B. B. B - Nouvelle

B. B. B - Nouvelle

Alger, le soleil, le bleu du ciel et de la mer, la blancheur des nuages et des bâtisses, la chaleur de l’été et le froid de l’hiver, la douceur du printemps et la langueur de l’automne.
Tout coïncide dans cette ville, on y trouve le pareil et le même, l’incroyable et l’insolite, le beau et le laid, la vérité et le mensonge, la vie et la mort.
Il n’y a qu’à Alger où les contradictions ont un sens, où l’amour et la haine perdent leur différence, où le passé et le présent tombent dans l’indigence, où l’homme et la femme communient dans la déchéance, où entre le paradis et l’enfer, il n’y a que quelques nuances.

Cette ville, moi je vous le dis, elle est unique, universelle. C’est la seule ville au monde où il y a autant de cafétéria que d’êtres humains, autant de chats que de rats (enfin avant l’arrivée des chinois), autant de fous que de flics (je ne compte pas les civils), autant de mendiants que de voitures, autant de voleurs que de portables, autant de string que de kamis, autant de barbus que de chiens errants, autant de mosquées que de bordels, autant de généraux que de décharges... Bref, à Alger toute chose à son contraire avec lequel elle entretient des rapports complètement symétriques. Et oui, c’est ça le miracle d’Alger : le faux et le vrai coexistent en toute harmonie, même si quelques fois, enfin la plupart du temps, cette harmonie dégénère carrément en merdier. Le problème c’est que moi dans ce merdier, j’ai mon pied et mon cul au fond.

Ah ! J’ai failli oublié, le bonus, Alger détient un record mondial : la plus grande proportion d’enculés par mètre carré. Mais non, sérieux je ne rigole pas, les enculés à Alger y’en a de toutes les couleurs. De jeunes pickpockets jusqu’aux big boss du milieu, de simples corrompus jusqu’aux grosses machines à laver (genre Clearstrem), et chacun à pour son goût. Chose curieuse, c’est que tous ces enculés n’ont jamais mis les pieds en prison. Leur prison à eux, c’est les quartiers chics avec des splendides villas, piscine pour le french kiss, et Porsche et BMW en option. Alors on met qui dans les prisons ? Me dites-vous, ben c’est simple, les gens comme moi. En plus à Alger, on est convaincu d’une chose : en mettant ces enculés dans ce genre de quartiers, selon certains c’est le futur système carcéral du XXI siècle, les poches pleines de fric et en compagnie de charmantes courtisanes, on est assuré de leur innocuité pour la société ! Figurez vous qu’on a même transposait l’expérience en Afghanistan, et ça a donné les talibans, je vous l’accorde ce n’est pas très probant comme résultat, mais quand même grâce à cela on a eu une nouvelle et très sexy lingerie féminine : la Burka.

Ah ! Putain j’ai failli oublié un autre truc, oui un truc hyper-important. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Alger compte le plus grand nombre de nanas au monde. 5 à 6 fois plus que les mecs, et les chiffres progressent, dans quelques années on aura 10 fois plus de nanas que de mecs (peut-être même 20), certains spécialistes prévoient même l’extinction des mecs (je parle pas des mâles qui eux ont toutes leurs chances pour subsister). Pourquoi cela ? Ben c’est simple encore : les mecs parlent trop de leur zob, mais ils ne l’utilisent jamais !
Or si le royaume du cul existe sur terre, Alger en est bien sa capitale. Vous avez des meufs de toutes les races : blondes, brunes, blacks, petites, grandes, grosses, sveltes, vieilles, minettes, voilées, dénudées, sadiques, masochistes, salopes, putains, timides, réservées, religieuses, libertines… Enfin tout ce que vous voulez. Et en terme de fantasmes, croyez-moi vous êtes bien servis. De la fellation à la sodomie, de la levrette au cunnilingus, tout passe avec les algériennes. Wellah, je vous jure que les algériennes sont les meilleures baiseuses au monde. Il suffit juste d’être un mec au sens vrai du terme ! D’ailleurs si j’étais au pouvoir, je lancerais le tourisme sexuel, mais comme vous le savez : quand on a du pétrole, on a plus d’idées.

Wellah je vous jure sur la tombe de mon grand-père, Alger c’est le paradis pour les érotomanes, les nymphomanes, les tueurs en série, les gigolos, les pédés, les lesbiennes, les travestis, les amateurs de sensations fortes et de chair fraîche, mais aussi des poètes, des artistes, des prophètes, des amoureux, et naturellement des enculés.

