À qui appartient le pôle Nord ? La réponse est de plus en plus urgente au fur et à mesure que la banquise fond. Quand le navigateur hollandais Willem Barents s’égare en 1596 au nord de la Norvège en recherchant une route maritime vers la Chine, il n’est pas fou, il cherche simplement le mythique passage du Nord-Est qui fit rêver tous les explorateurs au monde, ce qui permit notamment à l’Autriche de devenir la terre la plus septentrionale jusqu’en 1926, avec la découverte de l’archipel François-Joseph au nord du Spitzberg et de la Nouvelle-Zemble par Julius von Payer et Karl Weyprecht en 1873. Pour Vladimir Poutine, actuel président de la Fédération de Russie et patron présomptif de Gazprom, la question ne fait aucun doute : le pôle est russe, ainsi que cherche à démontrer l’équipe du navire de recherche Akademik Fedorov, en plantant la bannière de la Fédération sur la dorsale Lomonosov, à 4200 mètres sous le pôle Nord. Il s’agit d’un terrain très prometteur sur le plan des ressources énergétiques, seules les réserves du gisement de Chtokman sont évaluées à 3.800 milliards de mètres cubes, a rappelé Sergueï Kouprianov, porte-parole de la société Gazprom, soit plus que ce que les Russes ont exporté vers l’Europe en 30 ans. Pendant ce temps, les Américains sont à la traîne, ils cherchent à obtenir une zone de 600 miles au-delà de l’Alaska, mais il faudrait d’abord que le Congrès ratifie la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer qui régit tous les rapports juridiques sur le plateau continental. On considère que le fond marin de l’Arctique recèlerait 25% des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel. En outre, les eaux de l’Océan glacial Arctique cachent les gisements d’étain, de manganèse, d’or, de nickel, de plomb, de platine et de diamants.