La Télé Réalité exploite des enfants de 11 ans aux USA !!

La Télé Réalité exploite des enfants de 11 ans aux USA !!

Un "reality show" mettant en scène des enfants livrés à eux-mêmes dans une
ville fantôme, a suscité une vive polémique aux Etats-Unis avant même sa
diffusion, qui pourrait, du coup, être remise en question.
L’émission baptisée "Kid nation" (la nation des enfants), qui a déjà été
tournée et doit être diffusée sur la chaîne CBS le mois prochain, se veut
une chronique des aventures de jeunes enfants s’efforçant de bâtir une
société sans adultes.

Le programme a été comparé au célèbre roman de William Golding, "Sa majesté
des mouches", où un groupe d’enfants s’efforce de survivre sur une île du
Pacifique après un accident d’avion, et où ils finissent par construire une
société encore plus violente que celle des adultes.

Le tournage de "Kid nation", intervenu en avril et en mai, a réuni 40
enfants âgés de 8 à 15 ans dans l’objectif "de réussir là où les adultes ont
échoué", selon le créateur du programme, Tom Forman.
Mais des révélations ont soulevé des problèmes juridiques et éthiques liés à
l’émission, et remis en question sa diffusion prévue le 19 septembre. Les
autorités du Nouveau Mexique (sud-ouest) où a eu lieu le tournage, seraient
actuellement en train d’enquêter sur une possible infraction au code du
travail après des accusations affirmant que les enfants avaient été
contraints de travailler 14 heures par jour. Un parent s’est également
plaint du fait que sa fille a été brûlée au visage au cours d’un accident
dans une cuisine, et d’autres enfants auraient bu du chlore
accidentellement.
Cependant, Tom Forman a démenti que les enfants aient été maltraités. "Ces
enfants étaient entre de bonnes mains avec des procédures de sécurité qui
sont à la hauteur où dépassent celles de n’importe quelle école ou camp de
vacances dans le pays", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Les enfants "ne travaillaient pas, ils participaient", fixant leurs propres
horaires, a ajouté M. Forman.

Sans parvenir à désamorcer les critiques, les responsables du show ont fait
valoir qu’une équipe de psychologues, d’experts de la nature et du personnel
médical assistaient les enfants.
"Cela a été assez loin", a estimé pour sa part le reporter de télévision
Barry Garron. "Il est temps pour CBS d’arrêter les frais, de demander des
excuses pour cette idée hâtive même si elle était bien intentionnée, et de
la retirer de la programmation".

Les syndicats d’acteurs s’en sont mêlés : "nous sommes choqués des récentes
informations sur l’exploitation des enfants sur le tournage de Kid nation",
a indiqué dans un communiqué la Screen Actors Guild (SGA). "Si les enfants
avaient été engagés sous des contrats de la Guild, ils auraient été
protégés", ajoute la SGA.

Les enfants sur le tournage étaient payés 5.000 dollars chacun, et certains
recevaient des bonus, après avoir gagné des défis. Plusieurs parents
interrogés ont assuré qu’ils ignoraient que leur progéniture pouvait gagner
des "étoiles d’or" d’une valeur de 20.000 dollars.
Dans la polémique, il est aussi reproché aux parents d’avoir signé des
documents désengageant la responsabilité de la production en cas d’"imprévus
pouvant causer de graves blessures, des maladies ou la mort, tels que
noyades, chutes, rencontres d’animaux sauvages, maladies sexuellement
transmissibles, virus du sida ou grossesse".
Une mère a défendu sur CNN son choix de faire participer sa fille : "j’ai
parlé à CBS qui m’a dit que grosso modo cela ressemblait à une colonie de
vacances".
"Il ne s’est rien passé de dangereux pour les enfants. Je n’aurais pas
envoyé ma fille si il y avait eu un quelconque danger", a ajouté cette mère.
Pour Robert Thompson, professeur de culture populaire à l’Université de
Syracuse (New York) "la vraie question est de savoir si, même s’il s’agit
juste d’un reality show sur un camp de vacances, on doit exposer un gamin
de 8 ans sur une chaîne de télévision nationale, connaissant les impacts de
la célébrité télévisuelle sur de si jeunes esprits".

On le voit bien, avec la télé réalité les limites sont loin d’être tangibles
et les valeurs humaines n’ont pas lieu d’être citées. Rien que pour
l’audimat et les recettes publicitaires, des groupes médiatiques puissants
sont d’ores et déjà prêts à nous fourguer des émissions où l’homme est
réduit à une simple image fantasmatique. Nous devons reconnaître que Georges
Orwell ne serait aujourd’hui qu’un piètre visionnaire face aux lubies de ces
lobbies.