Et oui, tout ça pour moi c’est Alger, la plus belle ville du monde. Elle est meilleure que New York, même si chez nous le réveillon est plus discret (chut ! La bûche c’est toujours hram) et les places publiques nettement moins propres (celle des Martyrs, il faut vraiment être un martyr pour y poser son cul). Hé vous oubliez un truc aussi, à Alger on a le plus grand phallus au monde : Maqam Echahid (sanctuaire des martyrs), 300 mètres de hauteurs, un immense pénis en marbre qui vous expédie directement au 7éme ciel. Selon les historiens, il a fait salivé toutes les sex-symbols du monde, de Madona jusqu’à Cheikha Rimiti. Elles en rêvaient toutes de l’avoir au fond du minou. Moi je vous le dis, face à notre phallus national, la statue de liberté, cette pétasse universelle, peut vraiment aller se rhabiller.
Etrange ?! Me dites-vous pourquoi un tel monument pour un sanctuaire des martyrs ? Ben c’est encore simple : pendant la guerre de libération il y a eu 1.5 million de martyrs ! Tous ces gens, les pauvres, n’ont pas eu le temps de baiser, alors pour leur rendre hommage on a édifié le plus grand zob sur la planète, et peut-être même dans la galaxie. En vérité, il y a aussi une autre explication, on dit que le pouvoir chez nous, nous nique tellement bien et fort qu’il a décidé de faire de sa queue un monument national (ça va donner une bonne idée à Bush) !
Enfin, tout ça c’est des querelles de spécialistes, les gens comme moi n’y comprennent que dalle. L’essentiel, c’est Alger et ce qu’elle représente. Elle est un vrai jardin d’éden, si vous n’êtes pas convaincus, venez voir de vos propres yeux. Ca vaut vraiment le détour, n’oubliez pas seulement de ramener avec vous de la coke, ça vous remontera vraiment le moral.

Allez, assez parler d’Alger. Vous voulez vraiment savoir pourquoi j’aime tellement cette ville ? Parce que je suis tout simplement un algérois, et un vrai de vrai contrairement à ses millions de ramassis de métèques qui tombent sur Alger comme un aigle qui s’abat sur sa proie. Cette ville est une âme pure gouvernée par un cœur noir. O.k elle est de plus en plus sinistre, mais Alger restera éternellement Alger. Le parfum de la rose reste éternellement lui-même. Quant à moi, j’ai vécu une histoire surréaliste, une aventure extraordinaire à Alger. Je l’ai racontée à tout le monde, mais personne ne m’a cru. J’avoue que c’est une histoire à dormir debout, n’empêche qu’elle est à 100 % vraie. Alors j’ai décidé de l’écrire, d’habitude on croit toujours les écrivains, heureusement d’ailleurs qu’ils existent sinon la vérité on la connaîtra jamais. Sérieusement, je pense vraiment que les écrivains nous disent la vérité, d’accord quelque fois ils se foutent de nos gueules, mais s’ils créent des mensonges, c’est pour dire toute la vérité. Je sais ça fait un peu philosophe, mais je ne suis pas un con non plus.

Avant d’oublier, B.B.B, c’est la devise de ma vie, c’est-à-dire : Baise, Bière, Bonheur. Si ça vous choque, c’est que vous n’avez rien compris à la vie. Et pour la dernière fois, tout ce que je raconte est vrai, alors ouvrez bien l’œil.

Se péter la gueule quelques fois, ce n’est rien. Se camer dans une soirée, ce n’est pas très grave. Mais sortir prendre l’air pour se retrouver, inconsciemment, impliqué dans un gang de mafia à cause d’une gonzesse inconnue, aussi sexy qu’elle soit, ça c’est quand même un peu fort. Quand à ce qui m’est arrivé par la suite...
Hé ! Tout doux, je crois qu’il vaut mieux que je reprenne tout de suite le début de la première soirée. Soirée d’été, pour préciser. Et Allah lui seul sait combien elles sont chaudes les soirées d’été à Alger.
Et bien, comme souvent j’avais envie de sortir le soir. J’aime pas me coucher tôt, et puis j’ai souvent besoin d’un peu d’alcool, d’un peu de chaleur humaine, d’une charmante compagnie pour pouvoir se lever le lendemain et passer une belle journée. Sans doute je suis un sentimental. J’avoue que je fais partie d’une minorité de personnes qui n’a pas honte d’exhiber son gros cœur (c’est relatif tout de même).
Toute la bande m’attendait au Zoom, une boite hyper-branchée. Dieu merci je n’ai jamais manqué d’ami(e)s. Je suis quelqu’un de très communicatif, et j’adore me frotter aux autres. S’il y a une chose qui me dégoûte, c’est de s’enfermer dans une bulle. Je ne kiffe pas les arrogants et les complexés. Je crois sérieusement qu’on ne connaît soi-même qu’à travers l’autre (putain je peux dire des trucs intelligents !). Il y a un avantage indéniable à avoir des potes bien dans leur peau. Moi, avec les miens j’ai réussi à construire un monde propre à nous. Un monde où il n’y a pas de place pour les zombis qui nous gonflent les couilles avec leurs prêches du vendredi. Mais vous le savez bien, malheureusement il n’y a aucun masque qui peut cacher éternellement le visage terrible de la réalité. Bref, l’essentiel est ailleurs.

