Je n’ai pas lu Harry Potter

Je n'ai pas lu Harry Potter

La saga d’Harry Potter s’achève et pour celles et ceux qui craignent une fin tragique, un tel malheur n’est pas possible. D’abord, qui voudrait tuer la poule aux œufs d’or ? Si Joanne K. Rowling a sans doute envie de passer à autre chose, comme Arthur Conan Doyle en son temps s’est mordu les doigts d’avoir précipité son fameux détective avec son ennemi mortel dans les chutes de Reichenbach, il va sans dire que son éditeur Bloomsbury, comme les fabricants des produits dérivés, l’en auront empêchée. Deuxième raison : les aventures d’Harry Potter sont une quête initiatique, et comme pour tout roman d’apprentissage, la mort ne peut conclure une somme d’efforts consacrés à son accomplissement personnel, ce serait décevant, immoral, indécent. Tous ceux qui ont fait un apprentissage ésotérique vous le diront : la mort n’existe pas, sinon en tant que gué transgressif et douloureux pour accéder à la connaissance. Ainsi l’arcane XIII est-il placé au milieu du jeu de tarot, qui s’achève par un arcane auquel on n’indique pas de numéro, afin d’en signifier l’éternel recommencement. Harry Potter et les Reliques de la Mort n’ont donc pas pour but de mettre à mort l’écolier de Poudlard, mais de donner une autre dimension à l’histoire, de lui faire passer une étape. En revanche, il n’est pas interdit de se poser quelques questions sur la pérennité de la maison Gallimard, qui fait 50% de son chiffre d’affaires avec ce filon britannique. 2008 sera la croisée des chemins pour une entreprise qui ne manque pourtant pas de fonds, puisqu’elle est au 1er rang mondial en nombre de titres parus, mais dans les tréfonds en ce qui concerne l’agressivité commerciale. Assurément, Gallimard n’est pas Poudlard.

Depuis dix ans, le gosse est un vrai phénomène,
Je n’ai jamais compris pourquoi ce gros succès
Et mon souhait n’est pas de lui faire un procès,
Mais aujourd’hui, je vous demande où ça nous mène :

Un orphelin se bat pour vivre et se démène,
Contre un magicien noir qui l’angoisse à l’excès ;
N’a-t-on pas ça aussi dans les romans français ?
Regardez mieux ce qu’on a fait dans ce domaine.

Le roman populaire est dans nos traditions
Et il a tout le temps soulevé les passions,
Mais cette histoire idiote est dans la veine anglaise.

Si le béguin pour un gamin l’est tout autant,
Il ne va pas sortir l’édition de la glaise
Et ces brigands vont la descendre à bout portant.

 

Harry Potter 5