Laurent Balandras démonte le mythe "Pascal Sevran"

Laurent Balandras démonte le mythe "Pascal Sevran"

Laurent Balandras est un auteur qui aime la Musique avec un grand M., qui a travaillé chez Universal et a été l’éditeur musical d’Olivia Ruiz ou encore Marie Nimier. Homme libre, véhément et qui n’a pas sa langue dans a poche, il a décidé d’enquêter sur la figure télévisuelle, médiatique "musicale" et littéraire" de Jean-Claude Jouhaud, plus connu sous le pseudonyme de "Pascal Sevran".
Dans son livre "Pascal Sevran, le maître chanteur, l’homme à qui la chanson française ne doit rien", il fait plus qu’égratigner le figure de l’animateur, chanteur, parolier et proche de Tonton ; il démonte carrément et sans aucune restriction ni autocensure celui qu’il considère ni plus ni moins comme un usurpateur.

Dès le début du livre Laurent Balandras ne cache pas son aversion totale pour le personnage de Pascal Sevran.
Avec une grande détermination et en s’en donnant les moyens, Balandras a enquêté sur la carrière à succès de Sevran et, force est de constater, que l’on apprend beaucoup de choses et que même si l’auteur est parti avec un a priori négatif, son investigation tient la route, elle est même passionnante, parfois drôle et surtout bien menée.

Chose à noter, Laurent Balandras n’attaque pas la personne de Pascal Sevran mais il nous livre ses méthodes, les secrets de son ascension et ses arrangements avec la vérité qui ont servi son mythe télévisuel et médiatique.
Ce livre n’est pas celui d’un jaloux ou d’un homophobe, ni même d’un aigri mais juste le portrait au vitriol d’un individu qu’on connaît finalement assez mal malgré son omniprésence à la télé pendant 26 ans et son rôle actif dans la politique et le panorama du Paf.

Balandras présente Sevran avant tout comme un fin stratège cynique qui se fiche éperdument des artistes qu’il invite et démontre son mépris pour la musique elle-même et le peu de connaissance qu’il a en ce domaine.
L’auteur reproche à Sevran de s’être enrichi et d’avoir créé sa propre gloire sur le dos des contribuables du service public et avoir organisé des show musicaux hebdomadaires d’une grande médiocrité.

De plus il démontre que Sevran n’a jamais été un découvreur de jeunes talents et surtout pas de ce qu’on appelle la nouvelle scène française.

Laurent Balandras nous narre avec détails la belle ascension de Sevran grâce à l’aide attentive de Jack Lang ou de l’entourage d’un ancien président qui a accédé au pouvoir politique absolu en 1981.

Oui mais Pascal Sevran a écrit une chanson mythique pour Dalida dont Balandras reconnaît lui-même la qualité, me direz-vous ?
Là aussi d’après l’enquête de notre essayiste passionné par son sujet, Sevran s’est approprié ce succès, mais la vérité serait tout autre puisque au moins quatre personnes seraient à l’origine de ce tube immortel dont deux décédées. (...)

Ce livre a le mérite de publier un travail sérieux et documenté qui maîtrise bien son sujet. Cet essai polémique devrait pouvoir intéresser les détracteurs comme les admirateurs de Pascal Sevran car il en est le sujet principal d’un bout à l’autre, le héros contrasté.
"Ceux qui m’attaquent se trompent de cible " a dit lui-même Pascal Sevran. Oui et non, car la réussite de Sevran s’inscrit dans une période sociale, politique et médiatique bien particulière.

Comprendre comment il a réussi à se placer et à triompher de ses concurrents pour imposer sa vision "particulière" de la musique et de la littérature est foncièrement pertinent et n’est pas anodine.

Laurent Balandras a, certes, écrit à livre à charge mais sans méchanceté ni règlements de compte, simplement au nom d’une certaine idée de la justice et de la démocratie publique.
Vraiment, cette antithèse de belle facture mériterait une réponse de Sevran point par point...

"Pascal Sevran, le maître chanteur, l’homme à qui la chanson française ne doit rien", Laurent Balandras, Editions Tournon , 2007