A l’entrée du Zoom, il y avait Wallas, un jeune enseignant passionné, Vegas, un copain de l’université, un algérois comme moi, et nos petites amies habituelles ; pas de ces nanas que les nouveaux riches trimbalent pour se faire de la publicité, pas de ces pouffiasses à la gomme qui font tout pour vous sucer pour une simple soirée de plaisir, pas de ces vamps trop expertes qui vous laisse tomber rien que pour la ferraille. Non, pas de ces filles-là. Des nanas, des vraies… ni mannequin en quête d’un contrat, ni des guenons qui ne servent même pas de décor, juste des amies jolies et sympas. C’est terrible ce qu’on a du mal à en trouver à Alger. Végas, il en déniche autant qu’il veut et il sort avec elles durant plusieurs soirées, mais des qu’il arrive aux choses sérieuses sa cloche. C’est déprimant de rembarrer une meuf parce qu’elle a peur de la petite mort, mais il faut dire qu’une gueule comme celle de Vegas n’inspire pas de la confiance aux papiches. Moi heureusement je ne leur fais pas du tout le même effet, d’autant plus que s’envoyer en l’air au moins une fois par semaine est devenu pour moi un rite incontournable. Je savais qu’au Zoom je rencontrerais Méli et Massi, deux nanas très géniales, elles sont très cool, intelligentes, sexy, en plus libres et émancipées (et oui ça existe en Algérie). C’est toujours agréable de passer une soirée avec elles (surtout quand elles se terminent dans mon lit). Pour en revenir aux autres, elles sont toutes des figurines, des corps sans âmes qui s’échinent à vous faire croire que l’amour est le but de leur vie. Elles dandinent leurs plastiques pour attiser les regards des mâles en espérant qui les trousseraient, mais avec une bague de mariage au doigt comme couronne. Ces vitrines vides à l’intérieur, moi je ne les ménage pas. Comme je ne ménage pas les hidjabistes, ces chiffonnistes qui accablent leur féminité par le sceau de la honte. D’ailleurs pour lutter contre le sida, il suffit juste de les prendre en photo. Vous savez pourquoi ? Et ben parce qu’elles ne donnent pas envie de baiser, voila tout. En tout cas, Méli et Massi ne sont pas comme ça, et elles savent très bien qu’on peut rien demander à la vie, si ce n’est de la vivre profondément et la croquer à plein dents.

Je suis entré au Zoom. C’est une boite très sympa, tenu par D.J Fred, un super D.J qui anime des soirées d’enfer. Dans cette boite, on peut vraiment passer des soirées cool, et moi j’aime ça, ça me permet de me défouler, et d’oublier les emmerdes du quotidien.
Wallas m’attendait, Vegas dansait avec Massi et Méli me sauta au cou…

- Salut Massi, dis-je. Ca se passe bien ? Salut, Wallas.
- Salut chriki, me dit Vegas.
Ils étaient tous impeccables, comme toujours. Ce que j’aime chez eux, c’est qu’ils ont du goût. L’élégance fait partie de leur personnalité, c’est ce qu’il faut comprendre.
Méli me regardait.

- Dallas mon chéri, t’es craquant ce soir.
Avec elle, c’est toujours la même chanson, on commence par quelques mots très doux pour finir comme des bêtes dans la baignoire (c’est son fantasme absolu).
- Tu ne réagis même plus, me dit Vegas. Autrefois, tu aurais bondi comme un tigre.
- Il lui faut plus que ça pour m’exciter, mais c’est elle continue comme ça, c’est un dragon qu’elle aura à ses fesses, pas un tigre.
Elle rit, Vegas aussi. Moi aussi. Voila des vrais copains.
Quand je pense à tout ce qu’on a vécu ensemble ! Que des moments fabuleux qui nous ont tourné la tête. Des réveillons sahariens jusqu’aux nuits blanches sur les plages tunisiennes, en passant par nos péripéties universitaires. Ensemble on se décarcassent pour écrire les plus belles pages de notre vie. Même si nous vivons dans un milieu qui cultive les frustrations, notre soif de vie nous a toujours soudé pour rester dans le sillon que nous avons creusés. Mais cela est une autre histoire. Il vaut mieux qu’on revienne à nos moutons.

Méli se remis à la cour.

- Dallas, mon chou, quand est-ce que tu m’avouera que t’es fou de moi ?
- Jamais ma chérie, ma folie est trop dangereuse pour toi.
Elle a du boire quelques verres, parce qu’elle n’insistait pas souvent comme ça. Heureusement Vegas et Massi revenaient et on a changé de sujet. Fred, le D.J de la boite, commençait à animer la soirée. Comme tous les grands D.J, il a un style extraordinaire et je prenais mon pied en dansant sous les rythmes de ses tubes génialement mixés. Vegas s’est mis à danser avec Massi, et j’allais inviter Méli quand Wallas s’en est emparé. J’aurais bien pris n’importe quelle fille ; quand Fred joue avec ses platines, ça fait l’effet d’une décharge électrique, une vague d’adrénaline qui vous arrache à la réalité. Je regardait un peu partout et ma cavalière est entrée. C’est cette chaudasse de Rym. Je vous dirai après qui c’est, mais pour l’instant je bondis sur elle et je l’emmène sur la piste. Elle est bien roulée et elle danse bien… sérieux… La voila qui commence à m’étreindre sur sa poitrine…
- Doucement poupée ! Dis-je. On a toute la soirée pour ça.
Elle a un petit sourire et elle n’en fait qu’à sa tête. Et à voir ce qu’elle peut faire avec son beau châssis, ce n’est pas difficile de céder à la tentation.
- Dommage qu’on s’est pas connu avant.
- Pourquoi ? Dis-je.
- Il y a un bon Felling entre nous, t’as pas remarqué ?
Mes amis, si c’est qu’elle appelle du felling va nous conduire au septième ciel, je ne dirais pas non. Bon sang ! Il faut la voir pour y croire. Je suis tout de même un connaisseur en meufs, mais une blonde incendiaire aussi émoustillante comme elle, j’en ai rarement vu. Je continue à danser en promenant mes mains sur son joli cul, merveilleusement sculpté qui plus est. Je ne vous parlerais pas de ses magnifiques seins qu’un très sexy décolleté met en valeur. Elle se mord la lèvre inférieure, mais elle sourit quand même. Impossible à lui résister. Si ça continue sur ce rythme, je vais me la faire avec délectation. Et peu importe le nombre de capotes que je dois acheter, quoi qu’il en soit je ne la raterai pas.
Trempés de sueur, on s’est arrêté de danser.
- Allez mon beau, on va prendre un verre.
- Ok, ma puce je suis à toi.
Elle me prend par le bras, et m’emmène au bar. J’adore les filles autoritaires.

