Autogestion en roue libre

Autogestion en roue libre

135 travailleurs de l’usine de cycles allemands Bike Systems GmbH occupent leur boîte depuis le 10 juillet 2007. Ils vont bientôt reprendre la production en autogestion pour fabriquer des « strike bike, des vélos de grève.

Les ouvriers de l’entreprise Bike Systems GmbH de Nordhausen (province de Thuringe) sont en roue libre depuis l’été. Le personnel occupe trois sites de production pour empêcher le démantèlement et la vente de leur usine.

La mise en faillite de l’entreprise a été déclarée le 10 août. Le personnel reçoit une indemnité de chômage technique et espérait qu’un nouvel investisseur se déclare. Pendant l’occupation, les discussions sont allées bon train. Entre travailleurs, mais aussi avec les personnes qui venaient apporter leur soutien. Peu à peu, l’idée de reprendre la production en autogestion, au moins pour une petite période, a fait son chemin. En attendant qu’un hypothétique investisseur veille bien se présenter…

L’idée de produire un « vélo de grève » a rencontré un écho inattendu. De quoi motiver les travailleurs menacés qui commençaient à avoir le moral dans les chaussettes. « C’est l’opportunité de démontrer notre capacité à développer notre propre concept et à réellement autogérer notre production et notre distribution », expliquent-ils.

Soutenu par le syndicat FAU (section allemande de l’AIT, anarcho-syndicaliste), un appel à la solidarité internationale a été lancé. Pour démarrer les machines, les ouvriers ont estimé que 1 800 vélos à 275 euros devaient leur être commandés avant début octobre. Pari tenu.

La dynamique accouche d’un résultat inespéré. Des demandes sont venues de tous les pays d’Europe, mais aussi d’Egypte, des USA, d’Australie, du Kenya, d’Afrique du Sud, du Canada, d’Israël… Les 1 800 vélos ont été vendus dans un temps record. En prime, des témoignages de solidarité viennent des quatre coins du globe.

L’exemple de Nordhausen dépasse à présent le cadre des médias alternatifs. Sans parler des milliers de pages Internet, des reportages de plusieurs minutes ont été diffusés par les principales chaînes allemandes (ARD, ZDF, SAT 1, RTL). Dans plus de deux cents journaux allemands sont parus des dépêches et plus de cinquante journaux ont consacré des articles aux autogestionnaires de Nordhausen. Les agences de presse DDP, AP et Reuter ont fait paraître des dépêches, plusieurs fois réactualisées, en mentionnant le site web de la campagne. Des reportages télévisés sur des chaînes françaises, hollandaises, suisses et autrichiennes ont également évoqué la belle aventure du vélo de grève.

La production du « strike bike » débutera le 23 octobre. Les vélos commenceront à être livrés en novembre. Grâce à leur courage, ces travailleurs écrivent une page extraordinaire de l’histoire sociale allemande. Jamais aucune usine occupée n’avait relancé une production autogérée dans ce pays.

En France, au Mexique, en Argentine (voir The Take, le film d’Avi Lewis et de Naomi Klein)… l’action directe ouvrière a déjà démontré que l’autogestion est à la portée de tous. Une vérité à méditer. Pourquoi se mettre à plat ventre devant les restructurations ? Pourquoi se faire bouffer tout cru tous les jours au turbin ? Pourquoi accepter l’inacceptable pour enrichir toujours plus les patrons et les actionnaires ?

Face à la barbarie capitaliste, les ouvriers du monde entier sont en état de légitime défense. Une seule solution : licencions les patrons et les parasites qui s’engraissent sur le dos des travailleurs.

Plus d’infos sur le strike bike (en allemand) :

www.labournet.de/branchen/sonstige/fahrzeug/bikesystems.html
et www.strike-bike.de

Pour contacter les travailleurs de Bike Systems GmbH :

Bikes in Nordhausen e.V.

c/o André Kegel,

Bruno-Kunze-Str. 39 - 99734 Nordhausen

Telefon : 03631 - 622 124 und 03631 - 403 591

Fax : 03631 - 622 170

Email : fahrradwerk@gmx.de