Portrait : L’impudence de Philippe KREBS

Il suffit d’avoir vu, de trop nombreuses fois, les imposteurs du dandysme arpenter en long, en large et en chemin de traverse les rues glauques du pavé parisien, pour ne pas se tromper d’un poil lorsqu’on en toise un véritable, en cette province délimitée de pavés près à être lancés à la face ingrate de la démagogie...

Philippe KREBS maîtrise le corps, cela se sent, s’envisage dans cet envahissement toujours discret et pudique de l’espace urbain qu’il connaît comme sa poche de treillis et qu’il maîtrise par coeur.
Le lorrain de naissance et de palpitant ne rejète aucune de ses racines, ne se glorifie d’aucun parcours atypique ou CV boursouflé de diplômes et de réussites insolentes et machinales. Il est et paraît tel quel, sans besoin de prouver quoi que ce soit, sans obligation ni volonté de sur-jouer son propre rôle qu’il interprète sans aucun filet.

Philippe s’est fait tout seul, s’est nourrit les neurones et l’idéologie positive dans la culture, la sous-culture et des satellites de l’intelligence rebelle. Curieux de tout presque plus que lui-même, même si, en bon esthète, il serait faux d’affirmer que son image ne l’intéresse pas.

Sensible, sensitif et ayant largement développé son coté féminin fédère dans le flegme et la sobriété, n’usant jamais trop de son pouvoir de séduction et de sa plastique harmonieuse, se contentant d’œuvrer pour ce en quoi il croit intrinsèquement, au-delà de toutes les contingences intéressées de ce monde.

Philippe KREBS est né hermaphrodite du cortex, prince nonchalant d’une armée d’ombres lettrées dansant dans le tourbillon de fêtes populaires. Clochard de luxe, sans domicile fixe de la poésie jamais définitive, inventeur d’un souffle et d’un flow jamais précaires, citant ses idoles, riant des inventions des autres, tout en préparant pierre après pierre les siennes.
Philippe l’indolent, le libertin, l’amour des mots, des courbes sensuelles et des vues de l’esprit est un pionnier solitaire entouré par les bruits de la ville, se régénérant dans cette capacité qu’il a à faire le vide dans les endroits les plus mondains.

Ses amis, nombreux, hétéroclites et fidèles le disent mystérieux et généreux à la fois, animal libre, doué et passionné. Un feu intérieur d’ambitions légitimes, d’utopies plurielles et de rêves surréalistes le consument sans le tuer. L’amour de l’art est plus fort. KREBS attend son heure en s’injectant dans les veines ouvertes toutes les énergies d’un e-monde qui l’effraie et le fascine à la fois. Malin, rusé, entier et respectable, admirateur digne des talents des autres, metteur en scène de balais baroques pour le futur, il place ses cartes années après années dans un jeu presque parfait.

Cheveux agglomérés en torsades brunes. Nourri aux accointances paniques et toporophiles. Yeux bleus. Langue verte, panoplie colorée et infalsifiable d’un jeune loup avec lequel il faudra compter désormais dans le paysage littéraire et médiatique français.

Photographie : Mario Salis

Sur le net :

Philippe KREBS a publié un livre de correspondances avec le peintre Arslan, des travaux sur Roland Topor. Il travaille actuellement à un recueil de nouvelles.

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Philippe KREBS a publié un livre de correspondances avec le peintre Arslan, des travaux sur Roland Topor. Il travaille actuellement à un recueil de nouvelles.