Jusqu’à maintenant, la vie est belle. La mienne en tout cas. Certes, c’est une vie de Tmeniek, mais une vie cool tout de même. Mais je pense que, malgré tous les tracas que l’on peut avoir, malgré les pires ennuis, la vie sur Terre est belle. En Algérie peut-être pas, mais sur terre oui. Il ne faut pas se plaindre en tout cas. La perdre ne viendrait que confirmer mes propos : il n’y a que la vie. Nous sommes un jeudi soir. Nous sommes en plein mois de juin. Les premières chaleurs commencent à se faire sentir. Cette soirée me fait carrément oublier ma nuque qui brûle la journée de ce soleil si généreux qu’il en fait mal.
Les mecs et les nanas autour de moi sont une foultitude d’histoires qui viennent s’entrechoquer au fur et à mesure des rencontres hasardeuses. Dans un boite de nuit, les gens se parlent, s’aiment, et vivent leur propre vie en la vouant au bonheur que le plaisir leur procure. Une boite de nuit, c’est un théâtre vivant, une fourmilière, un décor naturel si fort et si beau car dedans les hommes mettent leur hypocrisie de côté.
Bof, je ne vous ai pas dit que je suis aussi un poète… Mais, il vaut mieux laissé pour le moment la poésie de côté. Accompagné de la bomba Rym, au bar c’est dans les bras d’une autre femme de séduction massive que je rêvais d’être. La barmaid du Zoom ne me laissa guère indifférent. Je me souviendrais d’ailleurs toujours du regard qu’elle m’a lancé lorsque je lui commandais mon premier verre de whisky de la soirée. Ses yeux m’ont transpercé. Elle pétillait de vie et cette musique lui allait à ravir. Son déhanchement me laissait... Raide ! Je n’en pouvais plus. Elle me souriait par-dessus son épaule. Clin d’œil. Elle se recoiffait et me souriait. Je gardais un calme et une sérénité extérieurs de toute beauté. Mais mon cerveau et mon hypophyse jouaient à saute-mouton. Mes hormones explosaient et je tenais à les refroidir afin d’élaborer une stratégie. La première phrase est, par définition, celle qui confirme (ou infirme) une première impression. J’imaginais que cette première impression justement devait être bonne, en l’occurrence, puisque qu’elle me bouffait des yeux à souhait. Rym avait bien compris des lors qu’elle devait abandonner la partie avant que je ne lui flanque un sanglant GAME OVER.
Ma serveuse servait. Moi, je buvais. Je la dégustais et me calmais. Je commandais inlassablement des verres. Je n’en payais que la moitié. Les doses et notre complicité allaient de pair. Mes paroles ressemblaient à des flots chantants, hurlants mais souriants. Mon euphorie atteignait son paroxysme lorsqu’elle susurra son doux prénom à mon oreille (Et ben oui, je suis algérien et romantique).

- Je m’appelle Aicha !
Je lui souriais bêtement et me disais que je n’aimais pas ce prénom si commun, si banal, si inutile. Les " Aicha " me semblaient sans saveur, comme les " Fatima ", les " Khadîdja ". Mais ce soir, ce prénom prenait une toute autre image dans mon cerveau. Il devenait la source de mes fantasmes. Les formes de Aicha. Le sourire de Aicha. Les seins de Aicha, sous son tee-shirt blanc taché d’alcool. Aicha ! Elle me hantait déjà, alors que je ne la connaissais que depuis... 7 verres ! Mon esprit divaguait sérieusement. Alors que j’en étais encore à réfléchir à la meilleure manière de l’aborder, elle me cloua sur place lorsqu’elle se pencha par-dessus son bar, s’approcha de moi et dit :
- Je finis à 3 heures. Tu m’attends ?
Je la regardais fixement, tentant une réponse visuelle par un sourire d’approbation et
répondis :
- Je t’attends, oui.
Elle remplit mon verre, lécha lentement la couche de sel qui en faisait le tour. Je me retournais sur mon tabouret de bar. Je n’en pouvais plus. J’avais chaud. La piste était pleine. La musique crachait et les gens dansaient, parlaient, passaient. Moi, j’attendais et me délectais de cette belle soirée. D’ailleurs, je ne répondais même pas aux sollicitations de Méli, Massi, Vegas et les autres…
C’est un de ces moments d’une vie d’homme que l’on n’oublie pas facilement. Le temps semblait être suspendu aux lèvres si pulpeuses de ma fée de la nuit, Aicha. J’étais dans la boîte. Les gens tournoyaient. J’étais bourré à mort, mais je ne m’en rendais pas compte. J’étais bien. Simplement bien et terriblement excité à l’idée de passer le reste de ma nuit avec cette, si inattendue et bienvenue, partenaire. C’est pour la première fois qu’une inconnue m’excite à ce point même si je ne suis pas très difficile à chauffer.
Elle me donna rendez-vous sur le parking tout proche. Je l’attendis, adossé à ma voiture, fumant une de ces clopes que j’ai tout le temps dans ma voiture. Elle arriva et je tentais de donner une bonne image de moi. Toujours cette première impression que je comptais bien concrétiser ce soir. Elle me demanda les clés et monta au volant. Je ne supporte pas quand une femme conduit, mais là, je ne sais pas pourquoi, je la laissais faire. Finalement, on ne sortit pas du parking. Elle souhaitait simplement nous éloigner de la foule qui sortait de la boîte.

