bienveillance les aspirations de ce garçon qui n’a jamais voulu autre chose que faire partie d’une famille sans haine ou violence, un peu comme un braqueur qui n’aurait jamais utilisé une arme de sa vie.

Comme tout-un-chacun, j’ai vite jugé ou voulu décrypter une maladie -supposée - trop grossièrement identifiée, mais sans être le moins du monde un magistrat ou un médecin. C’était une erreur, je le reconnais et je tiens à m’excuser publiquement auprès de Frédéric Bourdin et de sa famille.

Si Bourdin tombe un jour sur ces lignes je lui souhaite tout le bonheur du monde dans cette nouvelle vie d’homme libre qu’il a choisi sans mensonges, et fidèle à lui-même.