Arche de Zoé : moi parler petit nègre !!

Arche de Zoé : moi parler petit nègre !!

"Les opérations de transfèrement vers la France des six Français sont en cours", nous dit une dépêche d’agence ; soit ... mais pourquoi les médias parlent-ils petit nègre depuis quelques jours ?

Enfin ?! Quoi ! Tout le monde sait bien que l’on ne dit pas transfèrement, même si cela rime avec favorablement, ce que les autorités judiciaires tchadiennes ont répondu à la demande d’extradition de nos lascars ; non, on ne dit pas transfèrement mais bien transférage, enfin quoi ?!
Plus personne ne parle le français correctement dans ce bas monde ???

Je m’en étonne, comment cela se fait-il ?

J’y perds ma langue au chat, est-ce que cela est la faute à Voltaire ? Ou bien au SMS ? Ce langage pourri de merde que les ados nous servent désormais même dans leurs copies au lycée … Non parce que franchement, le transfèrement cela me gratte un peu la lèvre, l’estomac aussi, tiens, pendant qu’on y est, ce n’est pas gastro pour tout le monde en ce moment ???

Hé bien figurez-vous, bande d’incultes – comme moi ! – que, plaisanterie mise à part, transférage est bien une blague tandis que transfèrement, oui, absolument, je sais, c’est dur, mais bon, ce mot ignoble, indigne, existe bel et bien, et pas depuis deux jours que l’on nous le bassine …
La preuve :

Transfèrement, substantif masc.
a) Le fait de transférer une personne d’un lieu de détention dans un autre. Synonyme plus usuel : transfert.
"Festus (...) croyait, par ce renvoi (...) faire une chose agréable aux Juifs, qui lui demandaient avec tant d’instances le transfèrement du prisonnier"
(Renan, St-Paul, 1869, p. 542).
b) Déplacement (d’une chose). Synonyme : translation.
"Il avait acquis des terrains à Florence ; et une partie de ces terrains lui était achetée 250.000 francs pour le percement d’un boulevard, quand le transfèrement de la capitale du royaume d’Italie de Florence à Rome a fait abandonner le projet" (Goncourt, Journal, 1875, p. 37).
− Ac. 1878 : transférement ; 1935 : -fè-. − 1re attest. 1704 (Trév.) ; de transférer, suff. -ment1*.
BBG. − Quem. DDL t. 29. − Ranft 1908, p. 75 (s.v. transfèrement).

Vous en êtes sans voix ?
Moi aussi ...