Mon histoire jusqu’ici relativement romantique allait s’assombrir d’un seul coup.

À peine le moteur coupé, elle commença à se caresser sous son tee-shirt. Je l’entreprenais alors tendrement, refoulant mes pulsions de sautage immédiat. Je vous jure que j’aime bien faire durer le plaisir. Elle se jette sur moi et défit ma braguette. De l’endroit même, où je m’attendais à voir mon zizi en érection sortir, apparût un flingue. Un vrai. Comme dans les films... Comme dans un thriller, ou un cambriolage. Évidemment mon zizi en érection en rivalisait pas, l’érection chutant alors brutalement, à mesure que le sang me montait à la tête. Je ne comprenais pas. Je ne voulais pas comprendre. Mais je ne pouvais pas comprendre. Et c’était ce qui m’inquiétait le plus. Je pris peur et sursautai si violemment que le coup partit. Le flingue en direction de ma tête. La balle troua ma chemise et égratigna mon menton. Suffisamment pour que le sang coule et me fasse encore plus peur. Je criais et sortis de la voiture en courant. Aicha me coursait et me rattrapait un peu trop facilement. Il faut dire qu’elle n’avait pas bu, elle ! Il n’y avait personne sur le parking. Elle me plaqua littéralement au sol et pointa de nouveau son flingue.
À ce moment précis, une porte s’ouvrit quelque part. Elle se retourna alors et s’affala sur moi, une balle lui ayant fait exploser la poitrine. J’étais sous la morte et sous le choc. Ma putain vie paisible ne me préparait pas à de tels événements. Elle tenait dans la main un étui en velours noir qu’elle eut le temps de glisser dans la poche de mon jean.
Sans réfléchir, je m’extirpais et m’échappais de l’autre côté du parking.
Ma course me conduisait vers un quartier résidentiel, derrière la boite. Je repensais à mes parents. Je me dis qu’il ne faudrait jamais qu’ils sachent ne serait-ce qu’un dixième de ce qui venait de m’arriver. Puis j’oubliais. Je continuais de courir en rasant les murs. Je commençais à réfléchir à ce qui venait de m’arriver. J’avais du sang plein la chemise. Sur les mains. Sur le visage. Je devais ressembler à ces héros ou bandits de films d’action hollywoodien. La nuit était sur le point de se terminer quand j’arrivais enfin chez moi. Il me fallut me résoudre à laisser ma voiture sur le parking, en me disant qu’aucun lien ne serait fait avec ce qui venait de se passer. Je pensais la récupérer après quelques heures de sommeil, l’air de rien.
En attendant, je pris soin de jeter ma chemise dans une poubelle en arrivant. Je fonçais dans la salle de bains. J’étais recouvert de sang séché. Je pris peur et m’inondais d’eau du robinet. Etrangement, je n’avais pas entendu la détonation qui avait tué Aicha. Mais je l’avais ressentie. Elle résonnait dans ma tête. L’image de Aicha s’effondrant sur moi me revenait avec effroi. J’en suffoquais et me foutais à poil dans la douche. J’avais besoin de me laver l’esprit. En remettant mon jean, je sentis, dans ma poche arrière, l’étui en velours. Je l’avais oublié dans ma folle course.
Les mains tremblantes, je le pris et l’ouvris. Il contenait une petite pipette en verre, retenant prisonnier un liquide rougeâtre. Je m’attendais à tout, sauf à ça. Un diamant, une clé USB contenant de mystérieux secrets d’état. Non. Rien de ça. Une vulgaire pipette, voila ce qu’il me restait comme souvenir de la salope qui voulait m’occire (vous voyez bien que l’indigène maîtrise bien le français).
Je l’ouvris alors et reniflais. Un doux parfum vanillé vint à ma rencontre. Puis ce parfum se fit de plus en plus fort. Il affola mes sens. Je posais délicatement la pipette et me couchais sur mon lit. Les images étaient floues, mais divines. Ma chambre était devenue superbe, de couleur pourpre. Chaude et accueillante. Deux Vénus étaient assises sur des chaises en bois ancien. Elles étaient légèrement vêtues et me souriaient. J’étais allongé. Elles me déshabillaient. Je sentais toujours cette odeur. Je tournais alors la tête et les femmes avaient disparu. Ma chambre était redevenue celle de toujours.
Je me levais, récupérais la pipette et avalais une goutte de cet élixir. Tout bascula. Mon corps et mon esprit. Je me retrouvais de nouveau avec ces déesses de la beauté, qui volaient au-dessus de moi, m’effleurant par moments. Ma nuit fut d’une tendresse absolue.

