LE CARNAVAL DE BINCHE EN BELGIQUE

LE CARNAVAL DE BINCHE EN BELGIQUE

Samedi 15 mars 2008, sur France 2, Michel Drucker rendait
hommage à la Belgique et aux Belges dans son émission "Tenue de soirée"
diffusée à 20h50.

Ce clin d’oeil amical, vis-à-vis de nos voisins et amis Belges
était grandement mérité et pour l’occasion un grand chapiteau
translucide avait été dressé sur la "Grand-Place de Bruxelles.
De Benoît Poelvoorde à Annie Cordy, en passant par Maurane et
José Van Dam, sans oublier les humoristes, les dessinateurs et les
sportifs Belges... ainsi que le truculent Bourgmestre de la Capitale
européenne, nul n’a été oublié et surtout pas le "Grand" Jacques Brel
dont la mémoire a été mise à l’honneur.

Le moment le plus intense a été celui du passage d’Arno, ce
fabuleux interprète de "Rock-Folk" qui était accompagné des "Gilles de
Binche", dignes représentants de l’inoubliable et sensationnel carnaval
de la ville de Binche.

Lorsque je travaillais comme éducateur en Belgique, mon collègue
et ami Bernard Huet m’a fait découvrir ce monde passionnant et
traditionnel de cet aspect carnavalesque Belge. Il faut dire que les
Belges ont le sens de la fête et que rien ne les arrête, pas même la
pluie !
Le Carnaval de Binche se prépare bien avant la semaine du carême
puisque cet évènement demande quelques répétitions festives et une mise
en condition.

Ce folklore belge puise son origine dans des légendes
ancestrales, aux accents Incas et hispaniques accompagnés de rituels qui
oscillent entre la magie et la religion... bien que ces fêtes soient
païennes.

Binchoises et Binchois se plaisent à faire revivre cette
coutume, dans un bonheur indescriptible... il faut vraiment aller sur
place pour pénétrer dans cet univers super gai, durant quelques heures.
Il faut s’imprégner de cette ambiance quasi tribale et taper des pieds,
comme les carnavaliers suivant les "Gilles" qui traînent leurs sabots de
bois surmontés de clochettes pour donner la cadence de la marche, tout
en lançant les oranges censées apporter bonheur et fortune à celles et
ceux qui seront en garder au moins une intacte jusqu’au carnaval
suivant.

On dit qu’il n’y a pas de fêtes plus magnifiques que celles de
Binche, qui durent une semaine complète... et c’est bien vrai ! Une fois
que vous êtes pris dans cette étrange atmosphère, vous êtes comme
envoûtés et vous pouvez vous déhancher pendant des heures sans la
moindre fatigue. La foule semble vous porter et vous emporter dans une
ambiance joyeuse et tout le monde participe avec le sourire. Tous les
tabous et tous les à priori, ainsi que toutes les frontières et
barrières mentales en tous genres tombent au fur et à mesure que l’on
avance.
Le carnaval de Binche symbolise le renouveau de la planète Terre
après son repli hivernal. Cette période de mieux-être commence après
Noël. On s’achemine vers la fécondité et l’appel du printemps. Les fêtes
de Binche se déroulent normalement 49 jours avant les fêtes Pascales. On
danse, on chante, on mange, on rit et on boit... tout en tirant des feux
d’artifices.

Mais le carnaval de Binche n’est pas que celui des "Gilles" aux
ventres bourrés de paille et aux lourds chapeaux de plumes d’autruche
pesant plusieurs kilos... d’autres Sociétés défilent comme les
"Arlequins", les "Paysans" et les "Pierrots".

Lorsque le cortège s’ébranle enfin, le défilé commence aux sons
des cuivres, des grosses caisses, des tambours et des violes qui
rythment le pas cadencé, lourd et entraînant des "Gilles"... et là tout
le monde semble entrer dans une transe interminable. Quand le convoi
s’arrête, les participants continuent de piétiner rythmiquement dans un
mouvement de sur place qui semble battre comme un coeur géant.
Les "Gilles", munis de leurs paniers d’osier remplis de petites
oranges sanguines, lancent les fruits en direction des balcons et
fenêtres protégés par des grillages.

Mais il paraît qu’i faut être solide, pour être "Gille". Mon ami
Bernard Huet, qui est "Gille de Binche" depuis de très nombreuses
années, me disait qu’il se levait tous les jours du carnaval, aux
aurores, et qu’il commençait à manger des huîtres et à boire du
champagne entre quatre et cinq heures du matin... quelle santé ces
Belges !