Vive la « Grève de la pince » dans les transports

Vive la « Grève de la pince » dans les transports

Début novembre, la fédération SUD-Rail et la fédération des usagers des transports et des services publics (FUT-SP) ont interpellé le ministère des Transports afin qu’il organise une table ronde Etat/entreprises de transport/syndicats/usagers pour étudier les modalités d’application du droit de « grève de la pince ».

Sud-Rail et la FUT-SP ont trouvé un bon moyen pour calmer les sempiternels râleurs des journaux télévisés qui, grève après grève, assassinent les cheminots en lutte.

Selon les deux organisations, un jugement de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) rendu le 17 juillet pourrait remettre au goût du jour la fameuse « grève de la pince » qui permet aux usagers de voyager gratis les jours de grève. Un bon début en attendant la gratuité des transports partout, tout le temps.

Le jugement de la CEDH concernait un mouvement d’agents de péage turcs qui, en forme de protestation, avaient permis à des automobilistes de passer sans payer. Reconnaissant le caractère licite de cette forme de lutte, la CEDH a jugé que cela « pourrait être considéré comme une action collective d’ordre général dans le contexte de l’exercice des droits syndicaux. » La CEDH a même ajouté que les actions judiciaires en dommages et intérêts engagées par l’administration turque constituaient « une ingérence » dans le droit à la liberté d’association des travailleurs.

« Oh la belle jurisprudence ! » disent syndicats et usagers français. Et si nous appliquions aussi chez nous la « grève de la pince »… Ce mode d’action a déjà été pratiqué en France, mais la SNCF a toujours durement sanctionné les cheminots rebelles pour « faute professionnelle ». Selon Sud-Rail, « tous les grévistes qui ont intenté des recours juridiques contre ces sanctions ont été désavoués. » Ce qui a tué dans l’œuf ces expériences sympathiques et populaires.

L’avis de la CEDH présente la question sous un nouveau jour. Bien entendu, on comprend pourquoi la direction de la SNCF est hostile à cette forme de grève. Les cheminots grévistes seront des héros le jour où des trains rouleront sans contrôle des billets.

La SNCF redoute aussi que se développent des convergences entre usagers et cheminots, notamment pour la défense du service public ferroviaire, pour le maintien des trains de banlieue et des trains régionaux…

Alors, finies les « prises d’otages » ? Chiche ! Que les trains roulent, gratuitement, pour les fous non-grévistes, mais aussi, bien sûr et surtout, pour les grévistes, les chômeurs, les étudiants, les retraités qui veulent rendre visite à leurs camarades d’un bout à l’autre du pays, ou qui veulent simplement prendre l’air (on en a bien besoin)… Quelles belles balades en perspective !