On était vendredi après-midi quand j’ouvris un œil. Les gens priaient dans les mosquées. Quant à moi, j’étais nu, allongé dans ma baignoire, encore tâchée de sang. Je reprenais mes esprits et me rappelais soudain l’effroyable soirée de la veille.
Quelqu’un frappa à ma porte. Trois fois. De plus en plus fort. Je suffoquais et me passais le visage sous l’eau, afin d’enlever les restes de ma nuit. J’ouvris en peignoir. C’était la voisine.
- J’ai entendu de drôles de bruits cette nuit et ça fait un moment que je téléphone chez vous pour voir si vous allez bien !
Je ne me souvenais de rien. Trou noir. Je ne comprenais pas et la baratinais.
- Merci. Ne vous inquiétez pas, il n’y a rien de grave. Tout va bien.
Je suis sec mais de nouveau seul.
Je repensais au petit flacon. Je me souvenais. Mon rêve éveillé, mes ébats avec deux déesses qui changeaient régulièrement de visage, sans pour autant que cela me surprenne. Je réfléchis et me dis que l’urgent était de récupérer ma voiture. Sur mon portable, huit messages dont celui de ma mère qui s’inquiétait. Je ne suis pas parti déjeuner chez elle ce week-end. Je la rappellerai plus tard.
Je m’habillais et fonçais à l’extérieur. Je pris le bus. Il me déposa non loin du parking où j’étais hier soir. Comme je m’y attendais, les flics étaient là. La zone était quadrillée " zone de crime " et ma voiture était garée 50 mètres plus loin. La porte passager, celle par laquelle je m’étais enfui la veille, était toujours ouverte. Ils l’avaient sûrement vue et attendaient que je vienne la récupérer. Je pris peur et rebroussais chemin, mine de rien. Comment récupérer la voiture ? Je pris alors la décision d’attendre sagement la fin de la journée.
 ce moment précis, une multitude de questions m’assaillaient. Qui était Aicha ? Pourquoi moi ? Pourquoi m’avait-elle menacé ? Qui étaient les autres ? Pourquoi l’ont-ils tué ? Et que pouvait-on me reprocher ?
Les gens croient que je suis un maboul. Mais en réalité, je ne suis pas d’un naturel aventurier. Je ne prends jamais trop de risques ou alors sciemment calculés. Je ne suis pas un héros prêt à risquer sa vie à tout bout de champ. Alors que fallait-il faire ? Me rendre à la Police ? Leur expliquer que je n’avais rien fait ? Et récupérer ainsi ma voiture ?
De nouveau dans mon appartement, je repensais à cet extraordinaire élixir. Ce n’était pas un hasard. Si elle s’était fait tuer, c’était à cause de la pipette. Celle-ci était telle que je l’avais laissé la veille. Je reniflais à nouveau prudemment son envoûtant parfum. De nouveau je perdis la tête. Je me voyais marié avec une belle femme en train de meubler notre appartement. C’était un moment de pur bonheur, puisque nous je me sentais vraiment bien. C’était cependant très bizarre car je n’ai jamais envisagé me lier à une seule femme. On ne met pas tous les oiseaux dans une cage.
Puis tout s’effaça et je revins à moi. J’étais allongé sur le lit, alors que je pensais être encore debout. Putain, cet élixir était incroyable. Je ne sais pas ce qu’il y avait dedans, mais c’est ce que j’ai pu goûter de meilleur dans toute ma vie ! Quelqu’un à la porte de nouveau. J’y allais. Les flics. Ils m’avaient retrouvé. Crise de panique. Je transpirais. Je cachais le flacon sous mon oreiller. J’ouvris.

Monsieur Boulef Aziz ? Vous êtes bien Monsieur Boulef ?

- Euh, oui. Qu’est ce que... Qu’est ce que je peux faire pour... Vous aider ? dis-je timidement.
- Nous enquêtons sur un meurtre qui a eu lieu cette nuit proche du " Zoom ", sur le parking jouxtant la boîte. Où étiez-vous hier soir, Monsieur ?
Je m’attendais un peu à cette question, à vrai dire. Mais je n’avais aucun élément de réponse autre que :
- Euh, je, euh… J’ai bu quelques verres dans un bar autour du Zoom, peut-être même au Zoom d’ailleurs, et… Euh, quand je suis monté dans ma voiture, j’ai compris qu’il valait mieux euh... Rentrer à pied... J’avais un peu bu et je ne me sentais pas capable de conduire. Vous… Vous comprenez ?
- Oui, Monsieur, mais pourquoi avons-nous retrouvé le sac de Mademoiselle Aicha Larbi dans votre véhicule ?
Alors là, qu’elle s’appelait Aicha ne me surprenait plus, mais Larbi, cela dépassait l’entendement. Jamais je n’aurais cru qu’une si belle créature puisse s’appeler ainsi. Je l’aurai plutôt appelé Cléopâtre, mais pas...
- Je, euh, oui, euh… Je… Je lui ai offert une clope hier soir alors que je cuvais mon alcool tranquillement assis sur le siège passager. J’écoutais de la musique, elle est arrivée, m’a demandé de lui offrir une cigarette puis a disparu. J’ai… Je suis ensuite parti sans me soucier d’elle... ...Pourquoi ? C’est … C’est elle la morte ?
- Oui, malheureusement, mais ce que vous venez de nous dire n’est pas très cohérent… Vous allez nous suivre, Monsieur Boulef, s’il vous plait...
- Je, euh, tout de suite ?
- J’en ai peur, oui. Nous partons pour le commissariat. Nous aimerions ré-entendre votre histoire.

Alors je les ai suivis. Contrairement à ce que je pouvais imaginer, je n’allais pas passer la nuit au commissariat (comme ça je suis sur que je ne serais pas violé). Ils me considéraient comme un simple témoin, rien de plus. J’avais dû être crédible. Une heure après, j’étais dehors. J’ai alors pu prendre un bus et enfin foncer récupérer sereinement ma voiture. L’histoire me semblait enfin terminée, j’étais soulagé, j’appelais ma mère.
À quelques pas du parking, alors que j’approchais le plus normalement du monde, j’aperçus un videur de la veille. Il me regardait et me désignait discrètement du doigt. Mon histoire était des lors loin d’être terminée.

J’étais exactement à mi-chemin de la voiture et des… Tueurs ! Ce sont bien eux qui, la veille n’ont pas hésité à faire exploser la poitrine de Cléopâtre, pardon, de Aicha, la défunte. Ils commençaient à me suivre, puis à me poursuivre. Mon pas s’accélérait, petit à petit, pour finir en trombe. Je courus alors jusqu’à ma voiture. Dans ma tête, les idées s’entrechoquaient. Mais la seule chose à faire était de fuir. Je tournais alors la clé de contact, mais rien ne se passa. Évidemment, les mecs avaient repéré la voiture et je compris immédiatement que jamais je ne pourrais repartir sans une petite explication de texte... Mes craintes étaient vérifiées… Deux malabars se pointaient et ouvraient ma portière. J’avais beau leur dire que je n’avais rien à voir, ils m’ont cueilli… De force et obligé à descendre de mon cheval qui s’apprêtait à me transporter vers d’autres cieux... Et dire qu’il suffisait que ma voiture démarre… Nous étions vendredi soir, il était 22 heures, environ, et je n’avais rien mangé de la journée.

Manifestement, mes ravisseurs étaient bien organisés, bien armés et surtout, contrairement à moi, habitués à ce type de confrontation sans limites. J’ai rapidement compris que c’était le petit flacon qu’ils cherchaient. Évidemment, après avoir pu en tester les effets, il était hors de question que je la rende et je comprenais alors toute son importance. De toute manière, ils devaient me croire... Enfin, c’est ce que j’espérais.
Ils m’ont transporté dans une arrière-salle du Zoom. C’était comme dans un film de James Bond. Une chaise plantée au fond de la salle. J’étais attaché. Ils étaient quatre. Un seul parlait l’arabe. Les autres devaient être…Chinois. Je n’en savais pas beaucoup plus, mais je me doutais bien qu’ils n’étaient ni Français, ni Américains, ni kabyles, mais plutôt chinois ou japonais. Ils avaient une gueule asiatique. Je me demandais bien ce qu’ils pouvaient faire ici, à Alger. À moins que Alger ne soit devenu une véritable plaque tournante des yakuzas, par l’intermédiaire des boîtes de nuit... Déjà on a tellement d’ennui avec notre mafia locale… Mon esprit divaguait tellement, que je ne m’aperçus pas de la piqûre dans mon bras.

- Putain ! Vous m’avez fait quoi là ?

Le molosse qui parlait arabe ne répondait pas. Il parlait avec les autres dans leur langue. Rien n’y faisait. J’avais beau faire tout ce que je pouvais, je m’endormis. Je m’attendais à une drogue de vérité. Non. Une sieste. Ils voulaient que je dorme. Un seau d’eau me réveilla et l’interrogatoire put recommencer, quelques heures plus tard. Je ne comprenais pas pourquoi, mais j’avais froid et j’avais les yeux bandés. Par transparence, je compris que j’étais nu. Ils m’avaient déshabillé ! Leur stratagème fonctionnait : j’allais leur parler par peur du froid et par pudeur ! Je ne suis pas un héros et, de toute manière, cette pipette serait vite finie. Je n’allais pas me battre pour quelques centilitres d’un élixir certainement dangereux à utiliser. Malgré tout, mon côté provocateur parlait en premier. À la question " Qui es-tu ? " je répondis " Boulef, Boutef, d’Alger ". Évidemment ils s’en foutaient. Ils voulaient savoir ce que je foutais là, hier soir, alors que Aicha s’apprêtait à m’envoyer une balle en pleine tête. Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que je n’avais rien à leur dire ! Moi-même je n’en avais aucune idée ! Mais comme vous pouvez le comprendre, il était difficile de leur expliquer la réalité des faits. Ils étaient fous de rage. Ils devaient retrouver cette pipette coûte que coûte. Il en allait de leur propre vie. C’est ce que tentait de me faire comprendre ces enculés.
J’ai dû prendre deux gifles, trois coups de pieds, mais j’ai tenu bon. Mon sang coulait, de mon nez sur mon visage. Je gémissais alors que je n’avais pas mal. Mais j’aggravais sciemment mon cas afin d’éviter d’en prendre trop. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’avais pas peur. Enfin en apparence.
L’interrogatoire durait. J’avais toujours le bandeau sur les yeux et j’étais toujours aussi nu. Dans ma tête, ça commençait à ne plus aller très fort. Je pensais à ma mère, à Aicha, à la pipette et me dis que ça n’en valait vraiment pas la peine. Je suis arrivé au moment où plus rien n’avait d’importance, que sa propre vie. J’étais en train d’imaginer ma mort, ou plutôt la fin de ma vie dans d’horribles souffrances… La torture devenait morale. C’est l’instant que je choisis pour parler. J’allais tout dire. Leur expliquer pourquoi je m’étais trouvé là et, surtout, ce qui les intéressait le plus, où était le fameux flacon.
- S’il vous plait. Arrêtez s’il vous plait. Putain je n’en peux plus. Je…
Au moment où je commençais ma phrase et ma triste collaboration, une de ces détonations qui vous compriment les poumons m’interrompit ! De la fumée (je voyais un peu en transparence et je la sentais !), des coups de feu, des détonations, et je ne pouvais rien faire, ni bouger, ni voir quoi que ce soit. Mes ravisseurs courraient, hurlaient dans je ne sais quelle langue, mais lorsqu’un homme cagoulé m’ôta mon bandeau, je pus appréhender au mieux la situation. Effectivement, j’étais nu, des hommes de la brigade des stup " nettoyaient " la pièce. Deux malabars étaient étendus sur le sol, et je reconnus la personne qui m’interrogeait au commissariat dans l’après-midi. Évidemment ma présence l’interpellait, mais je lui expliquais que je ne comprenais rien… Qu’ils avaient dû me confondre.

Les flics ont trouvé des vêtements. Ils m’ont rhabillé et raccompagné jusqu’à ma voiture qui ne démarrait toujours pas. En la poussant un peu, j’ai pu embrayer une vitesse. Je suis rentré chez moi, le nez explosé, les yeux exorbités par des bombes lacrymogènes, du sang séché dans les narines. Bref, la grande forme.

Trois messages de ma mère qui me cherchait toujours désespérément. Il était 5 heures30 du matin. Je fonçais sous mon oreiller et en retirais mon flacon. Je le portais immédiatement à la bouche et en dégustai une larme. Un rêve éveillé apparu. Je me retrouvais face aux cinq molosses, les mains attachées dans le dos. Je brisais mes liens, puis je les abattais un par un, avec un flingue dissimulé dans ma chaussette. Derrière une porte, je trouvais Aicha attachée. Je la délivrais et… Pouvais enfin vérifier qu’il ne faut surtout pas s’arrêter aux apparences, ni aux premières impressions. Une Aicha vaut bien une…

La nuit dernière fut fantastique. Je l’ai passée avec ma dulcinée. Enfin, dans mon rêve. Mais cet élixir me permet de rêver éveillé. En tout cas, c’est l’impression qu’il me donne. Il me permet de vivre mes fantasmes… J’avais explosé la tête de mes ravisseurs. J’avais passé une nuit superbe avec Aicha que je venais de secourir. La fameuse Aicha… La serveuse des temps modernes. Cette serveuse même, qui était chargée de tester une nouvelle molécule, découverte par des chercheurs chinois, permettant la réalisation des fantasmes les plus inassouvis. Cette molécule devait devenir la base d’une nouvelle drogue pour les marchés américains et européens. Cette drogue était en cours de finalisation dans des usines proches d’Alger. Finalement capitale mondiale de la magouille. Aicha était chargée de trouver un cobaye, en usant de ses charmes. Malheureusement, l’alcool était venu s’en mêler : un mélange de cette drogue avec toute substance alcoolisée annihile ses effets. Il a fallu que cela tombe sur moi. Les premiers verres qui m’avaient été servis contenaient de fortes doses de cette drogue du rêve. Ma tête tournait terriblement, mais étaient-ce les effets de la drogue ? De ma serveuse ? Ou de l’alcool tout simplement ?

Un réseau entier a pu être démantelé par la Police. Leur méthode ? Ils m’ont suivi, tout simplement, dès ma sortie du commissariat car ils savaient que j’allais retourner récupérer ma voiture, l’esprit tranquille.
Après avoir attendu quelques heures et surveillé qu’il ne m’arriverait rien, ils ont déclenché l’assaut par l’intervention des Nindjas. J’ai pu être délivré des griffes d’une organisation internationale. Vous voyez bien, je vous avez dit que c’est une folle histoire… Ce serait une histoire trop compliquée à raconter dans un livre. De toute manière, il faut être un algérois pour comprendre. Alors tant pis pour vous les autres !